Devoir de Philosophie

Avoir tous les droits, est-ce être libre ?

Publié le 26/01/2005

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       - Si les devoirs peuvent représenter une contrainte, il reste que l'on se soumet librement à la loi. Cette dernière est en effet écrite non seulement pour protéger les hommes (on peut penser à relire la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen) mais aussi pour construire un certain type d'homme : le citoyen. Dans cette mesure, c'est « l'obéissance à la loi qu'on s'est fixée [qui] est liberté » affirme Rousseau. En effet, la loi est avant tout un texte qui permet de réguler la vie en communauté et justement d'abandonner le statut dans lequel l'homme se trouve lorsqu'il est sans loi -alors c'est l'individu le plus rusé qui peut prendre l'ascendant sur autrui. L'action humaine se doit d'être réglée, et la loi est écrite pour cela, pour permettre à l'homme de vivre en société. L'agir s'inscrit donc nécessairement dans un cadre de droits et de devoirs, et, si liberté il y a, elle ne peut s'appliquer qu'aux deux.    - Descartes affirme une position claire dans ses Méditations Métaphysiques (la quatrième plus précisément). Selon lui, la liberté n'est pas celle de tous les droits. Elle représente la volonté (infinie en l'homme) mise à l'épreuve de la réalité. Pour le philosophe français, elle doit d'abord signifier l'acte accompli en toute connaissance de cause et assumé.

« que par « une autre [ chose] ».

D'un côté la liberté, de l'autre la contrainte.Dans le texte de Spinoza, il est bien clair que la nécessité, loin de s'opposer à la liberté, est du côté de la liberté,qu'elle est un élément de la définition de la liberté.

Ce qui conduit à mieux expliciter la notion.D'une part, la liberté s'oppose à la contrainte.

D'autre part la liberté, au sens spinoziste, se distingue du libre arbitre(« je ne situe pas la liberté dans un libre décret »).

Lorsque traditionnellement, antérieurement à Spinoza, on opposeliberté et nécessité, c'est qu'on entend alors par liberté la notion de libre arbitre.Ce n'est nullement le cas de Spinoza, puisque, bien au contraire, une grande partie de sa démarche consiste à aiderses lecteurs à se séparer de l'illusion du libre arbitre.

Ici, dans la lettre à Schuller, il s'agit d'un simple rappel deposition, d'un simple rappel de doctrine.

Et l'on peut d'ailleurs, sans beaucoup se tromper, supposer que Schullerconnaît bien cette doctrine, qu'il a lu des textes de Spinoza (même si certains, comme le Traité théologico-politique,sont parus anonymement), ou peut-être même qu'il a reçu de Spinoza des « bonnes pages » de l'Ethique (qui estcertes une oeuvre posthume, mais à laquelle Spinoza travaille depuis 1661, et qu'il a fait lire — tout au moins,partiellement — à certains de ses amis).D'où l'aspect si resserré du texte, si condensé et abstrait.

Mais on ne peut manquer de rappeler ici, pour le moinsl'appendice à la partie I de l'Ethique où Spinoza dénonce l'illusion finaliste et la croyance au libre arbitre.

« Leshommes se croient libres [parce qu'ils] ignorent les causes qui les disposent à désirer et à vouloir.

» 2.

La notion de liberté, comme autonomie, c'est-à-dire nécessité interne (« nécessité de sa nature ») est l'occasionpour Spinoza d'aborder la notion de Dieu.Car on devine l'objection possible que le lecteur (en l'occurrence G.

H.

Schuller) peut se faire — et faire à Spinoza.A peu près de la manière suivante : acceptons la définition d'une chose comme libre si elle existe « par la seulenécessité de sa nature ».

Mais accepter cette définition,ce n'est pas reconnaître qu'une telle chose libre soit.

Il n'ya peut-être nulle part une telle chose « qui existe et agisse par la seule nécessité de sa nature ».Comme s'il pressentait cette objection, Spinoza « présente » cette chose libre : Dieu.

En rappelant sa définition,comme on la trouve, par exemple, dans l'Éthique : « Il existe nécessairement ; il est unique ; il est et il agit par laseule nécessité de sa nature » (appendice à la partie I) ou encore dans la proposition 17 (où joue la distinctiond'avec la contrainte) : « Dieu agit d'après les seules lois de sa nature et sans être contraint par personne.

»Et Spinoza redouble (« de même encore ») son exposé.

Tout d'abord, Dieu existe librement ; ensuite, Dieu connaîtlibrement, en rendant identique l'essence de l'Être (l'existence de Dieu) et la connaissance absolue (la connaissancequi est celle de Dieu).Sans avoir à développer la relation entre essence et connaissance, ce qu'il est important de voir ici, c'est que, àchaque fois, Spinoza pose l'identité de la liberté et de la nécessité.

Est libre Dieu, qui, comme « causa sui », commesa propre cause, est nécessaire de lui-même.

Est connaissance libre, c'est-à-dire absolue et non relative, laconnaissance nécessaire.

A tel point que Spinoza va jusqu'à rapprocher les deux termes en parlant de « librenécessité ».

Notion de nécessité qui s'applique à Dieu (Dieu est auto-nécessité, comme « cause de lui-même ») etqui s'oppose à la fantaisie d'un « décret » dont il serait peut-être l'auteur, mais dont il n'aurait à rendre compte qu'àlui-même. II.

Néanmoins le droit est humain, il définit le citoyen.

Aussi, l'homme se soumet-il librement à la loi, qui lui confère le statut civique. - Si les devoirs peuvent représenter une contrainte, il reste que l'on se soumet librement à la loi.

Cette dernière est en effet écrite non seulement pour protéger les hommes (on peut penser à relire la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ) mais aussi pour construire un certain type d'homme : le citoyen.

Dans cette mesure, c'est « l'obéissance à la loi qu'on s'est fixée [qui] est liberté » affirme Rousseau.

En effet, la loi est avant tout un textequi permet de réguler la vie en communauté et justement d'abandonner le statut dans lequel l'homme se trouvelorsqu'il est sans loi -alors c'est l'individu le plus rusé qui peut prendre l'ascendant sur autrui.

L'action humaine sedoit d'être réglée, et la loi est écrite pour cela, pour permettre à l'homme de vivre en société.

L'agir s'inscrit doncnécessairement dans un cadre de droits et de devoirs, et, si liberté il y a, elle ne peut s'appliquer qu'aux deux.. »

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