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BERGSON: Le corps va jusqu'aux étoiles !

Publié le 27/02/2008

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bergson
On ne se lasse pas de répéter que l'homme est bien peu de chose sur la terre, et la terre dans l'univers. Pourtant, même par son corps, l'homme est loin de n'occuper que la place minime qu'on lui octroie d'ordinaire, et dont se contentait Pascal lui-même quand il réduisait le corps à n'être, matériellement, qu'un roseau. Car si notre corps est la matière à laquelle notre conscience s'applique, il est coextensif à notre conscience, il comprend tout ce que nous percevons, il va jusqu'aux étoiles. Mais ce corps immense change à tout instant, et parfois radicalement, pour le plus léger déplacement d'une partie de lui-même qui en occupe le centre et qui tient dans un espace minime. Ce corps intérieur et central, relativement invariable, est toujours présent. Il n'est pas seulement présent, il est agissant : c'est par lui, et par lui seulement, que nous pouvons mouvoir d'autres parties du grand corps. Et comme l'action est ce qui compte, comme il est entendu que nous sommes là où nous agissons, on a coutume d'enfermer la conscience dans le corps minime, de négliger le corps immense... Mais la vérité est tout autre, et nous sommes réellement dans tout ce que nous percevons (1). (1) La lecture du Discours de métaphysique de Leibniz fera comprendre l'inspiration de Bergson ici (FE).BERGSON

Dans cet extrait du troisième chapitre des Deux sources de la morale et de la religion, Bergson développe une réflexion sur l’anthropologie humaine en lien aussi avec la métaphysique si l’on peut. La pensée de Bergson se comprend notamment comme une critique qui voudrait faire de l’homme un « rien « notamment du point de vue de son corps. C’est pourquoi ce texte présente une discussion avec Pascal sur sa conception de l’homme notamment dans les Pensées, c’est-à-dire sur la disproportion de l’homme. L’objet principal de cet extrait porte alors plus singulièrement sur la conception du corps humain, de sa place dans le monde et dans le monde. Ce texte ne se laisser pas comprendre sans une référence précise alors à un texte antérieur de Bergson : Matière & Mémoire. Dès lors la discussion, supposant par ailleurs une grande inspiration donc compréhension de la Monadologie et du Discours de Métaphysique de Leibniz, se porte alors aussi sur le rapport de la conscience au corps afin d’établir une vérité sur notre place dans le monde c’est pourquoi ce texte a une réelle portée métaphysico-anthropologique.

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« corps mais aussi sur l'esprit.

Mais dans la mesure où l'on pense souvent l'esprit comme étant capable de s'élever au-delà du corps et des choses, c'est bien le corps qui semble être une entrave aux velléités de l'homme.

L'esprit à lacapacité de l'évader, mais le corps est toujours là or c'est bien ce que Bergson veut remettre en doute.

L'hommen'est pas alors cet être disproportionné c'est-à-dire entre un infini et un rien pour reprendre le vocabulaire pascaliendes Pensées : l'infini étant son esprit et le rien son corps. c) C'est dans ce contexte que s'explique et prend place la référence à Pascal dans cet extrait à propos du « roseau » dont l'expression complète est roseau pensant.

Or si l'expression n'est pas complète ici c'est justementpour insister sur la question du corps.

En effet, Pascal est l'exemple majeure de ce dénigrement du corps faisant ducorps une simple « machine ».

Mais plus exactement, Bergson fait référence à l'anthropologie pascalienne telle qu'onla retrouve dans le fragment 200 dans l'édition Lafuma des Pensées de Pascal .

En effet, chez Pascal, ce qui fait la dignité de l'homme, ce n'est pas le corps qui n'est rien mais seulement l'esprit.

Le corps n'est pour lui qu'une vapeur,une goutte d'eau qu'une goutte d'eau suffit à tuer.

Or c'est bien une telle conception que Bergson entend récuser.Il recherche donc à établir la dignité du corps.

La pensée pascalienne est donc résolument contraire à la sienne surl'anthropologie.

Transition : Bergson entend donc développer une conception positive de l'homme donc une anthropologie tenant compte de tousles aspects de l'homme et notamment du corps qui pourtant est ce rien semble-t-il dont les penseurs n'ont cessé demontrer la faiblesse.

Il s'agit alors pour Bergson d'établir la dignité du corps.

Mais pourquoi ce corps n'est-il pas cerien ? Qu'est-ce qui en fait la valeur ? II – Valeur du corps : les deux corps & la conscience « Car si notre corps est la matière à laquelle notre conscience s'applique, il est coextensif à notre conscience, ilcomprend tout ce que nous percevons, il va jusqu'aux étoiles.

Mais ce corps immense change à tout instant, etparfois radicalement, pour le plus léger déplacement d'une partie de lui-même qui en occupe le centre et qui tientdans un espace minime.

Ce corps intérieur et central, relativement invariable, est toujours présent.

» a) Ce passage est sans doute le plus technique de tout le texte et il en constitue le nœud central de ladémonstration.

Bergson commence par définir notre corps comme « la matière à laquelle notre conscience s'applique ».

Pour comprendre cette conception du corps, il faut faire appel à un texte antérieur celui de Matière & Mémoire .

Notre corps est une image spécifique.

En effet, la matière est l'ensemble des images, et la perception ces mêmes images rapportées à l'action possible d'une image déterminée : mon corps.

Mon corps est une imageparticulière parce qu'elle je la connais de l'intérieur et de l'extérieur et c'est pour cela qu'elle est coextensive à notreconscience.

Dès lors, suivant cette définition de la matière l'univers est donc un ensemble d'images, dans lequeltout ce qui est nouveau advient par l'intermédiaire d'images particulières dont le corps est le type.b) Mais comment expliquer que ce corps puisse aller jusqu'aux étoiles ? Pour comprendre cela il faut partir de ladéfinition de la conscience bergsonienne.

La conscience est le pouvoir d'agir librement en tant qu'il se traduit par lareprésentation et le choix d'objets matériels distincts ainsi que par la contraction et la mémoire des moments dutemps ou d'une durée individuelle.

En ce sens, le corps est la signe de la puissance d'agir d'une activité originaire dela conscience, comme mémoire et comme choix.

La conscience est l'instrument de l'action.

Dès lors mon corps estportée jusqu'où s'étend ma conscience en tant qu'action possible.

La conscience en tant que puissance d'actiondirige et éclaire la perception en vue d'une action possible.

Ainsi mon corps va là où se porte ma perception en tantqu'action possible.

Il est projection.

Il est cette image par rapport à laquelle toutes s'organisent c'est pourquoi moncorps est tout ce que je perçois et dès lors va « jusqu'au étoiles ».

En effet, notre représentation de la matière estla mesure de notre action possible sur les corps ; elle résulte de l'élimination de ce qui n'intéresse pas nos besoins etplus généralement nos fonctions.

En ce sens la conscience est choix.c) Dès lors s'explique ce double rapport entre ce corps immense et ce corps minime et le changement qui s'opère sile centre de notre action, c'est-à-dire notre corps, change de position.

Ici Bergson développe une conception particulière du corps.

Mon corps immense est l'ensemble de l'univers que je perçois en tant qu'action possible.

Cesimages agissent les unes sur les autres selon les lois de la nature mais parmi elles, une image particulière, du faitque je la connais non seulement du dehors par la perception, mais également du dedans par les affects est lecentre : c'est mon corps.

Il est ce par quoi tout mon centre perceptif et toutes les images de l'univers s'organisent.Mon corps est une image qui agit comme les autres images, à ceci près que le corps semble choisir la manière dont ilrend ce qu'il reçoit.

C'est pourquoi ce corps est invariable, il est toujours présent ce qui explique qu'il soit coextensifà ma conscience.

Dès lors ce corps changeant et ce corps centre de mon action toujours présent me place dansune situation particulière c'est-à-dire qu'une même image puisse entrer à la fois dans le système objectif de l'univers(où chaque image varie pour elle-même) et dans le système subjectif (où toutes les images sont rapportées à uneseule, et ne varient qu'en fonction de celle-ci).

Transition : Ainsi notre corps n'est pas ce faible roseau perdu dans l'univers.

Il est ce qui fait aussi notre grandeur, notredignité.

Il s'étend jusqu'aux étoiles dans la mesure où il est coextensif à ma conscience et est le centre de mesperceptions et que toute action s'y rapporte.

Mais quel est plus précisément le rapport qu'il entretient avec l'action,comment en étant toujours là, il peut être ce corps immense ?. »

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