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Bel-Ami de Maupassant - Lecture analytique - p.47 à 49 : Il montait lentement les marches... pleine d'arbustes, comme une serre

Publié le 16/11/2011

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De plus, les libertés données à la presse et à l'expression de soi vont dans le sens d'une plus grande démocratisation du pays. Paradoxalement, le journal La Vie Française en est la déplorable illustration puisqu'il y règne une atmosphère de chantage, de mensonge et d'intérêts privés prédominants. On apprend que la presse s'associe au pouvoir politique en place et que le monde de la finance repose aussi sur certaines stratégies et collaborations douteuses. De là naît sans doute la déception de toute une génération, pleine d'espoirs déçus. Ce qui devait servir les intérêts publics du pays reposera entre les mains de quelques hommes d'affaires (M.Walter) uniquement préoccupés par leur profit individuel. Cette attitude antipatriotique aboutira à un krach boursier retentissant et une grave crise économique. Ce que dénonce Maupassant dans ce roman à travers le personnage de Duroy, type de l'arriviste, individualiste et opportuniste, est la décadence et la décomposition d'un régime politique dominé désormais par l'économie, la spéculation bancaire et le désir d'expansion coloniale, qui fait la place belle aux plus ambitieux, aux fourbes et aux égoïstes, mais détourne l'État de son rôle de protecteur du bien et des intérêts publics. 

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« le décrivent en mouvement.

Sa démarche physique est ascensionnelle, il part du rez-de-chaussée pour se rendre au troisième étage.

Les variations de sa cadence sont mises envaleur grâce à l'emploi de certains adverbes de manière ou d'intensité, comme l'indiquent lesverbes ou expressions suivants : "Il montait lentement" (l.1), "il se mit à monter fort vite"(l.19/20), "il ralentit" (l.21), "il s'arrêta" (l.

25) et enfin "il s'avança" (l.37).D'autre part, comme c'est souvent le cas dans les récits réalistes, le point de vue adopté parle narrateur est interne.

L'action se déroule donc à travers le regard de Duroy qui en est leprincipal témoin et acteur.

Les verbes de perception sont donc récurrents dans ce passage,tels que "il aperçut" (l.2), "s'apercevant" (l.10), "se regardant" (l.13).Enfin, la large palette des émotions de Duroy ainsi que leur alternance est exprimée de façonextrêmement précise par Maupassant, ce qui contribue à donner plus de crédibilité aupersonnage et à l'inscrire avec davantage de force dans une réalité faite de déséquilibre etde fluctuations ( = changements) émotionnels, sans en idéaliser la représentation ( ≠Romantisme).

Duroy ressent d'abord de la crainte, de l'appréhension, comme en témoignnentcertains symptômes physiques (l.1 : "le coeur battant", "l'esprit anxieux") car c'est lapremière fois qu'il va se trouver en présence d'individus appartenant à la haute bourgeoisie,lui, le fils de paysans normands.

Puis, son angoisse fait place au contentement lorsqu'il sedécouvre fière allure devant le grand miroir (l.5/6 : "Un élan de joie le fit tressaillir tant il sejugea mieux qu'il n'aurait cru").

Mais, de nouveau la "peur d'être surpris" (l.19) en train de sejouer la comédie de la galanterie le tenaille avant de laisser place à un sentiment de"confiance immodérée en lui-même" (l.22/23).

Pourtant, sa motivation et son enthousiasmeface à la vie ne seront que de courte durée car "il se troubla de nouveau" (l.30), "perdant sonaplomb" (l.36) à son entrée chez les Forestier.Le sentiment de peur qui ouvre et clos le passage, est le plus permanent (par opposition auxémotions qui sont moins profondes et plus superficielles).

Il témoigne ici de l'insécurité deDuroy face à son apparence physique qui pourrait trahir son origine sociale et lui donner, enraison de son aspect décalé et inapproprié, une allure "grotesque" et ridicule.

Il craint unehumiliation publique au milieu de cette caste bourgeoise où le respect de la modevestimentaire et du bon goût sont de mise.

Mais c'est aussi la peur de se confronter à sonvrai défi : gravir les échelons de la hiérarchie sociale, entrer dans le monde parisien et enfaire partie, qui le hante ici. 3.

Un arriviste narcissiqueDuroy a foi en lui-même, en son "désir d'arriver" (l.24).

Cette grande confiance en lui reposeavant tout sur la conscience qu'il a acquise de sa beauté physique qui exerce sur les femmesun charme particulier.

Ce charme est à prendre au sens premier du terme, c'est-à-dire qu'ilexerce un pouvoir d'attraction presque magique sur elles, qu'il les "ensorcelle".

La phraseprononcée au discours indirect libre ("Certes, il réussirait avec cette figure-là", l.23) rendcompte de cette certitude profonde.Mais c'est son amour narcissique qui prédomine dans ce passage.

L'accumulation des verbespronominaux tels que "se contempler" (l.7), "s'étudia" (l.15), "se sourit" (l.15), "se regarderpasser" (l.22) témoigne de cette haute estime et de cette admiration qu'il ressent à pour lui-même en regardant son reflet dans la glace.

Tel Narcisse qui se découvrit pour la premièrefois reflété dans l'eau d'une mare, il s'aima intensément.Cet amour-propre tourne au cabotinage (cabotin = personne qui cherche à se faire valoir pardes manières affectées ; mauvais acteur) lorsqu'il se comporte comme "font les acteurs pourapprendre leurs rôles" (l.

15) et qu'il interprète face au miroir quelques sentiments, afin dese persuader qu'il peut jouer la comédie sociale.

"Il...

fit des gestes...

exprima l'étonnement,le plaisir, l'approbation" (l.16), autant d'expressions hypocrites destinées à séduire un publicessentiellement féminin.

L'attention portée à son sourire ou l'intention donnée par sonregard annonce l'être sensuel qui apporte à la converstation la volupté d'une conquêteérotique.

Car Duroy a compris que ce sont les femmes qui lui donneraient accès au succès etqu'il doit donc "se montrer galant auprès des dames" (l.17/18).

La binarité du rythmesyntaxique (4 syllabes / 4 syllabes) ajoutée au pronom personnel "on" généralisant ("on lesadmire, on les désire", l.17) souligne, grâce à cet équilibre et cette homogénéité del'expression, qu'il possède déjà une méthode solide et expérimentée en matière de séductionféminine. II Fonction symbolique du portrait de Duroy. »

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