L'art rend-il meilleur ?
Publié le 16/02/2004
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HTML clipboardLes oeuvres d'art rendent-elles l'homme meilleur ? Autrement dit, lui permettent-elles de s'améliorer moralement, puisque «meilleur« renvoie à un vocabulaire d'ordre moral ? Cette question porte sur la capacité qu'a l'art de nous renseigner sur le réel et d'apporter une connaissance liée au bien.
- 1) L'art comme source d'élévation et de perfectionnement moral.
- 2) L'art est amoral. Il ne nous rend pas meilleurs
- 3) Le rôle de l'art dans l'éducation.
«
l'ordre.
L'injustice consiste au contraire dans la subversion de cet ordre, dans la prédominance que l'on accorde àl'âme concupiscible.
C'est une maladie, une perversion, qui remet en cause la totalité de l'individu.
Dans cettetyrannie du supérieur par l'inférieur, l'homme devient esclave des désirs sans frein ; c'est pourquoi il estnécessairement malheureux.
Il devient incapable de jugement, d'honneur, et, au lieu d'être maître de soi, il estsoumis à ce qu'il y a de plus bestial en lui.
Céder aux passions, au désir, rêver d'être tyran est donc en fait rêver d'être impuissant, confondre ce qui estagréable avec ce qui est bon.
Nul ne peut être véritablement maître des autres sans être d'abord maître de soi.
Leprojet d'hommes comme Calliclès est contradictoire : on ne peut à la fois être soumis à ses propres désirs et libre, être maître et serviteur.
Le « Grogias » filait la métaphore des deux tonneaux.
L'homme maître de lui-même, ordonné, est celui qui sait combler ses désirs sans leur céder, accorder au corps ce qu'il faut.
L'homme tyrannique poursuit sans trêve desplaisirs nouveaux, comme on verse du liquide dans un tonneau ; mais ce que ne sait pas cet être de la démesure,ce qu'il ne veut pas voir, c'est que sa conduite déréglée en fait un « tonneau percé ».
Il peut sans fin accumuler lesplaisirs : il ne sera jamais comblé, et s'épuisera en pure perte.
Le dérèglement est donc d'abord une faute de jugement : c'est une incompréhension de ce qu'est le bien véritable,une confusion entre bon & agréable.
Ainsi, il est clair que « Nul n'est méchant volontairement ».
Eclairer les intelligences, c'est ipso facto redresser les conduites.
Mais puisque l'injustice est une maladie de l'âme, une perversion de l'ordre, alors la punition est leremède approprié.
Le châtiment est conçu par Platon comme analogue du médicament.
On accepte la souffrance physique pour se soigner, pour réparer un mal, parce qu'on sait que le traitement enduré est finalement bénéfique.
Ildoit en aller de même pour l'âme : la souffrance endurée, là encore, doit être comprise comme nécessaire au rétablissement d'un équilibre que l'injustice avait compromis.
C'est pourquoi, aussi paradoxale que paraisse la thèse,« il est pire de ne pas être puni que de l'être ».
L'homme injuste impuni est semblable au malade abandonné à son sort.
Platon inaugure la grande tradition de l'ascétisme.
En un sens, toute notre morale est restée imprégnée des thèses platoniciennes, et il n'y a guère que Nietzsche pour avoir reconnu en Calliclès un modèle.
Savoir, c'est devenir meilleur.
Dans le dialogue intitulé Le Banquet, Platon prend un autre exemple : celui de labeauté corporelle.
On commence par aimer un beau corps en particulier, puis le beau en général, et enfin la beautéintelligible dont la connaissance rend meilleur.La beauté est en effet la plus visible des Idées.
C'est pourquoi, plus que toutes les autres, elle assume une fonctionde maïeutique : à son contact, l'âme se souvient du monde intelligible et veut s'élever vers la lumière.
L'art musicalrend ainsi meilleur car il permet l'accès à la vérité d'un monde jusque-là invisible, révèle l'apparence trompeuse dunôtre.
Platon ne sépare pas le vrai, le bien, le beau.
Diotime : « Celui qu'on aura guidé jusqu'ici sur le chemin de l'amour, après avoir contemplé les belles choses dans une gradation régulière, arrivant au terme suprême, verra soudain une beauté d'une nature merveilleuse,beauté éternelle, qui ne connaît ni la naissance ni la mort, qui ne souffre ni accroissement ni diminution, beautéqui n'est point belle par un côté, laide par un autre, belle en un temps, laide en un autre, belle sous un rapport,laide sous un autre, belle en tel lieu, laide en tel autre, belle pour ceux-ci, laide pour ceux-là ; beauté qui nese présentera pas à ses yeux comme un visage, ni comme des mains, ni comme une forme corporelle, ni commeun raisonnement, ni comme une science, [...] la vraie voie de l'amour, qu'on s'y engage de soi-même ou qu'ons'y laisse conduire, c'est de partir des beautés sensibles et de monter sans cesse vers cette beautésurnaturelle en passant comme par échelons d'un beau corps à deux, de deux à tous, puis des beaux corps auxbelles actions, puis des belles actions aux belles sciences, pour aboutir des sciences à cette science qui n'estautre chose que la science de la beauté absolue et pour connaître enfin le beau tel qu'il est en soi.
»
Platon, Le Banquet, trad.
E.
Chambry, Flammarion
Ce que défend ce texte:
Cet extrait du Banquet de Platon s'ouvre sur le discours de Diotime, prêtresse (sans doute imaginaire) deMantinée, qui doit révéler à Socrate les mystères de l'amour.
Le terme « mystère » doit d'ailleurs être pris iciau sens fort car cette scène évoque ce genre d'initiation que les Grecs connaissaient, comme dans lesmystères d'Éleusis par exemple, où les initiés parvenaient finalement à une ultime révélation et contemplationmystique après toute une série d'étapes préparatoires.
Toutefois, malgré le parallèle sur lequel joue Platondans cette scène, il ne s'agit pas ici d'une révélation mystique mais d'un mouvement graduel et philosophique(ou « dialectique ») vers l'Idée du Beau, dans toute sa pureté.
Ce mouvement doit nous révéler qu'à son stadeultime, l'amour aboutit à la contemplation de cette Idée.
L'amoureux est, en définitive, toujours amoureux duBeau absolu, à travers l'attraction qu'il éprouve pour ses incarnations sensibles, que ce soit la beauté descorps, des âmes ou des connaissances, et où il ne perçoit encore que confusément la splendeur de l'Idée quise révèle dans tout son éclat hors de toute participation à la matière.
Ces derniers exemples forment d'ailleursles degrés successifs qui nous rapprochent progressivement de l'Idée pure : « la vraie voie de l'amour [...]c'est de partir des beautés sensibles et de monter sans cesse vers cette beauté surnaturelle en passantcomme par échelons d'un beau corps à deux, de deux à tous, puis des beaux corps aux belles actions, puis des.
»
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