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Est-ce le regard du spectateur qui fait l'oeuvre d'art ?

Publié le 11/03/2004

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  • I) C'est le regard du spectateur qui fait l'oeuvre d'art.

a) Nous donnons un sens à ce qui n'en pas. b) Le spectateur est la dupe de lui-même. c) L'oeuvre d'art est une valeur humaine.

  • II) L'oeuvre d'art a une autonomie qui lui est propre.

a) Une réalité objective. b) L'oeuvre d'art a un destin qui lui est propre. c) L'oeuvre d'art fait le spectateur.

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  • Analyse du sujet : Un sujet très classique où le mot sensible est le verbe faire. Qui fait l'œuvre d'art ? Apparemment l'artiste, au sens de la fabrication, de la production. En quel sens alors le regard du spectateur peut-il contribuer à donner la qualité d'œuvre d'art à la production de l'artiste ?
  • Conseils pratiques : Évitez de raisonner de façon trop abstraite. Prenez des exemples précis et concrets que vous connaissez. Appuyez-vous solidement sur votre cours et ne limitez pas votre réflexion aux seuls arts plastiques. (Demandez-vous par exemple ce qu'il en est de l'œuvre musicale.)

« ce que les autres lui trouvent.

C'est bien la preuve que la beauté est dans le regard, non dans l'objet. Je ne suis pas toujours d'accord avec les autres quand il s'agit de juger de la beauté, que ce soit celle d'unêtre humain, d'un paysage ou d'une oeuvre d'art ; on peut même dire sans doute que je ne partage jamaiscomplètement les goûts de quelqu'un : le goût est une marque de ma singularité.

C'est que juger du beau fait appel à ma subjectivité, au domaine intime de mes sentiments ; ne dit-on pascouramment « aimer » pour dire : « trouver beau » ? On pourra bien me donner l'ordre de trouver beau ce queje n'aime pas, jamais on ne m'en convaincra intimement ; seul, je puis savoir ce que je ressens.

Enfin, je juge de la beauté de quelque chose à la lumière de mon expérience personnelle, qui n'est jamais lamême que celle des autres ; ce que j'ai vu et entendu modèle ce que j'apprécie.

Mes souvenirsm'appartiennent et individualisent mon jugement de goût par le prisme de ma culture. Le regard se cultiveDepuis le XIXe siècle, on a abandonné l'idée qu'il puisse y avoir une beauté objective en art.

Les premiersimpressionnistes ont exposé leurs tableaux sous les moqueries de la critique et du public.

Encore aujourd'hui,certains trouvent les oeuvres de Picasso laides.

Et pourtant, lorsqu'on apprend à les regarder, leur beautéapparaît.

Il faut cultiver son regard pour être sensible à certains types de beauté. Une scène banale est belle en peintureune vieille paire de chaussures dans une chambre miséreuse ou une carcasse de boeuf suspendue à uncrochet de boucher sont des objets qui, en eux-mêmes, ne suscitent aucun intérêt.

Pourtant, lorsqu'ils sontpeints sur une toile par Van Gogh ou par Rembrandt, ils deviennent beaux.

C'est bien la preuve que la beautéest dans le regard - dans le cas présent, celui de l'artiste -, non dans l'objet.

[La beauté est une qualité objective que l'on peut définir en termes de proportions, de symétrie.

Un objet est beau en vertu d'une harmonie interne qui fait que tout le monde le trouvera beau.] On peut définir la beautéPour les philosophes grecs, la beauté est une essence, une qualité objective, au même titre que le Bien ou leVrai.

Platon pense qu'elle est la face sensible du Bien.

Les stoïciens définissent la beauté par la symétrie et larégularité.

Quant à Aristote, il considère que la beauté est l'unité dans la variété.

Nos jugements de goût sont contradictoires puisque à la fois nous disons: « c'est beau », et renvoyons le jugement à la subjectivité de chacun.

Et, de fait les jugements sont divers et il semble impossible de lesramener à l'unité.

Mais, considérons les choses de plus près.

Le consensus n'est-il pas étonnant ? Après toutn'y a-t-il pas moins de désaccord sur la grandeur de Sophocle, sur la beauté du ciel étoilé que sur la théoriedu big-bang? Cet accord surprenant des esprits n'est-il pas l'indice de l'objectivité du beau ? Nous pouvonsnous accorder donc que la beauté est quelque chose que nous saisissons dans l'objet. C'est à partir du XVIe sous l'impulsion de la redécouverte de la culture gréco-latine et de l'esthétique grecqueimitée par les Romains et surtout au XVIIe que la question du beau fait l'objet d'un examen particulier, de lapart des artistes et des philosophes.

Il revient donc à l'esthétique de la Renaissance et du XVIle, appeléeclassique, d'avoir dégagé les règles de production du bel objet.

L'inspiration en est platonicienne.

S'inspirantde la théorie platonicienne du beau ( attention: absolument pas de sa critique de l'art bien que celle-ci enraison de son ambiguïté ait permis la réconciliation de l'art et du beau opérée par l'esthétique classique),l'esthétique classique considère le beau comme une réalité qui existe par soi.

Le beau existe et une fleur ouune oeuvre d'art sont belles parce que la beauté est présente en elles.

Elles ne sont pas belles pour nous maisen elles-mêmes.

Elles ne sont pas belles parce que nous les trouvons belles; nous les trouvons belles parcequ'elles sont belles.

Quelles sont alors les propriétés de ce qui est beau? Là encore la conceptionplatonicienne de la beauté inspire la réponse à cette question. 1) La perfection .

Ce qui est beau est ce à quoi il ne manque rien.

Rien de ce qui appartient à sa nature ne lui fait défaut.

De même qu'un cheval avec des oreilles d'âne n'est pas beau, de même une oeuvre inachevée n'est pas belle.

On n'aurait jamais exposé à l'époque des esquisses. 2) L'ordre et l'harmonie .

En effet qu'est-ce qu'un objet parfait ? C'est un objet, qui, étant complet, forme un tout.

Il est l'unité d'une diversité d'éléments.

Mais, pour que cette diversité ne soit pas une purejuxtaposition, il faut un principe d'ordre qui harmonise les éléments, substitue à la juxtaposition d'élémentssans lien ni rapport une interdépendance de ces mêmes éléments.

« Le beau ne consiste que dans l'ordre. »

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