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Autrui représente-t-il une menace pour le sujet ?

Publié le 22/01/2004

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Mais ces actions suffisent-elles pour autant à nous définir ? Le moi est-il bien ce qui se manifeste à travers elles, ou est-il caché par elles ? Que reste-t-il alors de l'individualité de chacun, sinon une histoire fabriquée par une conscience ? Qu'est-ce que le sujet, l'individu ? Peut-on réellement définir ce qui ne change pas, ce qui reste immuable dans un être, au-delà de toutes les modifications que le temps et les circonstances ont apportées ? Ces modifications ne constituent-elles pas de surcroît cet être dans son existence actuelle ?Sommes-nous un être isolé, ou faisons-nous partie d'un tout? Est-ce la conscience qui, restant la même, permettrait de définir cette identité, ou bien est-elle aussi soumise au monde et à l'histoire ? Deux conceptions s'affichent, l'une qui fait de la conscience un guide, un prescripteur faisant écho aux exigences sociales, l'autre qui la conçoit comme une instance critique, soucieuse avant tout de liberté.   ARTRE: Je viens de faire un geste maladroit ou vulgaire : ce geste colle à moi, je ne le juge ni ne le blâme, je le vis simplement, je le réalise sur le mode du pour-soi.

Autrui est le terme par lequel un sujet désigne un sujet qui n'est pas lui. Selon le philosophe Levinas, "autrui en tant qu'autrui n'est pas seulement un alter ego. Il est ce que moi je ne suis pas." En effet, autrui est à la fois semblable au sujet qui le désigne et différent de lui, car il n’est pas lui. Cette altérité absolue d’autrui constitue-t-elle une menace pour le sujet ? Quel danger peut représenter la présence d’un être supposé identique au sujet et pourtant expérimentalement incomparable ?

Cette interrogation soulève de multiples enjeux : un enjeu logique interrogeant la possibilité d’une coexistence possible entre un sujet et autrui, un enjeu anthropologique questionnant la relation du sujet à autrui, un enjeu épistémique relatif à notre connaissance d’autrui.

« civile, qui introduit la vie en communauté.

Dans cet état, « chacun est en guerre contre chacun », selonl'expression de Hobbes dans le Léviathan .

En effet, si les conditions nécessaires à la subsistance humaine (nourriture, espace, protection) sont rares, autrui constitue un obstacle pour le sujet, et une entrave à sa survie.Autrui, puisqu'en tant que semblable, de même espèce, recherche les mêmes biens que le sujet, représente unemenace car il est susceptible de lui voler ces biens.

Le sujet considère donc autrui comme un ennemi à éliminer.

Sicet état de nature n'est qu'une fiction, il n'en reste pas moins que l'esprit de concurrence entre les être humainsperdure toujours, et que autrui, parce qu'il désire les mêmes biens que le sujet, menace le sujet de les lui dérober(par les moyens illégaux du vol ou de l'escroquerie, ou plus légitimement par la supériorité de son statut social,professionnel ou familial, et de ses qualités physiques ou intellectuelles.) - Pour Sartre, le conflit est le fondement constitutif de la relation à autrui.

Chaque conscience est une liberté quicherche à devenir absolue et à détruire la liberté d'autrui en le reléguant au statut de chose passive.

Lesurgissement d'autrui est donc toujours une violence pour le sujet, selon Sartre.

Autrui est une menace constante,car il menace le caractère unique et absolu du sujet.

La présence d'autrui décentre le monde dans lequel se trouvaitle sujet seul, et end à lui « voler le monde ».

En outre, le regard d'autrui saisi le sujet et le fige.

Le sujet, en laprésence d'autrui, n'est plus une liberté pure, mais est « chosifié » par autrui, qui le considère comme un objet. S'il y a un Autre, quel qu'il soit, où qu'il soit, quels que soient ses rapports avec moi, sans même qu'il agisse autrement sur moi que parle pur surgissement de son être, j'ai un dehors, j'ai une nature ; machute originelle c'est l'existence de l'autre ; et la honte est - comme lafierté- l'appréhension de moi-même comme nature, encore que cettenature même m'échappe et soit inconnaissable comme telle.

Ce n'estpas, à proprement parler, que je me sente perdre ma liberté pourdevenir une chose, mais elle est là-bas, hors de ma liberté vécue,comme un attribut donné de cet être que je suis pour l'autre.

Je saisisle regard de l'autre au sein même de mon acte, comme solidification etaliénation de mes propres possibilités.

SARTRE Introduction Dans ce texte de L'Etre et le Néant, Sartre envisage les rapports du sujet avec autrui, et plus précisément les conséquences de l'existenced'autrui pour la liberté qui définit le sujet.

Dans L'Etre et le Neant, Sartrepense les rapports d'un sujet avec autrui sur le mode de la lutte, du conflit,dans la lignée de Hegel, mais alors que pour ce dernier l'affrontement avecautrui aboutit à la construction de ma conscience, pour Sartre, il s'agit d'unconflit indépassable qui consiste dans le fait qu'autrui aliène ma liberté.

Lesrapports avec autrui sont alors pensés à partir des expériences révélatricesque sont la honte et la rencontre du regard d'autrui.

Dans ce texte, le problème que pose Sartre tient àl'impossibilité, face à autrui, d'être perçu comme un sujet : en effet, autrui se présente à moi comme un sujet, quine peut être un sujet, c'est-à-dire constitué par une liberté, que s'il me réduit au statut d'objet.

Faut-il dire alorsque l'existence autrui fait de moi une chose, et m'empêche d'exister à part entière ? Que signifie l'affirmation selonlaquelle autrui fait de moi une nature, et comment vivons-nous alors notre liberté à travers cette nature, sous leregard d'autrui ? 1° Autrui, par son existence même, m'objective Le texte indique d'emblée qu'il s'agit de penser les conséquences, sur mon être, de l'existence même d'autrui, et non de situations particulières liées à ce que serait autrui ou à une action d'autrui sur moi.

C'est par le fait mêmed'apparaître face à moi qu'autrui me constitue comme un dehors, comme une nature.

Ceci signifie qu'autrui medépouille de mon statut de sujet, ce qui est illustré par l'expression « chute originelle ».

Les relations à autrui sontcaractérisées par un conflit, une lutte entre deux libertés : en effet, comme autrui et moi-même sommes tous deuxdes sujets libres et voulant être reconnus comme tels, chacun cherche à se présenter à l'autre comme sujet qui faitde l'autre un objet.

Autrui m'apparaît donc comme un sujet qui fait de moi un objet, c'est-à-dire une nature, un êtrequi se caractérise non pas par sa liberté interne, mais par ce qu'il est au-dehors.

L'expérience de la honte ou de lafierté consiste à me saisir moi-même devant autrui, comme si je me voyais du dehors, par le regard d'autrui, c'est-à-dire comme un objet.

Je ressens alors que la situation m'échappe car autrui fait de moi une nature qui ne peutagir librement sur le monde, qui est déterminée par ce qu'elle donne à voir à l'autre.

Si autrui n'existait pas, nous neressentirions jamais la honte. 2° Autrui me dépossède de moi-même Non seulement autrui me constitue comme une nature, c'est-à-dire comme une réalité objective, mais il m'aliène car cette nature est constituée par l'image qu'autrui se fait de moi.

Autrui ne me perçoit pas comme je meperçois moi-même, le jugement qu'il porte sur moi est pour lui ce que je suis.

Je ne peux donc pas savoir ce que jesuis pour autrui, face à autrui, je ne sais plus qui je suis.

Etre face à autrui revient donc à être dépossédé de monêtre, en devenant le jugement qu'autrui porte sur moi.

En effet, ce que je suis pour moi et ce que je suis pour autruine correspondent pas au même être.

Lorsque je m'appréhende moi-même, hors du regard d'autrui, je ne m'apparaispas à moi-même comme une nature possédant telles et telles caractéristiques : seul autrui, seul un regard extérieur. »

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