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L'art est il soumis a des règles?

Publié le 02/04/2005

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• Quel questionnement se lie à l'intitulé ainsi compris ? Suffit-il d'être doué pour être artiste ou bien une méthode est-elle requise dans l'accomplissement de la tâche artistique ? Par quel processus la création de l'œuvre s'opère-t-elle ? L'art, œuvre de techniciens usant de règles ou bien pure sensibilité liée à l'inspiration ? Le problème est, en définitive, de savoir si la spontanéité et l'inspiration ou bien Y invention rationnelle constituent l'essence de la création artistique. Création ex nihilo ou mise en forme de la raison ?  • L'enjeu est à la mesure du débat : nous sera ici apporté un gain méthodologique concernant la création artistique, mais aussi l'art comme ensemble de procédés. Ne parle-t-on pas des « règles de l'art «, en un sens très général ?

■    Mots clés •    règles : ce qui est imposé ; ce sont des conventions, des normes, des lois. •    art : La racine indo-européenne ar- exprime l'idée d'arrangement. Artuein et artunein désignent en grec le fait de « mettre de l'ordre «, de « mettre en ordre «, d'« arranger «. On peut distinguer deux sortes d' arrangements : –    les arrangements utilitaires, ceux qu'effectue l'artisan, d'où le terme grec de teknê ; –    les arrangements non utilitaires qui visent une satisfaction supérieure de l'esprit, du goût. En latin, ars signifie « savoir, science « puis « moyen, procédé «. Jusqu'au Moyen Âge, l'artiste et l'artisan sont confondus. Ce n'est qu'au xvir siècle qu'on sépare les techniques utilitaires des beaux-arts, c'est-à- dire l'une production qui ne vise pas l'utilité.

« · La seconde, ensemble des êtres naturels ou artificiels, est seconde, sa réalité est moindre, dans la mesure où elle est imitation de la première.

Les êtres naturels doivent leur existence à un Démiurge qui a façonnéla matière en contemplant le monde des Idées (« Timée » ).

De même le bon artisan fabrique son objet en se réglant sur son Idée.

Ces êtres ont moins de réalité que les Idées puisqu'ils se contentent de les imiter. · La troisième, la plus éloignée de la réalité telle qu'elle est en elle-même, est celle produite par le peintre puisqu'ilimite ce qui est déjà une imitation.

Elle est donc un presque rien, n'a pas plus de réalité que notre reflet dans lemiroir.

Elle est le reflet d'une apparence.

En fait, il n'y a rien à voir. Au nom de la vérité Platon critique l'art.

Les fondements de cette critique sont: la définition de l'art comme imitation, reproduction de la réalité sensible et à la définition de la réalité sensible comme apparence, apparencetrompeuse, apparence du vrai.

Non seulement l'artiste ne produit que des apparences et en accentue la puissancetrompeuse, mais encore il nous attache à ce monde des apparences en produisant des apparences qui plaisent,excitent les sens et l'imagination.

L'art, effet du désir sensible et des passions, les accroît en retour.

L'hommeraisonnable n'y a pas sa place.

L'art, ennemi de la vérité est ennemi de la morale.

On trouve ici la premièrecondamnation morale de l'art et par suite la première justification théorique de la censure artistique dont relèveencore la condamnation des « Fleurs du mal » au milieu du XXe.

Rousseau au XVIIIe, sur ce point fort différent des philosophes des Lumières, reprendra le flambeau de cette critique.

L'art n'élève pas l'âme, bien au contraire.Apparence, il joue le jeu des apparences.

Tout d'abord parce qu'il est, dans la société bourgeoise - société de lacomparaison, du faire-valoir, de l'hypocrisie, de la compétition -, indissociable d'une mise en scène sociale.

On vaau théâtre pour exhiber sa toilette et autres signes extérieurs de richesse, pour se comparer, médire, recueillir lespotins...

Ensuite parce qu'il nous plonge dans un monde fictif où nous pouvons à bon compte nous illusionner surnous-mêmes.

Par exemple nous versons de chaudes larmes en assistant an spectacle des malheurs d'autrui etnous restons froids et impassibles lorsque nous avons l'occasion de lui porter secours.

Mais cependant nous avonspu croire à notre bonté naturelle.

Pour Platon comme pour Rousseau l'art est un divertissement qui nous divertit, nous détourne de nous mêmes. Bien que Platon ne définisse pas l'art par la beauté, il est tout de même possible de nuancer son propos, à partir de la prise en compte de sa conception de la beauté.

Si l'art n'est que simulacre, la beauté existe en elle-même, elleest une Idée et précisément une des plus belles.

Qu'est-ce qu'un beau cheval ? N'est-ce pas un cheval conforme àl'Idée du cheval ou archétype, à l'idée de ce que doit être un cheval sensible pour être pleinement un Cheval.

Uncheval est plus ou moins beau et son degré de beauté est proportionnel à sa conformité au modèle idéal ou Idée.

Est beau ce qui est ce qu'il doit être, laid ce qui ne l'est pas.

Est beau ce qui est parfait.

Comme la perfection n'estpas de ce monde, comme le cheval dans le pré ne sera jamais la copie exacte et sans défaut du modèle maistoujours une imitation imparfaite, la beauté la plus grande, réelle, est celle des Idées.

Est beau ce qui existepleinement et ce qui existe pleinement ce sont les Idées.

La beauté est la perfection ou plénitude de l'Etre.

Lalaideur est l'imperfection, l'incomplétude.

Par conséquent, lorsque le peintre et le sculpteur reproduisent un beaucheval ou un beau corps d'athlète, leur oeuvre, pâle esquisse de la beauté idéale, en est tout de même le reflet.

Lepoète inspiré est sorti de la caverne, a contemplé l'idée du Beau et peut entraîner dans son sillon ses auditeurs.Ainsi le jugement de Platon sur l'art ne peut pas être simple bien qu'il insiste davantage sur la définition de l'art comme simulacre pernicieux. La poiesis, la création, obéissait donc à des règles strictes : la mimèsis – l'imitation – a pour objet la vie humaine.Jusqu'au XVIIe siècle, l'art s'inspirera des canons énoncés par Aristote dans la Poétique : s'il pense que l'art estimitation, il s'oppose à Platon en ne condamnant pas l'activité créatrice – la tragédie, par exemple, par la crainte etla compassion qu'elle fait naître, purifie en quelque sorte l'âme.

La règle des trois unités au théâtre, l'art poétiqueeurent des répercussions sur l'art classique français. Le plaisir que procure la tragédie est spécifique.

Aristote le définit ainsi : « [...] la tragédie est l'imitation d'une action de caractère élevé et complète, d'une certaine étendue, dans un langage relevé d'assaisonnements d'uneespèce particulière suivant les diverses parties, imitation qui est faite par des personnages en action et non aumoyen d'un récit, et qui, suscitant pitié et crainte, opère la purgation propre à pareilles émotions. » Assaisonnement du langage désigne la proportion variable de chants et de vers.

L'essence de la tragédie réside dans l'action, nondans le récit, action représentée en un temps limité.

Le plaisir résulte des émotions ressenties: crainte et pitié.

Tout. »

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