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Le beau est-il toujours surprenant ?

Publié le 08/04/2004

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Cette oeuvre illustre fort bien la théorie, en gros husserlienne, selon laquelle l'objet esthétique ne s'accomplit vraiment, le temps d'un regard ou d'une audition, que dans la perception qu'elle sollicite. Si elle est précaire, inachevée, ouverte, c'est pour mieux requérir la perception active d'un spectateur qui doit être un peu un exécutant, presque un virtuose, autant qu'un juge. Et en effet, si le public a d'abord été - est encore souvent - déconcerté par cette négation scandaleuse de l'oeuvre, il en est venu à l'admettre et à l'attendre : il veut entrer dans le jeu, il veut être de la fête. La fête : c'est bien l'un des pôles qui aimante l'art contemporain et sa contestation de l'oeuvre. Avec l'art cinétique, avec la musique stochastique, avec certains films d'animation, l'oeuvre devient événement. Sans doute l'était-elle déjà, en un sens, dans les arts temporels, là où l'objet esthétique ne s'accomplit que le temps d'une exécution. Mais les oeuvres plastiques semblent aussi renoncer à la substantialité et à la pérennité de l'objet pour ne durer que le temps d'une expansion «, d'une scintillation, d'un jeu ; cela est même vrai de l'objet architectural, lorsque l'habitat peut être indéfiniment modifié au gré de l'occupant. L'artiste rêve d'inscrire cet événement dans la vie quotidienne, pour y introduire de la fantaisie et du bonheur : la fête, certains disent la révolution. Et sans doute la notion de fête est-elle ambiguë : cérémonie - le premier des arts, disait Alain - ou orgie ? Apollon ou Dionysos ?

Découvrant pour la première fois la beauté d'un paysage, par exemple d'une côté rocheuse ou d'un massif montagneux, la réaction la plus habituelle d'un individu est sans doute de rester muet, d'admiration ou de stupéfaction, comme il pourra le dire lui même. C'est que ce qu'il a devant lui le surprend plus ou moins violemment, lui "coupe le souffle", parce qu'il ne "s'attendait pas à ça". La première visite d'un musée, si l'on parvient à en retrouver l'ambiance, produit peut-être le même effet: les oeuvres que l'on y découvre surprennent, on n'avait pas prévu de telles rencontres avec différents univers; il y a là en quelques sortes, trop de formes, trop de couleurs, trop de maîtrise, trop parfois, de beauté évidente... Ces premières impressions sont-elles destinées à se répéter, ou à disparaître? le beau est-il toujours surprenant?

« Définition des termes du sujet: TOUJOURS : à tout moment, à toute époque ; éternellement, perpétuellement. BEAU - BEAUTÉ (adj.

et n.

m.) 1.

— Norme permettant le jugement esthétique ; cf.

valeur.

2.

— Sens concret : objet du jugement esthétique ; ce qui provoque une émotion esthétique par l'harmonie des formes, l'équilibre desproportions.

3.

— (Par ext.) Ce qui suscite une idée de noblesse, de supériorité morale (un beau geste).

4.

— Pour KANT, le jugement de goût ne détermine pas son objet en le pensant sous un concept universel, puisqu'il porte toujours sur un cas particulier ; c'est un jugement réfléchissant dont l'universalité réside dans l'accord des sujets ;c'est pourquoi le beau est défini comme « ce qui plaît universellement sans concept » ; « la beauté est la forme de la finalité d'un objet en tant qu'elle est perçue en lui sans représentation d'une fin.

» [Introduction] Découvrant pour la première fois la beauté d'un paysage, par exemple d'une côte rocheuse ou d'un massifmontagneux, la réaction la plus habituelle d'un individu est sans doute de rester muet, d'admiration ou destupéfaction, comme il pourra le dire lui-même.

C'est que ce qu'il a devant lui le surprend plus ou moins violemment,lui « coupe le souffle », parce qu'il ne « s'attendait pas à ça ».

La première visite d'un musée, si l'on parvient à enretrouver l'ambiance, produit peut-être le même effet : les oeuvres que l'on y découvre surprennent, on n'avait pasprévu de telles rencontres avec différents univers ; il y a là, en quelque sorte, trop de formes, trop de couleurs,trop de maîtrise, trop, parfois, de beauté évidente...

Ces premières impressions sont-elles destinées à se répéter, ouà disparaître ? Le beau est-il toujours surprenant ? [I.

La surprise dans la nature] [A.

Le sublime]Dans sa Critique de la faculté de juger, Kant distingue deux niveaux dansl'expérience esthétique : il y a le beau, mais il y a aussi le sublime.

Et sansdoute ce dernier peut-il être sans difficulté qualifié de « surprenant », puisqueKant souligne qu'il a toujours quelque chose de « rabrouant », unedisproportion qui renvoie le spectateur à sa propre petitesse ou impuissance.Si le sublime « mathématique » (celui des pyramides d'Égypte par exemple)est bien perçu comme relevant de l'activité humaine, il nous confronte à unequestion en quelque sorte technique : « Comment sont-ils parvenus à faire ça? ».

Mais c'est peut-être le sublime « dynamique » qui se rencontre dans lanature (gorge entre des montagnes, raz-de-marée), qui paraît le plussurprenant, parce que la puissance dont il montre les résultats nous paraîttotalement hors de notre portée (il est vrai que, selon Kant, elle trouve sasource en Dieu lui-même). [B.

Le beau naturel]Le beau dans la nature est évidemment moins impressionnant que le sublime ;il est en quelque sorte plus à notre échelle.

Toutefois, il reste surprenant, neserait-ce que parce qu'il se distingue du reste de la nature, qui n'est pasbelle.

Ce qui surprend, c'est que tel arbre semble beau, alors que ses voisinsne le sont pas : il s'en différencie par sa hauteur, l'épaisseur de son feuillage,sa forme, toutes qualités qui donnent l'impression qu'en lui se réalise plustotalement ce que devrait être un arbre.

De même, un beau cheval est perçucomme le modèle possible de son espèce.

D'où la réaction fréquente, devant un beau paysage ou un bel animal :cela mériterait d'être pris en photo, comme pour en fixer l'apparence (et même si l'on ne se rend pas immédiatementcompte qu'il s'agirait alors de transférer cette apparence dans ce que Pierre Bourdieu nomme un « art moyen »). [C.

La beauté naturelle est-elle première ou seconde ?]On peut se demander si le beau est perçu dans la nature de manière spontanée, ou s'il ne se révèle au contrairequ'en fonction de références culturelles, si floues ou implicites puissent-elles être.

Pour les sociétés « primitives », lanature n'est certainement pas « belle » : elle est bien plutôt un espace à parcourir, où l'on chasse et l'on travaille,éventuellement marqué par la mythologie ou la religion, et dont certains lieux sont en conséquence plus « sacrés »que d'autres.

Hegel, en faisant remarquer que le chant d'un rossignol nous charme parce qu'il semble évoquer dessentiments humains, suggère que la beauté naturelle n'existe qu'en fonction de l'esprit humain lui-même.

Et il estpossible de penser que c'est bien la culture qui nous apprend progressivement à voir la nature autrement et à ydéceler une sorte de beauté : qualifier un paysage de « pittoresque », c'est indiquer qu'il mériterait d'être peint,mais cela suppose aussi qu'on l'apprécie parce qu'on a déjà vu des tableaux auxquels il ressemble. [II.

Le beau artistique] [A.

Les « surprises » de l'art moderne]Déjà Baudelaire affirmait : « Le beau est toujours bizarre.

Seul le bizarre est beau » : dans la modernité artistique, lasurprise est en quelque sorte programmée dans la production même du beau.

Et il suffit de penser que l'art moderne. »

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