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Bergson: Conscience, animal et liberté

Publié le 27/02/2008

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bergson
Je crois que tous les êtres vivants, plantes et animaux, la [la conscience] possèdent en droit ; mais beaucoup d'entre eux y renoncent en fait, - bien des animaux d'abord, surtout parmi ceux qui vivent en parasites sur d'autres organismes et qui n'ont pas besoin de se déplacer pour trouver leur nourriture, puis la plupart des végétaux : ceux-ci ne sont-ils pas, comme on l'a dit, parasites de la terre ? Il me paraît donc vraisemblable que la conscience, originellement immanente à tout ce qui vit, s'endort là où il n'y a plus de mouvement spontané, et s'exalte quand la vie appuie vers l'activité libre. // Chacun de nous a d'ailleurs pu vérifier cette loi sur lui-même. Qu'arrive-t-il quand une de nos actions cesse d'être spontanée pour devenir automatique ? La conscience s'en retire. Dans l'apprentissage d'un exercice, par exemple, nous commençons par être conscients de chacun des mouvements que nous exécutons, parce qu'il vient de nous, parce qu'il résulte d'une décision et implique un choix; puis, à mesure que ces mouvements s'enchaînent davantage entre eux et se déterminent plus mécaniquement les uns les autres, nous dispensant ainsi de nous décider et de choisir, la conscience que nous en avons diminue et disparaît. Quels sont, d'autre part les moments où notre conscience atteint le plus de vivacité ? Ne sont-ce pas les moments de crise intérieure, où nous hésitons entre deux ou plusieurs partis à prendre, où nous sentons que notre avenir sera ce que nous l'aurons fait? // Les variations d'intensité de notre conscience semblent donc bien correspondre à la somme plus ou moins considérable de choix ou, si vous voulez de création, que nous distribuons sur notre conduite. Tout porte à croire qu'il en est ainsi de la conscience en général. Si conscience signifie mémoire et anticipation, c'est que conscience est synonyme de choix. BERGSONEléments d'introduction   Les animaux sont dans l'ordre biologique ceux que l'on dit être les plus près des hommes. Les théories de l'évolution ont alimenté cette relation étroite entre homme et animal, pourtant une chose semble être acquise: On refuse à l'animal la conscience. Mais de quelle sorte de conscience prive-t-on l'animal? Pourquoi la conscience ne serait que le propre de l'homme? Qu'y a t-il derrière cette idée de conscience animal qui la rend si inacceptable?   Objet du texte               Bergson s'intéresse ici à la conscience et en donne une définition originale. En effet, la conscience est selon lui coextensive à la vie : là où il y a vit, il y a conscience. Pourtant, ce commun partage de la conscience entre les êtres doués de vie ne se fait pas sans nuance. Il détermine ainsi les conditions d'actualisation de la conscience afin de mieux faire comprendre quelle en est son essence propre.
bergson

« s'exalte quand la vie appuie vers l'activité libre .

» Pour Bergson, la vie est conscience.

Il y a conscience partout où il y a exigence de création et conscienceendormie partout où la création n'est plus possible du fait de l'automatisme.

Une telle définition a pourconséquence d'attribuer une conscience non seulement à l'animal, mais plus radicalement encore à la plante,et ce jusqu'au parasite.S'opère alors une distinction fondamental : en fait/ en droit.

Le fait, c'est ce qui est et ce qui se pratiquecommunément, le droit c'est ce qui devrait être, ce qui est conforme à une règle.

Ici, cette distinction recoupecelle, aristotélicienne, en puissance/ en acte.

En effet, ce qui est en puissance est potentiel, mais n'attendque le mouvement du temps pour s'exprimer, ce qui est en acte manifeste concrètement la potentialité.L'artiste qui dort n'a de talent que potentiel, quand il dessine, il exprime en acte son talent.

D'où nouscomprenons que les animaux et végétaux possède bien, au moins en puissance (à titre de virtualité) laconscience, mais il n'actualise pourtant pas cette potentialité ; celle-ci ne devient pas actuelle, effective.Et Bergson explique cette non actualisation d'une conscience pourtant toujours déjà là à titre de virtualité parla nature de la relation qui unit conscience effective et mouvement.

Là où il y a mouvement, il y aactualisation, effectivité, réalisation de la conscience, alors que cette potentialité s'endort, s'évanouit là où ily a repos.

Or, le parasite ou la plante ont tous deux la même caractéristique d'être enraciner que ce soit surun autre animal, ou sur la terre.

Ils n'ont pas de mouvements propres.

Et c'est parce que la conscience nes'actualise réellement que dans le mouvement spontané, que la conscience végétale et animale (dans le cas duparasite) s'évanouie, que cette potentialité ne fait jamais jour dans les faits.Il apparaît alors qu'il y a bien des degrés de conscience : celui de la simple virtualité est de loin le plus bas.Quant à l'animal, celui-ci est ordonné à la nature, bien qu'en mouvement, et est réglé par l'instinct.

Un animaln'est pas autre chose qu'un automate de la nature.

Si donc il y a chez lui mouvement, celui-ci n'est pasl'œuvre de sa spontanéité, il obéit et fait ce pour quoi il a été programmé (d'où le peu d'adaptation dont lesanimaux sont capables à court terme, le poisson hors de l'eau ne survit en cet égard pas longtemps).

Oncomprend alors que pour que la conscience s'actualise réellement, il faut non seulement qu'il y ait mouvementmais encore que ce mouvement soit le fruit d'une « activité libre ».

Qu'est-ce à dire si ce n'est que bien queBergson accorde, non en fait mais en droit, une conscience à tous les être vivants, il n'en reste pas moins quece qui sépare la conscience animale de la conscience humaine est une différence non pas seulement de degré,d'intensité, mais de nature : jamais la conscience animale ne sort de la routine que pour en créer une nouvellequi l'enferme en elle-même, dans les limites de l'espèce.

En l'homme et en l'homme seul souligne Bergson, laconscience brise la chaîne.Car en réalité la puissance de la conscience animale ne lui permet jamais que la variation, alors que celle del'homme lui autorise la création.

L'animal est donc toujours enchaîné à la nature et à la matière du fait mêmeque la puissance de sa conscience est limitée.

A l'inverse, la conscience humaine dont la puissance est illimitéelui permet de briser la chaîne continue de la matière et de créer du neuf du côté de la vie.® Bergson a donc défini la vie comme conscience mais pour aussitôt affirmer que les vivants animaux etvégétaux ne possédaient la conscience qu'à titre de virtualité.

De sorte qu'une différence de nature entreconscience animale et végétale et conscience humaine s'opère.

A présent, il s'agit de montrer, qu'au seinmême de l'espèce humaine, il existe des variations de degré relativement à l'activité de la conscience. - 2e MOUVEMENT « Chacun de nous a d'ailleurs pu vérifier cette loi sur lui-même.

Qu'arrive-t-il quand une de nos actions cesse d'être spontanée pour devenir automatique ? La conscience s'en retire.

Dans l'apprentissage d'un exercice, parexemple, nous commençons par être conscients de chacun des mouvements que nous exécutons, parce qu'il vientde nous, parce qu'il résulte d'une décision et implique un choix; puis, à mesure que ces mouvements s'enchaînentdavantage entre eux et se déterminent plus mécaniquement les uns les autres, nous dispensant ainsi de nousdécider et de choisir, la conscience que nous en avons diminue et disparaît.

Quels sont, d'autre part les momentsoù notre conscience atteint le plus de vivacité ? Ne sont-ce pas les moments de crise intérieure, où nous hésitonsentre deux ou plusieurs partis à prendre, où nous sentons que notre avenir sera ce que nous l'aurons fait ? » L'analyse se fait maintenant au sein même de l'espèce humaine.

Bergson va montrer à présent, qu'il y a diversdegrés de conscience.Il prend ainsi un exemple dont chacun reconnaîtra l'évidence ce qui a pour but de fonder en légitimité sonraisonnement.

Il semble qu'il y a bien des moments où l'homme se conduit de manière aussi automatique que nele fait l'animal à l'égard de l'instinct.

Or, précisément, l'exemple a pour but de montrer que le devenirautomatique d'une action humaine (s'il est encore permis de l'appeler comme cela) correspond à un retrait de laconscience, d'une mise en sommeil de la conscience.Pour apprendre quelque chose, il faut être tout entier concentré dans la tâche que l'on tend à accomplir.

Danscet acte, la conscience est attentive.

Elle décompose chaque mouvement, elle est soucieuse de la réussited'une action.

Pourquoi ces mouvements nouveaux impliquent un choix ? Précisément parce que, ne sachantpas accomplir parfaitement ce que nous avons en vue, nous prenons le temps de réfléchir aux moyens les pluspropices à la réussite de la tâche en question.

Tout est pensée, dans les moindres détails.

La conscience esttoute entière dans l'acte en train de se réaliser.A l'inverse, lorsque nous commençons à nous habituer à accomplir telle ou telle tâche, lorsque nous n'ypensons plus, la conscience est mise entre parenthèse.

Elle n'est plus nécessaire.

L'habitude a imprimé en nousles gestes à accomplir.

La notion d'habitude est donc capitale pour comprendre ce qui est en jeu dansl'endormissement de la conscience.

En effet, l'automatisme, la robotisation provient de ce que nous sommes. »

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