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Autrui peut-il être perçu comme un autre moi ?

Publié le 25/01/2004

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Le problème de la reconnaissance d'autrui comme alter ego ne requiert peut-être, pour devenir accessible et soluble, que l'analyse minutieuse de ce phénomène élémentaire : la simple perception d'autrui, tour à tour corps vivant apparaissant dans mon champ de vision et regard extérieur pesant sur moi.Autrui peut-il être perçu comme un autre moi ?Husserl renouvelle le geste cartésien consistant à faire de la conscience de soi de l'ego le point de départ de la philosophie. Mais Husserl estime que le phénomène de l'incarnation permet mieux que tout autre d'expliquer que le moi puisse transférer à autrui ce sens d'ego qui lui est apparu avec la prise de conscience de sa propre existence. Car enfin, pour que je puisse conférer à autrui le statut d'alter ego, il faut d'abord que j'aie constitué en moi et pour moi le sens d' ego. Or si, par un effort de réflexion, je fais abstraction de tout ce qui m'est étranger, il ne restera de cette opération d'abstraction, en tant que « sphère » de ce qui m'est absolument propre, que mon corps : cette chair vivante que je meus, avec laquelle je perçois, et qui sert de pôle de référence par rapport auquel tous les corps physiques (les réalités matérielles perçues) se situent dans l'espace. Cependant ces corps ne sont pas tous perçus de la même façon : certains sont en chacune de leurs manifestations l'expression d'une vie psychique. Les gestes d'autrui, les mouvements de son corps, se donnent comme autant d'indices de l'existence en lui d'une vie de conscience analogue à la mienne. Parce que ce corps-là, du fait de la similitude entre son comportement et celui de ma propre chair, est appréhendé comme une autre chair, la signification d'ego est transférée de mon corps à cet autre corps. Pour autant, ce qui est directement donné à la perception, en original, n'est pas « autrui » comme tel.

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