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Arthur SCHOPENHAUER: Homme, animal métaphysique

Publié le 30/03/2005

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schopenhauer
Aucun être, sauf l'homme, ne s'étonne de sa propre existence ; pour tous les autres animaux elle est une chose qui s'entend de soi et qui ne les frappe pas. Dans le calme de leur regard c'est la sagesse même de la nature qui s'exprime ; car chez eux la volonté et l'intelligence ne se sont pas encore assez fortement séparées pour s'étonner mutuellement, quand elles se retrouvent réunies. Ici l'ensemble du phénomène tient encore fermement au tronc primitif d'où il est né, et participe de l'omniscience inconsciente de notre mère commune, la nature. - Ce n'est qu'après que l'essence intime de la nature (l'objectivation de la volonté de vivre) s'est élevée, vaillante et joyeuse, à travers les deux règnes des êtres inconscients, puis ensuite à travers la longue et vaste série des animaux, qu'elle arrive enfin, avec l'apparition de la raison, c'est-à-dire dans l'homme, et pour la première fois, à réfléchir sur elle-même ; elle s'étonne alors de sa propre oeuvre, et se demande ce qu'elle est elle-même. Son étonnement est d'autant plus grave qu'elle se trouve ici pour la première fois, avec conscience, en présence de la mort, et que la condition finie de toute existence, non moins que l'inanité de toute aspiration. s'imposent à elle avec plus ou moins de force. Ce sont ces réflexions et cet étonnement qui donnent naissance à ce besoin métaphysique propre à l'homme exclusivement : celui-ci est donc un « animal métaphysicum ». A la première origine de sa conscience, lui aussi se considère comme quelque chose qui s'entend de soi. Mais cela ne dure pas ; bientôt, dès ses premières réflexions, se manifeste cet étonnement, appelé à faire naître la métaphysique. Arthur SCHOPENHAUER (1788-1860)
- Le texte commence par une mise à l’écart de l’homme par rapport au reste de la nature. Il fait figure d’exception. Beaucoup de philosophes ont réfléchi sur cette particularité de l’homme. Il est vrai qu’il semble assez évident que l’homme se distingue de l’animal et que la différence est énorme, même si certaines recherches scientifiques soulignent les points communs entre les différentes espèces. D’ailleurs remarquons que Schopenhauer emploie l’expression « animal métaphysique «. Certes l’homme est un « animal «, il n’y a pas chez Schopenhauer de nature différente de l’homme. Pour lui, tout ce qui existe a une même origine et provient de la Volonté. Tout a donc une essence identique. Pourtant, le fait d’ajouter l’adjectif « métaphysique « particularise l’homme et l’éloigne de la bestialité. Chez lui apparaît la raison qui permet de réfléchir et de se demander ce qu’il est. La métaphysique est en effet une partie de la philosophie qui s’interroge sur des questions concernant le transcendant( ce qui est séparé de notre monde), sur les principes de notre monde au-delà des sciences particulières. C’est donc un mouvement vers le haut, un regard qui se détache de la terre pour s’élever à l’origine et aux principes.

schopenhauer

« l'étonnement à ses débuts.

Mais il semble qu'avec son développement, inévitablement, naît l'étonnement.Remarquons d'emblée que l'étonnement est considéré comme la base de toute activité philosophique.

Schopenhaueren parle comme du « Père de la métaphysique » et il cite notamment Aristote qui l'un des premières à essayer dedéfinir précisément en quoi consister la science de la métaphysique.

En associant étonnement et philosophie,Schopenhauer définit la posture philosophique.

Il s'agit de retrouver face au monde une vision vierge et de pouvoirs'étonner de toutes les choses les plus ordinaires.

Non pas voir les choses en fonction de ce qu'elles nous apportentmais en ce qu'elles sont véritablement elles-mêmes.

Le philosophe, à travers l'étonnement, essaie de voir les objetspour la première fois.

Le savant, lui, a un champ plus restreint et son étonnement et son attention se porte sur desquestions plus « rares ».

Schopenhauer critique, ici, la science qui ne fait que ramener toutes les choses à ce qu'il ya déjà de connu.

Le philosophe refusait d'ailleurs que la science soit rangée parmi les « vraies » connaissances.Parce que pour lui, toute vraie connaissance naît de l'étonnement désintéressé, qui est libéré du besoin.- L'intellect vise la survie et la conservation et l'homme ordinaire ne s'étonne pas- Schopenhauer développe une théorie de l'intelligence assez rigide.

Selon lui, l'intelligence vient entièrement deprocessus, de matériaux biologiques et est donc innée.

Il explique, par suite, que ce qui nous est donnésubjectivement comme intelligence et conscience prend forme, considéré d'un point de vue objectif, uniquementdans le cerveau.

L'intellect de ce point de vue n'est renvoyé qu'à une partie du corps plus ou moins grande selonl'être en question.

L'intelligence peut certes varier mais dans un cercle très restreint.

Il affirme ainsi dans son œuvreprincipale, La volonté comme volonté et comme représentation , que c'est la taille du cerveau qui conditionne le degré d'intelligence et que le génie se reconnaît au volume supérieur de son cerveau.

Il y a donc dans l'humanitédes différences de degrés et de « quantités » d'intelligence.

Or, plus l'homme semble dépourvu de forcesintellectuelles et moins les choses lui paraissent mystérieuses.

En bref, l'étonnement dépend aussi de la quantitéd'intelligence.

Schopenhauer écrit que « toute chose lui paraît porter en elle-même l'explication de son comment etde son pourquoi .» Or, si cet homme possède une distance créée par la conscience, pourquoi les choses ne luiparaissent pas claires et sans voile ?- Il nous dit à la suite de cette affirmation que la cause réside dans le rapport entre la Volonté et l'intellect.Schopenhauer essaie en effet de réparer une erreur qui selon lui, a régné depuis le début de la philosophie et quiplace en l'homme l'intellect au-dessus de la volonté.

Il est vrai que les philosophes antiques tels Platon et Aristoteont placé l'esprit, le nous, au sommet de la hiérarchie des facultés de l'homme.

Schopenhauer affirme que l'intellecta été sur-estimé.

Le développement de la conscience et de l'intelligence s'est fait à travers l'apparition de nouvelleforme de vie et sous les contraintes mêmes de l'existence.

Les êtres qui apparaissaient avaient des besoinstellement complexes qu'il a fallu que se développement un centre, à partir duquel traiter les informations et cecentre est le cerveau.La Volonté chez Schopenhauer est la base de toute chose et donc de toute vie.

Elle donne naissance au monde àtravers des objectivations différentes et prend chez l'homme la force de la volonté individuelle mais ne s'y réduitpas.

Sous son impulsion, l'homme est condamné à désirer et à vouloir constamment quelque chose.

Or, l'intellect estdans un rapport d'esclave vis-à-vis de la volonté.

Il n'influence aucunement ses choix et ne peut absolument pascontrôler la Volonté.

La complexité de l'être humain fait qu'il ne peut plus assouvir ses besoins à travers de gestespurement instinctifs comme chez l'animal, il doit passer par des motifs.

Dans le texte, Schopenhauer rapprochel'intellect d' « un réservoir de motifs ».

Le motif est une cause, une représentation qui dirige l'action humaine.L'intellect présente donc des motifs, des buts à la Volonté qui les accepte ou les refuse.

De même, l'intellect peutfournir les moyens de satisfaire les buts de la Volonté.

L'intellect est alors de la même nature que tout autre organe,au même titre que le cœur ou chez d'autres animaux, le bec et les griffes.

Il agit pour la conservation de la Volonté.L'homme ne peut se contenter d'attendre sa nourriture et les éléments nécessaires à sa survie, surtout si onconsidère avec toute une tradition philosophique qu'il est le plus dépourvu des animaux dans la nature.Dès lors, dès que l'intellect donne des représentations du monde en fonction des besoins, il est au même niveau quela nature, il est encore dans le règne de la Volonté et il ne peut s'étonner.

L'homme normal regarde les chosessimplement quand elles ont un rapport avec lui et qu'elles peuvent lui servir.

Dans ce cas-là, ils ne peuvent jamaisvoir quelque chose de surprenant.

Ils n'aperçoivent qu'un aspect spécifiques de l'objet.

Les choses sont tellesqu'elles sont juste parce qu'il en a besoin.

En restant dans cette logique de conservation de soi et d'utilité, on nepeut véritablement s'étonner ? Quelles conditions sont nécessaires à cette posture ? L'étonnement philosophique nécessite un grande intelligence et la considération des misères del'existence- Or, nous venons de voir que l'étonnement n'allait pas de soi.

L'attitude normal semble être insuffisante à permettreà l'homme de s'étonner.

Schopenhauer marque ici une différence entre les gens non philosophes et ceux qui le sont.Il dénigre l'attitude naturelle, vis-à-vis du monde.

Il reconnaît en effet que la distance nécessaire à la claireconscience, qui sépare l'homme et le monde est soumise aux forces intellectuelles.

Il écrit : « l'étonnementphilosophique, qui résulte du sentiment de cette dualité, suppose dans l'individu un degré supérieur d'intelligence.

»La dualité de l'homme et de la nature, nécessaire à toute philosophie n'est pas atteignable par tout le monde etsemble réservée à une élite.

Ses propos ont de quoi révolter.

Ne peut-on pas affirmer que la philosophie et le génieont plus à voir avec le travail et la répétition que le don de facultés exceptionnelles et d'un gros cerveau ? C'est entout cas la voie que privilégiera son disciple Nietzsche, qui ne croit pas en l'existence de génie plus intelligents.

Ilpréfère le travail patient et le déploiement de forces et d'énergies.

Cependant, essayons de les comprendre.Schopenhauer, nous l'avons vu, place l'intellect sous la domination de la volonté, mais il précise quand les forces de. »

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