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Le beau n'est-il qu'apparence ?

Publié le 05/03/2004

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Lorsque l'on dit d'une chose ou d'une personne qu'elle est belle, on juge en général l'aspect extérieur de cet être. Les critères de beauté sont relatifs au plaisir pris à la vue de l'objet, et plus l'on prend de plaisir à le contempler, plus on affirme sa beauté. Le beau semble d'abord lié au seul paraître, dans le cas d'une belle femme ou d'un beau château, par exemple. Pourtant, la qualification de beau ne s'attribue pas qu'aux êtres visibles, et l'on parle par exemple d'un beau discours, d'une belle chanson, et même d'un bel esprit pour qualifier une personne intelligente. Beau serait ainsi un critère d'excellence qui pourrait s'appliquer à tout objet susceptible d'évaluation. On peut alors se demander si le beau est une qualité inhérente aux objets, qui les détermine profondément, ou au contraire s'il n'est qu'un jugement relatif à à la manière dont les objets nous apparaissent. Le beau n'est-il qu'apparence ?

« Il n'y a pas d'idée du beau.

On ne doit pas se demander ce qu'est le beau, mais ce qu'est une belle chose.

En effet, la beauté n'existe pas indépendamment de l'objet qui flatte nossens. On ne peut pas penser le beau en soiSocrate établit une distinction qu'Hippias ne saisit pas.

Il y a une grande différence entre se demander «quellechose est belle», et «qu'est-ce que le beau».

Selon Hippias, il suffit d'évoquer l'image d'une belle vierge pour définirla beauté.

Il n'y a pas, à ses yeux, à se demander s'il existe une beauté «par quoi toutes les choses sont belles». La beauté est chose très relativeSocrate plonge Hippias dans l'embarras en lui demandant si l'on peut parler d'une belle marmite.

Il admettra qu'il y ades choses plus belles que d'autres, tout en se montrant incapable de dire pourquoi, «le plus beau des singes estlaid en comparaison de l'espèce humaine» et «la plus belle marmite est laide en comparaison de la race des vierges.»[Id.) Est beau ce qui est utile et agréableHippias, après avoir dit qu'est beau ce qui est le plus avantageux, le plus noble, après avoir parlé de la richesse, deshonneurs, de la santé, pour définir ce qu'il pense être une belle existence, en viendra à penser que le beau, c'est cequi est non seulement utile, mais aussi ce qui procure du plaisir à nos sens.

Le problème est de savoir pourquoi l'onpeut également parler de belles lois? Il en va du beau comme du bien et de la justice, existe en tant que principe, en tant qu'essence.

Tenter de le définir ne consiste pas à donner des exemples de choses quel'on qualifie de belles. Hippias ne cesse de se contredireParce qu'Hippias ne se fonde que sur des exemples, parce qu'il est incapable de comprendre ce que Socraterecherche, à savoir une définition du beau ayant une portée universelle, il se retrouve constamment dans uneposition très inconfortable.

Ainsi, si le beau est ce qui procure du plaisir, pourquoi ne dit-on pas qu'il est beau deboire lorsqu'on a soif? La philosophie est quête de la véritéHippias majeur est sans doute, de tous les dialogues écrits par Platon, celui qui fait le mieux comprendre ce qu'est laphilosophie.

Toutes les pseudo-définitions que donne Hippias de la beauté ne sont vraies que partiellement.

Or, enphilosophie, il s'agit d'éclairer telle ou telle réalité, non pas sous un seul angle, mais sous tous les angles possibles. L'apparence révèle l'essenceAinsi que le dit Socrate, c'est nécessairement par «l'effet d'une essence» que les choses que nous disons être bellesnous apparaissent comme telles.

Voilà ce que ne parvient pas à comprendre Hippias, lui qui, tout au long dudialogue, reste au niveau de l'opinion, c'est-à-dire d'un jugement qui ne dépasse pas un niveau de réflexionimmédiate et spontanée.

Hippias majeur conduit à une aporie, c'est-à-dire que le dialogue ne se conclut pas.

Cette œuvre, dans laquelle Platon fait preuve d'une redoutable maîtrise de l'ironie, où il peut se montrer aussicaustique que comique, introduit une autre de ses oeuvres, Le Banquet, où la question du beau sera reprise, cettefois-ci en partant d'interrogations sur l'amour.

Hippias majeur est la plus belle initiation à l'art de philosopher.

Cedialogue fait très facilement comprendre la différence qu'il y a entre bavarder, échanger des opinions, etvéritablement penser.

Si Hippias est ridiculisé, c'est précisément parce qu'il ne cesse d'énoncer des «véritéséternelles» que la perspicacité de Socrate déboute avec une incroyable aisance.

La leçon de cette oeuvre peut êtrela suivante: à la liberté d'opinion, il faut préférer la liberté de se soumettre aux lois de la raison.. »

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