Y a-t-il un art de penser ?
Publié le 09/01/2006
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L’expression « art de penser « désigne un savoir faire particulier quant à l’usage de la raison. Or comme tout savoir faire ce bon usage de la raison s’acquiert par l’exercice, la pratique. De plus parler « d’art de penser « suppose qu’il est possédé par certains mais non par tous car dans ce cas il n’y aurait pas de mérite particulier à le posséder, il n’y aurait pas de savoir faire singulier mais une capacité universelle partagée par tous les hommes. L’expression « art de penser « indique donc une forme d’exception au sens fort ou au sens faible une différence entre ceux qui disposent de cet art et ceux qui n’en disposent pas. Deux problèmes émergent. Le premier concerne la différenciation habituelle entre faire et penser, faire correspondant à la sphère pratique et penser à la sphère intellectuelle, différenciation qui recoupe celle faite entre le savoir faire et le savoir. L’art, comme l’action, vise une finalité mais, à la différence d’elle, il vise la production d’un objet alors que l’action possède sa fin en elle-même. Que pourrait donc produire l’art de penser ? L’art de penser loin d’être à la source d’une production d’objets extérieurs (comme le tableau pour l’artiste ou le lit pour l’artisan) le savoir faire dont il s’agit serait intérieur demeurant dans la sphère du savoir. Comment pouvons-nous rassembler au sein d’une même expression deux notions qui semblent être bien distinctes ? Le deuxième problème concerne la signification de l’art de penser. En effet l’homme est défini comme étant doué de raison et donc ayant la capacité de raisonner, de réfléchir et donc de penser. Chaque homme possède naturellement cette capacité il n’a donc pas besoin de l’acquérir par l’exercice comme le suppose l’art de penser. Pour autant nous utilisons parfois l’expression « ceci est bien pensé « pour désigner la sagacité d’une réflexion, la finesse d’une l’analyse. L’usage de la raison n’est donc pas uniforme il peut différer selon les personnes. Mais alors se pose le problème de l’évaluation, quels critères peuvent être utilisés pour juger la pensée de l’individu ? La pensée de l’individu peut-elle être évaluée dans la mesure où nous n’avons pas accès directement à elle mais toujours par l’intermédiaire de son auteur ?
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