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Qu'attendons-nous d'une oeuvre d'art ?

Publié le 03/01/2005

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  I.    L'oeuvre d'art, moyen de fins multiples pour le spectateur ?     a.    Le spectateur attend d'une oeuvre d'art la réalisation de fins éducatives   Une réponse longtemps donnée à la question « qu'attendons-nous d'une oeuvre d'art ? » a été de faire d'une oeuvre d'art un instrument éducatif. Employant le terme « éducation » nous l'entendons dans son sens le plus large : celui qui consiste à faire de l'éducation le moyen de transmettre des savoirs, aussi bien que des savoirs faire et des savoir être (soit, le comportement attendu par les autres hommes lorsque nous sommes en société). En effet, remontant à la pensée Aristotélicienne telle qu'elle s'exprime dans « la Poétique », l'art est un moyen de connaître les objets représentés, il nous donne accès à une compréhension du général, et non pas seulement du particulier (comme c'est le cas avec le discours de l'historien, par exemple). Le spectateur peut donc attendre d'une oeuvre d'art qu'elle lui fasse connaître ce qu'elle représente. Mais l'oeuvre d'art peut également être considérée comme le moyen de fins morales : tel est le cas dans l'esthétique classique (celle du dix-septième siècle) et par exemple dans la pensée d'un auteur comme Charles Perrault. C'est ainsi que chez Perrault, dans la préface à ses Contes en vers et en prose, nous trouvons cette métaphore alimentaire qui explique la capacité d'une oeuvre d'art à délivrer un message éducatif, d'autant mieux assimilé par l'enfant que celui-ci est d'abord plus attentif à l'histoire qui lui est contée : « N'est-il pas louable à des pères et à des mères, lorsque leurs Enfants ne sont pas encore capables de goûter les vérités solides et dénuées de tous agréments, de les leur faire aimer, et si cela se peut dire, les leur faire avaler, en les enveloppant dans des récits agréables et proportionnés à la faiblesse de leur âge ».

Lorsque nous attendons quelque chose d’une autre, nous en faisons le moyen de réaliser des fins qui nous sont propres, nous la considérons comme la condition nécessaire, sinon suffisante, pour réussir les buts que nous nous sommes assignés. En posant la question « qu’attendons-nous d’une œuvre d’art ? « nous pouvons être submergés par la multiplicité des réponses qu’elle accepte. En effet, on peut attendre d’une œuvre d’art qu’elle soit simplement agréable à regarder, ou bien que sa contemplation nous divertisse de nos préoccupations ; mais nous pouvons également la considérer comme un moyen de délivrer un message éducatif, ou une connaissance de l’objet ou de l’être représenté. En vérité, les finalités que l’on peut attribuer à l’art lui-même, et les buts que nous pouvons chercher à réaliser par le moyen d’une œuvre d’art, sont proprement innombrables. Un moyen pour nous y retrouver dans cette pluralité de finalités que nous visons à travers une œuvre d’art, est sans doute de nous interroger sur l’élément en apparence le moins problématique du sujet : le pronom personnel « nous «. En effet, pour savoir ce que nous attendons d’une œuvre d’art, il est nécessaire d’identifier ce « nous «. Connaissant le sujet de l’attente, nous n’en comprendrons que mieux ce qu’il désire atteindre au moyen de l’art. Dans la Généalogie de la Morale (Deuxième dissertation, « Que signifient les idéaux ascétiques ? «, septième paragraphe) Nietzsche distingue clairement entre le « spectateur « et « l’artiste «. Le premier est l’amateur des œuvres d’art dont il n’est pas le producteur ; le second est la cause efficiente des œuvres d’art, qui sont le produit de son agir et l’expression de son intériorité. Nous reprendrons la distinction Nietzschéenne en nous demandant quels sont les buts recherchés par les spectateurs et les artistes au moyen d’une œuvre d’art.

 

 

 

« Demande d'échange de corrigé de Boncier Camille ( [email protected] ). Sujet déposé : Qu'attend on de l'art ? Nous traiterons le sujet en limitant l'art aux beaux-arts.

Nous ne considérerons ainsi ni l'artisanat, ni l'art rituel. I) Nous attendons d'une oeuvre d'art la satisfaction du désir Désir : prise de conscience d'un manque, dont la satisfaction procure du plaisir.

Le stoïcisme nous invite à disciplinernos désirs si on veut atteindre le bonheur. a- Le spectateur attend d'une oeuvre d'art qu'elle échappe à ses attentes + expérience du beau- Jauss : notion de l' « écart esthétique »: il existe une distanciation entre l'attente du spectateur vis-à-vis del'oeuvre et l'oeuvre elle-même.

Ainsi, nous pouvons dire que le spectateur attend d'une oeuvre d'art qu'ellerenouvelle son horizon d'attente artistique, qu'elle échappe à son attente, c'est-à-dire qu'elle se distingue de laproduction contemporaine ou antérieure qui avait formé le goût du spectateur -modifiant ainsi ce que lesgénérations suivantes attendront d'une oeuvre, etc... b- L'artiste attend de son oeuvre l'expérience du bonheurL'oeuvre en création est source de bonheur, ainsi que l'effort de remémoration pour la produire. c- L'artiste attend de son oeuvre qu'elle le fasse échapper au devenir, à l'énantiodromieA la différence d'une production d'ordre naturel ou d'un objet artificiel destiné à la consommation, qui sontessentiellement périssables, une oeuvre d'art est une production durable qui ouvre l'homme à une dimensiond'intemporalité (Hegel): « Les événements arrivent, mais aussitôt arrivés, ils s'évanouissent; l'oeuvre d'art leurconfère de la durée, les représente dans leur vérité impérissable.

L'intérêt humain, la valeur spirituelle d'unévénement, d'un caractère individuel, d'une action, dans leur évolution et leurs aboutissements, sont saisis parl'oeuvre d'art qui les fait ressortir d'une façon plus pure et plus transparente que dans la réalité ordinaire.

»).Bien entendu, il n'est pas question de nier le caractère matériel de l'oeuvre d'art qui s'adresse à notre sensibilité : untableau consiste d'abord en une contemplation de couleurs et un ensemble de formes qui s'adressent à notre vue;une musique est une suite harmonieuse de sons à laquelle notre sens auditif est réceptif.

Mais à la différence de lanourriture que je mange et qui se trouve détruite dans l'acte par lequel je l'assimile, la musique que j'écoute ou letableau que je contemple demeurent tels qu'ils ont été créés.

La « réception » que j'en fais ne les modifie en rien :un tableau ne peut être dégradé à cause du regard que je porte sur lui. TR: - Le beau est l'objet, selon Kant (Critique de la faculté de juger), d'une « satisfaction désintéressée.

» Cetteformule nous invite à distinguer l'émotion esthétique de la sensualité naturelle.

La « nature morte » qui donneraitenvie de manger, le « nu » qui réveillerait le désir sexuel perdraient leur qualité d'oeuvres d'art.

Bien loin de servird'aliments à nos désirs charnels, les oeuvres d'arts, objets d'une contemplation désintéressée, nous délivrent dudésir.- L'art ne peut pas satisfaire le désir (considerare : contempler un astre, desiderare : regretter son absence),puisque, selon Platon, le désir renvoie soit à une expérience passée, il réclame la résurrection d'un bonheur disparu(tout désir peut être ainsi interprété comme la quête d'un paradis devenu inaccessible), soit postule l'existence d'unautre monde que le monde réel : le monde intelligible selon Platon (monde idéal des essences simples et éternelles),le royaume de l'imaginaire et des fantasmes selon Freud.=> C'est-ce à quoi aspire l'art, sans pouvoir y parvenir.

Toute oeuvre est périssable par l'action du temps. II) Le spectateur peut attendre de l'art un renouvellement de sa perception du monde a- L'art transforme le rapport d'immédiateté que nous avons à la réalité quotidienne.

Lorsqu'une oeuvre d'art (unroman, un film...) nous plaît, on dit qu'elle nous captive.

Si l'on se trouve encaptivité, c'est que, tout comme leprisonnier, nous sommes arrachés à la réalité, au monde extérieur.

On perd la notion du temps et de l'espace pourêtre comme transportés dans la dimension propre de l'oeuvre : on ne lit pas Madame Bovary, on est Emma Bovary.L'oeuvre d'art parvient à suspendre l'attention que nous portons habituellement au monde qui nous entoure, pour. »

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