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Autrui: fin ou moyen ?

Publié le 27/02/2004

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Mais il manifeste aussi une grande propension à se détacher (s'isoler), car il trouve en même temps en lui le caractère d'insociabilité qui le pousse à vouloir tout diriger dans son sens ; et de, ce fait, il s'attend à rencontrer des résistances de tous côtés, de même qu'il se sait par lui-même enclin à résister aux autres. C'est cette résistance qui éveille toutes les forces de l'homme, le porte à surmonter son inclination à la paresse, et, sous l'impulsion de l'ambition, de l'instinct de domination ou de cupidité, à se frayer une place parmi ses compagnons qu'il supporte de mauvais gré, mais dont il ne peut se passer. L'homme a alors parcouru les premiers pas, qui de la grossièreté le mènent à la culture dont le fondement véritable est la valeur sociale de l'homme [...] . Sans ces qualités d'insociabilité, peu sympathiques certes par elles-mêmes, source de la résistance que chacun doit nécessairement rencontrer à ses prétentions égoïstes, tous les talents resteraient à jamais enfouis en germes, au milieu d'une existence de bergers d'Arcadie, dans une concorde, une satisfaction et un amour mutuel parfaits ; les hommes, doux comme des agneaux qu'ils font paître, ne donneraient à l'existence plus de valeur que n'en a leur troupeau domestique [...]. Remercions donc la nature pour cette humeur non conciliante pour la vanité rivalisant dans l'envie, pour l'appétit insatiable de possession ou même de domination. Sans cela toutes les dispositions naturelles excellentes de l'humanité seraient étouffées dans un éternel sommeil. » Kant. Lévinas : le visage de l'homme, une fin en soi * Pour Lévinas, autrui est une fin en soi et son visage un sens à lui tout seul. L'expérience fondamentale de chaque être humain est cette expérience du face-à-face, du visage. Pour Lévinas, l'autre est, par son visage, celui contre qui je peux tout et à qui je dois tout.

« milieu d'une existence de bergers d'Arcadie, dans une concorde, une satisfaction et un amour mutuel parfaits ; leshommes, doux comme des agneaux qu'ils font paître, ne donneraient à l'existence plus de valeur que n'en a leurtroupeau domestique […].

Remercions donc la nature pour cette humeur non conciliante pour la vanité rivalisantdans l'envie, pour l'appétit insatiable de possession ou même de domination.

Sans cela toutes les dispositionsnaturelles excellentes de l'humanité seraient étouffées dans un éternel sommeil.

» Kant. Lévinas : le visage de l'homme, une fin en soi Pour Lévinas, l'éthique est la « voie royale vers l'absolument autre » (Préface).

En effet, le désir d'infini n'est pas undésir au sens habituel et négatif de manque mais une expérience sans retour possible de soi vers l'autre, du familiervers l'étranger.

Car « l'absolument autre, c'est autrui » (Rupture de la totalité), autrui n'est donc pas la négation demoi-même, ce qui impliquerait encore une relation d'identité, mais il est positivement « l'absolument autre ».

Autruime révèle le sens de l'éthique comme « rapport non allergique du Même et de l'Autre » (L'Être comme bonté).L'éthique trouvant son sens premier dans la relation de face à face, elle présuppose une ouverture à « l'absolumentautre » que seul le visage d'autrui permet d'entrevoir.

L'éthique est bien originellement une « optique » mais sansimage, car la vision est encore une totalisation.

Or le visage empêche le regard de se fixer, il nous tourne vers unau-delà, un ailleurs ; il figure « l'infiniment autre » qu'on ne parviendra jamais à totaliser.

Le visage d'autrui se donneà voir comme « révélation » de l'Autre dans sa nudité et sa fragilité.

Il m'appelle alors à la responsabilité infiniedevant lui. • Pour Lévinas, autrui est une fin en soi et son visage un sens à lui tout seul.

L'expérience fondamentale de chaqueêtre humain est cette expérience du face-à-face, du visage.

Pour Lévinas, l'autre est, par son visage, celui contrequi je peux tout et à qui je dois tout.

Ma relation au visage d'autrui est « d'emblée éthique ».• Le visage est ce qu'il y a de plus exposé en nous, de plus menacé, il est ce qui peut inciter à la violence, il estdénuement ; en même temps, il est ce qui nous interdit de tuer, il est commandement. « Je pense plutôt que l'accès au visage est d'emblée éthique.

C'est lorsque vous voyez un nez, des yeux, un front,un menton, et que vous pouvez les décrire, que vous vous tournez vers autrui comme vers un objet.

La meilleuremanière de rencontrer autrui, c'est de ne pas même remarquer la couleur de ses yeux ! Quand on observe la couleurdes yeux, on n'est pas en relation sociale avec autrui.

La relation avec le visage peut certes être dominée par laperception, mais ce qui est spécifiquement visage, c'est ce qui ne s'y réduit pas.Il y a d'abord la droiture même du visage, son expression droite, sans défense.

La peau du visage est celle qui restela plus nue, la plus dénuée.

La plus nue, bien que d'une nudité décente.

La plus dénuée aussi: il y a dans le visageune pauvreté essentielle.

La preuve en est qu'on essaie de masquer cette pauvreté en se donnant des poses, unecontenance.

Le visage est exposé, menacé, comme nous invitant à un acte de violence.

En même temps le visageest ce qui nous interdit de tuer.

» Lévinas, « Ethique et infini ». Lévinas commence par opposer perception d'un objet et rencontre authentique d'autrui.

Quand je pose l'autrecomme objet, je le projette sur une surface d'objectivité : il m'apparaît comme un tableau à décrire, une surface àobserver et détailler, son unité éclate en autant de petits objets à commenter (les éléments du visage sont eux-mêmes réductibles à des unités plus petites.

Ce rapport est un rapport théorique qui ne me donne pas véritablementautrui : dans un processus de connaissance, ma conscience s'assimile l'objet plutôt qu'elle ne s'ouvre à l'altérité dudonné.

En posant autrui comme objet, je reste seul.La saisie véritable d'autrui (celle qui me fait vraiment sortir de moi et rencontrer une dimension irréductible auxsimples données de l'expérience) ne donne pas une richesse d ‘éléments à décrire mais présente une pauvreté.L'autre se présente simultanément comme sans défense et invitation au respect : en effet, la possibilité physique detuer autrui se donne en même temps que l'impossibilité morale d'accomplir cet acte.

Autrui nous est livré dans unedimension éthique comme celui que je n'ai pas le droit de tuer.. »

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