Devoir de Philosophie

L'art peut-il se passer de la passion ?

Publié le 24/02/2004

Extrait du document

La réponse à cette question, et donc la manière de traiter le sujet, dépendent évidemment de la conception que l'on se fait de l'art, notion vague entre toutes, largement subjective, dont le champ est loin d'être clairement délimité: l'un verra de l'art là où l'autre n'en verra pas. Il convient par ailleurs d'examiner de quelle (s) passion (s) l'art ne saurait éventuellement se passer: passion de l'art lui-même (la création artistique serait une passion) ? ou d'autre (s) passion (s) ?

  • [L'art est une production de l'intellect plus que du sentiment.]

L'art est une question de conception, de maîtrise, de froide raison avant d'être l'expression des sentiments ou de la passion.

L'art est une chose mentale L'art est question d'intellect L'art peut être conceptuel

  • [Une oeuvre d'art faite sans passion est froide et ennuyeuse.]

On ne peut pas être un artiste sans passion. Les oeuvres d'art qui n'expriment pas des sentiments intenses, mais qui s'adressent à la seule raison, ne nous touchent pas.

L'art doit représenter les passions L'artiste romantique est passionné L'art est une vocation

« L'art conceptuel est un mouvement du XXe siècle selon lequel l'expression d'une idée, d'un message compteplus que celle du sentiment.

L'intellect prime sur les sens.

L'art conceptuel ne se soucie en apparence plus dusavoir-faire de l'artiste ni même de l'idée qu'une oeuvre doit être « finie » car l'idée prime sur la réalisation.

Denombreux peintres abstraits s'intéressent plus la à rigueur logique (formalisme) qu'à l'expression; c'est le casde Mondrian, Malevitch, Vasarely, Marcel Duchamp, etc.

[Une oeuvre d'art faite sans passion est froide et ennuyeuse.] L'art doit représenter les passions Selon Aristote, la fonction de la tragédie était de représenter lespassions humaines afin d'en «purger» les spectateurs. Le plaisir que procure la tragédie est spécifique.

Aristote le définit ainsi : « [...] la tragédie est l'imitation d'une action de caractère élevé et complète, d'une certaine étendue, dans un langage relevéd'assaisonnements d'une espèce particulière suivant les diversesparties, imitation qui est faite par des personnages en action et non aumoyen d'un récit, et qui, suscitant pitié et crainte, opère la purgationpropre à pareilles émotions. » Assaisonnement du langage désigne la proportion variable de chants et de vers.

L'essence de la tragédieréside dans l'action, non dans le récit, action représentée en un tempslimité.

Le plaisir résulte des émotions ressenties: crainte et pitié.

Toutcela est clair.

Aristote mentionne la cause et les effets. Mais sur le mécanisme de l'opération, peu de détails ! Un seul termeassez inattendu: « purgation », catharsis.

On peut dire aussi « purification ».

Ce mot a donné lieu à maints commentaires.

Chez Aristote lui-même, il est l'objet de plusieurs interprétations.

On croit comprendre qu'il y a un rapport entre l'imitation, la mimésis, et lapurgation, la catharsis: devant un spectacle représentant des actions éprouvantes, je suis enclin à ressentir les mêmes émotions que l'on cherche à provoquer en moi.

Lareprésentation de sentiments violents ou oppressants, par exemple la terreur, l'effroi ou la pitié, bien quemimés et donc fictifs, déclenche dans le public, dans la réalité, des sentiments analogues. Cette réaction est banale dans la vie courante; trop d'événements réels, effrayants ou affligeants, suscitentdes émotions correspondantes, par exemple, de la compassion pour les victimes.

Mais ce phénomène est plussurprenant lorsqu'il s'agit d'un spectacle créé et imaginé de toutes pièces.

Il suppose une identification avecun personnage et non plus avec une personne.

Certes, cette identification a ses limites, car il ne s'agit pasd'imiter, de copier ni de transposer dans la vie réelle les actions qui se déroulent sur la scène.

Et l'on imaginemal un jeune homme, influencé par l' " Œdipe " de Sophocle , décidant de tuer son père, de commettre un inceste avec sa mère et de se crever les yeux. .../... POINT DE CULTURE GENERALE : Œdipe, c'est le héros maudit par essence.

Promis à un destin fatal par l'oracle, telle la Belle au bois dormant à qui une sorcière jette un mauvais sort, l'enfant est retiré à sesparents Laïos, roi de Thèbes, et Jocaste, pour être élevé loin du foyer familial.

Bien sûr, en dépit de toutes lesprécautions, comme pour la princesse du conte, la prédiction se réalise, et sans le savoir Œdipe tueréellement son père biologique et épouse sa mère.

Comprenant sa méprise des années plus tard, alors que lapeste dévaste son royaume, et horrifié de son parricide et de son inceste, le roi se crève les yeux et sebannit du monde.

À ce malheur, s'en est ajouté un autre beaucoup plus tard puisque le pauvre homme a vu lapsychanalyse donner son nom à un complexe, dont l'humanité entière souffrirait.

C'est dire à quel point laculpabilité doit peser sur ses épaules. Mais n'est-ce pas un peu trop réducteur de ne penser à Œdipe qu'en termes freudiens ? C'est oublier en effetla détermination de cet homme qui a voulu échapper à une mauvaise fortune édictée par des instancessupérieures.

C'est oublier l'équité dont ce roi fait preuve dans sa vie et dans l'exercice de ses fonctions.

Eneffet, c'est au nom de la justice qu'il cherche le meurtrier de Laïos, sans savoir encore que ce dernier est sonvrai père.

Et c'est au cours de cette enquête qu'il découvre donc toute la vérité à son sujet.

D'une certaine. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles