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Autrui est-il un objet ou ce par quoi je deviens objet ?

Publié le 09/07/2004

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- Le but qu'on se propose d'atteindre (cf. un objectif).Le problème de la reconnaissance d'autrui comme alter ego ne requiert peut-être, pour devenir accessible et soluble, que l'analyse minutieuse de ce phénomène élémentaire : la simple perception d'autrui, tour à tour corps vivant apparaissant dans mon champ de vision et regard extérieur pesant sur moi.Autrui peut-il être perçu comme un autre moi ?Husserl renouvelle le geste cartésien consistant à faire de la conscience de soi de l'ego le point de départ de la philosophie. Mais Husserl estime que le phénomène de l'incarnation permet mieux que tout autre d'expliquer que le moi puisse transférer à autrui ce sens d'ego qui lui est apparu avec la prise de conscience de sa propre existence. Car enfin, pour que je puisse conférer à autrui le statut d'alter ego, il faut d'abord que j'aie constitué en moi et pour moi le sens d' ego. Or si, par un effort de réflexion, je fais abstraction de tout ce qui m'est étranger, il ne restera de cette opération d'abstraction, en tant que « sphère « de ce qui m'est absolument propre, que mon corps : cette chair vivante que je meus, avec laquelle je perçois, et qui sert de pôle de référence par rapport auquel tous les corps physiques (les réalités matérielles perçues) se situent dans l'espace. Cependant ces corps ne sont pas tous perçus de la même façon : certains sont en chacune de leurs manifestations l'expression d'une vie psychique. Les gestes d'autrui, les mouvements de son corps, se donnent comme autant d'indices de l'existence en lui d'une vie de conscience analogue à la mienne.

Autrui n'est pas moi. Or ce qui n'est pas moi est d'abord considéré comme un objet ? Autrui serait-il alors un simple objet comme les autres ? Comment parvenons-nous à distinguer autrui d'un objet ?

« vois-je de cette fenêtre, sinon des chapeaux et manteaux, qui peuvent couvrir des spectres ou des hommes feintsqui ne se remuent que par ressorts? Mais je juge que ce sont de vrais hommes et ainsi je comprends, par la seulepuissance de juger qui réside en mon esprit, ce que je croyais voir dans mes yeux.

» Une autre personne que moi est une présence sur laquelle, comme sur un objet, je peux agir.

L'actiontransformatrice ne cesse pas avec ou devant la personne.

Le nourrisson est transporté ; le grabataire véhiculé ; lemalade transféré d'un service à un autre.

Le corps de l'autre est lui aussi le lieu de transformations : lesvaccinations, les circoncisions, les excisions, les amputations, les interventions chirurgicales manifestent ce rapporttechnique à la personne objectivée. Autrui est enfin un objet en cela qu'elle me résiste.

Je ne passe pas à travers sa présence ; je dois la contournercomme je contourne un objet : une table, un lit.

Elle me résiste de tout son poids et de toutes ses forces : dans lecorps à corps, le boxeur doit résister à la puissance physique de l'adversaire.

Mais la personne résiste encore detout le poids de sa volonté, de sa capacité à me dire : "non" et devant qui je dois me plier aussi bien que devant lerocher qui se dresse sur mon chemin. Mais une personne résiste autrement qu'une chose ; cette résistance n'est pas la résistance passive de l'inertie, dupoids mort et insignifiant de l'objet.

Sa présence a une autre signification que celle de la masse de l'objet devantmoi. — L'attitude la plus spontanée à l'égard d'un autre que moi ne semble pas être celle du respect.

Bien plutôt de laconcurrence, sinon du conflit, et ce aussi bien sur un plan individuel que collectif.

Nous considérons d'emblée l'autrecomme un objet dont il faut se rendre maître.— Qu'est-ce en effet que l'autre? Radicalement: le non-moi, qui prouve non seulement que je ne suis pas seul, mais,plus gravement, que ma version de l'humanité peut à tout moment être contestée par une version différente.

À cetitre, l'autre peut m'inquiéter, m'amener à une attitude de méfiance, sinon d'hostilité.

Selon Freud, nous considéronstoujours les autres en fonction du rôle qu'ils jouent pour nous.

Un modèle, c'est un individu que l'on imite,consciemment ou pas.

Je ne peux voir dans autrui que l'objet de mon désir ou de ma frustration.

Je peux aussi leconsidérer par rapport à une activité commune, des buts partagés.

On voit que dans ces diverses situations, nousconsidérons les autres non pour ce qu'ils sont en eux-mêmes, mais pour ce qu'ils représentent pour nous.

On peut yvoir la source des malentendus, voire le signe de l'impossibilité d'une communication authentique.— Vérification par des exemples de contacts entre cultures différentes: les conflits y sont plus fréquents que lesrelations pacifiques ou cordiales.— Tant que je perçois la présence de l'autre comme une agression potentielle, je ne le respecte pas (tout au pluspuis-je le craindre).

Cf.

le racisme, la xénophobie, etc. SARTRE a thématisé ces conflits à l'égard d'autrui sous la thématique du regard par lequel je tente d'objectaliser, deréifier (= transformer en chose, en objet) l'autrui. Pour lui, III.

Autrui, comme un autre moi-même. Autrui n'est pas simplement celui qui est autre que moi mais l'autre comme autre moi (alter ego) et corrélatif du moi.Le désir est orientation vers autrui car il exige une différence qui permettrait de se construire.

Le désir nous orientedonc vers autrui qu'il fait apparaître comme ce qui peut nous reconnaître : seule une autre conscience de soi peut nous reconnaître en nous plaçant au foyer de la conscience.

Autrui semble seul capable de nous désirer ; parce qu'ilest différent ; l'imagination le présente comme capable de combler ce manque, essence du désir.

Le désir porte surle désir d'autrui et sur ce qu'autrui désire.

Car l'être humain ne peut pas vivre seul, il se définit par l'intersubjectivité.Ainsi je ne peux pas me définir seul, c'est seulement dans une comparaison qu'une définition est possible.

Dès lors, ilest évident qu'autrui entre dans le champ de ma propre subjectivité.

Je le désire donc avant tout parce que jedésire me connaître.

"Or, autrui serait devant moi un en-soi et cependant il existerait pour soi, il exigerait de moipour être perçu une opération contradictoire, puisque je devrais à la fois le distinguer de moi-même, donc le situerdans le monde des objets ; et le penser comme conscience, c'est-à-dire comme cette sorte d'être sans dehors etsans parties auquel je n'ai accès que parce qu'il est moi et parce que celui qui pense et celui qui est pensé seconfondent en lui.

Il n'y a donc pas de place pour autrui et pour la pluralité des consciences de la pensée. »

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