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Avons-nous naturellement la notion du bien et du mal?

Publié le 20/02/2004

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Cette thèse est exprimée dans la conclusion de la Critique de la raison pratique, avec cette formule célèbre : « Deux choses remplissent le coeur d'une admiration [...] : le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi. » Grâce à cette loi morale qu'il porte en lui, l'homme le plus simple sait où est son devoir. Il n'y a qu'à se demander s'il peut vouloir que le principe subjectif de son action (autrement dit la maxime de son action) devienne une loi universelle (c'est-à-dire une loi aussi bien pour lui-même que pour tous les autres hommes). + En suivant ma conscience morale, j'accomplis ma nature et ma libertéAffirmer qu'il y a en tout homme une disposition innée au bien, que celle-ci soit le fait du sentiment ou de la raison, permet d'expliquer le caractère d'obligation de la conscience morale. Si je reconnais l'autorité de ma conscience morale, c'est bien parce qu'en la suivant je vis en accord avec ma nature. La conscience morale est donc ce dynamisme ou élan qui me fait viser l'accomplissement de ma nature. Et lorsque je n'écoute pas ma conscience et lui désobéis, je vais à l'encontre de ma véritable nature. D'où le remords qui est encore une manière de reconnaître l'autorité de cette conscience. CITATIONS: « La conscience morale n'est pas quelque chose que l'on soit susceptible d'acquérir, et il n'y a pas de devoir ordonnant de se procurer cette conscience; mais tout homme, en tant qu'être moral, possède en lui, originairement, une telle conscience.

« + Rousseau prétend que l'homme a un sentiment inné du bien Rousseau: "Conscience ! Conscience ! Juge infaillible du bien et du mal" Cette formule de Rousseau, que l'on peut lire dans l'Emile, aborde la question de la conscience dans sa dimensionmorale.

En effet, si comme nous l'avons montré dans l'analyse de la citation de Pascal, la conscience signifie ausens premier « accompagné de savoir », elle prend également un sens moral, et les expressions que nous venonsd'évoquer montrent qu'elle apparaît comme ce sentiment qui pourrait nous permettre de distinguer le bien du mal.Tel est le sens de la formule de Rousseau puisqu'il la qualifie de « juge infaillible ». Ainsi, la conscience morale serait ce sentiment moral inné que tout homme possèderait.

Il suffit alors d'écouter « lavoix de sa conscience » pour savoir qu'on a mal agi, ou, pour bien juger, de juger « en son âme et conscience ».

Sion peut alors définir l'homme par la conscience, c'est donc aussi en tant qu'être moral ou, en tout cas, en tantqu'être pour qui la question morale se pose.

Pourtant, faire reposer la morale sur un sentiment n'est pas sans poserproblème.

En effet, n'est-il pas possible de faire le mal en toute bonne conscience ? Comment dans ces conditions Rousseau peut-il soutenir l'infaillibilité de ce sentiment ? Parce qu'un sentiment animele cœur des hommes et caractérise l'humanité : la pitié, sentiment qui le conduit à souffrir au spectacle de lasouffrance de l'autre.

Pourtant, de nombreux événements dans la vie courante et dans l'histoire nous montrent quece sentiment n'est pas toujours présent chez les hommes.

En effet, si on affirme que l'homme est animé par cesentiment, que sa conscience le guide, comment, une fois encore, comprendre la barbarie, la violence, la cruautédont les hommes peuvent être capables ? L'argumentation de Rousseau est double :- si les hommes sont capables de cruauté, c'est parce que la société les a pervertis en faisant naître le vice, lacomparaison et la rivalité ;- l'existence de ce sentiment est avérée par la réalité.

En effet, si la morale ne reposait que sur la raison, cela feraitbien longtemps que l'humanité aurait disparu.Transition La passion, c'est ce qui est de l'ordre du besoin et des sens.

La raison, avec ses subtilités, ne conduit le plussouvent qu'aux sophismes et à l'erreur.

Seul le sentiment, qui est de l'ordre du coeur, délivre un message clair.

LaProfession de foi du vicaire savoyard (Émile) développe largement ce thème, en identifiant la conscience avec ceprincipe inné de justice et de vertu qui est en nous - conscience qui nous permet de juger nos actions et cellesd'autrui comme bonnes ou mauvaises.

« Je n'ai qu'à me consulter sur ce que je veux faire : tout ce que je sens êtrebien est bien ; tout ce que je sens être mal est mal.

Le meilleur de tous les casuistes est la conscience » (Émile,livre IV). Cette idée maîtresse recouvre bien des ambiguïtés.

On peut l'interprétercomme une condamnation radicale de toute société qui dépravant l'homme lerendrait malheureux.

Et ce sera la postérité romantique de Rousseau quiexaltera l'individu incompris.

Le Werther de Goethe appartient à cette lignée.Mais pour Rousseau, il ne faut pas l'entendre dans un sens aussi radical.

LaSociété n'est pas corruptrice par essence, mais seulement un certain type desociété.

A vrai dire, toutes celles qui reposent sur l'affirmation de l'inégaliténaturelle des hommes, oppriment l'immense majorité au profit d'une minoritéde privilégiés de la naissance et de la fortune.

Si en effet, on examineattentivement les inégalités entre les hommes, seules celles de leurspossessions matérielles qui, par des mécanismes comme l'héritage, sontprovoquées par le type d'organisation de la société, sont indéniables.

Maisc'est un sophisme, ou à tout le moins un jugement précipité de conclure quede telles inégalités ont pour origine des différences de nature.

Si l'on dépouillepar la pensée l'homme de tout ce qui chez lui relève du social, et donc duhasard, c'est bien l'égalité qui nous frappera : l'habileté de l'un peutcompenser la force de l'autre.

Rousseau reprend ici l'affirmation de l'égaliténaturelle proclamée par les penseurs de l'école du droit naturel.

L'homme de lanature, c'est donc la nature de l'homme.• L'homme diffère essentiellement des autres êtres naturels et en particulierde l'animal par sa perfectibilité.

Ce qu'il est naturellement en puissance nepeut s'actualiser que dans la vie en commun.

Ce n'est que parce qu'il vit en société que l'homme peut devenir moral, substituer dans sa conduite la justice à l'instinct.

Il est donc le produit del'homme, aussi bien par son éducation que par le système de législation.

Et le problème fondamental sera dès lors detrouver une forme de société dans laquelle l'homme puisse préserver sa liberté naturelle et assurer sa sécurité. + Tout homme sait où est son devoir L'idée qu'il y a en l'homme une disposition innée au bien se retrouve chez Kant.

Mais ce dernier affirme que cettedisposition n'est pas de l'ordre du sentiment mais de la raison.

Cette thèse est exprimée dans la conclusion de laCritique de la raison pratique, avec cette formule célèbre : « Deux choses remplissent le coeur d'une admiration [...]: le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi.

» Grâce à cette loi morale qu'il porte en lui, l'homme le plussimple sait où est son devoir.

Il n'y a qu'à se demander s'il peut vouloir que le principe subjectif de son action(autrement dit la maxime de son action) devienne une loi universelle (c'est-à-dire une loi aussi bien pour lui-même. »

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