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Bergson: Doit-on contrôler le progrès technique ?

Publié le 15/03/2006

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bergson
L'homme ne se soulèvera au-dessus de la terre que si un outillage puissant lui fournit le point d'appui. Il devra peser sur la matière s'il veut se détacher d'elle. En d'autres termes, la mystique appelle la mécanique. On ne l'a pas assez remarqué, parce que la mécanique, par un accident d'aiguillage, a été lancée sur une voie au bout de laquelle étaient le bien-être exagéré et le luxe pour un certain nombre, plutôt que la libération de tous. Nous sommes frappés du résultat accidentel, nous ne voyons pas le machinisme dans ce qu'il devrait être, dans ce qui en fait l'essence. Allons plus loin. Si nos organes sont des instruments naturels, nos instruments sont par là même des organes artificiels. L'outil de l'ouvrier continue son bras ; l'outillage de l'humanité est donc un prolongement de son corps. La nature, en nous dotant d'une intelligence essentiellement fabricatrice, avait ainsi préparé pour nous un certain agrandissement. Mais des machines qui marchent au pétrole, au charbon, à la « houille blanche et qui convertissent en mouvement des énergies potentielles accumulées pendant des millions d'années, sont venues donner à notre organisme une extension si vaste et une puissance si formidable, si disproportionnée à sa dimension et à sa force, que sûrement il n'en avait rien été prévu dans le plan de structure de notre espèce : ce fut une chance unique, la plus grande réussite matérielle de l'homme sur la planète. [...] Or, dans ce corps démesurément grossi, l'âme reste ce qu'elle était, trop petite maintenant pour le remplir, trop faible pour le diriger. D'où le vide entre lui et elle. D'où les redoutables problèmes sociaux, politiques, internationaux, qui sont autant de définitions de ce vide et qui, pour le combler, provoquent aujourd'hui tant d'efforts désordonnés et inefficaces : il y faudrait de nouvelles réserves d'énergie potentielle, cette fois morale. Ne nous bornons donc pas à dire, comme nous le faisions plus haut, que la mystique appelle la mécanique. Ajoutons que le corps agrandi attend un supplément d'âme, et que la mécanique exigerait une mystique.

Ce texte de Bergson tiré des Deux sources de la morale et de la religion traite de la technique, et plus particulièrement de la différence entre l’outil et la machine. Il défend à la fois l’outil et soulève les problèmes qu’on engendré la machine et en met au jour l’origine. Aussi, l’origine de ces problèmes tient à ce que la technique n’a pas uniquement une origine matérielle, quelle est son origine ? Pour Bergson, la technique étant un prolongement de l’humain, dès lors que cette humanité, cette âme ne s’y retrouve plus, il existe un vide dans les machines.

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« ergson: L'homme ne se soulèvera au-dessus de la terre que si un outillage puissant lui fournit le point d'appui.

Il devra peser sur la matière s'ilveut se détacher d'elle.

En d'autres termes, la mystique appelle la mécanique.On ne l'a pas assez remarqué, parce que la mécanique, par un accidentd'aiguillage, a été lancée sur une voie au bout de laquelle étaient le bien-êtreexagéré et le luxe pour un certain nombre, plutôt que la libération de tous.

Noussommes frappés du résultat accidentel, nous ne voyons pas le machinisme dansce qu'il devrait être, dans ce qui en fait l'essence.

Allons plus loin.

Si nosorganes sont des instruments naturels, nos instruments sont par là même desorganes artificiels.

L'outil de l'ouvrier continue son bras ; l'outillage de l'humanitéest donc un prolongement de son corps.

La nature, en nous dotant d'uneintelligence essentiellement fabricatrice, avait ainsi préparé pour nous un certainagrandissement.

Mais des machines qui marchent au pétrole, au charbon, à la «houille blanche et qui convertissent en mouvement des énergies potentiellesaccumulées pendant des millions d'années, sont venues donner à notreorganisme une extension si vaste et une puissance si formidable, sidisproportionnée à sa dimension et à sa force, que sûrement il n'en avait rienété prévu dans le plan de structure de notre espèce : ce fut une chanceunique, la plus grande réussite matérielle de l'homme sur la planète.

[...] Or, dans ce corps démesurément grossi, l'âme reste ce qu'elle était, trop petite maintenant pour le remplir, trop faiblepour le diriger.

D'où le vide entre lui et elle.

D'où les redoutables problèmes sociaux, politiques, internationaux, quisont autant de définitions de ce vide et qui, pour le combler, provoquent aujourd'hui tant d'efforts désordonnés etinefficaces : il y faudrait de nouvelles réserves d'énergie potentielle, cette fois morale.

Ne nous bornons donc pas àdire, comme nous le faisions plus haut, que la mystique appelle la mécanique.

Ajoutons que le corps agrandi attendun supplément d'âme, et que la mécanique exigerait une mystique. Avez-vous compris l'essentiel ? 1 Quelle est la signification « mystique « du progrès technique ?2 Pourquoi cette signification est-elle habituellement ignorée, inaperçue ?3 Quelle contradiction habite aujourd'hui le progrès technique ? Réponses: 1 - C'est par lui que l'homme, maîtrisant son environnement matériel et naturel, s'élève au-dessus de lui et de soi.

IIs'arrache à sa propre animalité, s'ouvrant à une dimension plus spirituelle.2 - Elle est difficilement perceptible, car le progrès technique est plutôt perçu à travers une puissance accrue etdes avantages matériels plus grands, ou à travers les problèmes sociaux et politiques qu'il engendre.3- Une contradiction que l'on peut formuler comme celle de l'âme et du corps.

L'esprit, la morale n'a pas bénéficié dumême accroissement que la force, l'extension.

L'humanité se trouve ainsi dotée d'une immense puissance, maiscelle-ci reste en grande partie une puissance aveugle, qui ne peut plus être dirigée, contrôlée, pensée. Ce texte de Bergson tiré des Deux sources de la morale et de la religion traite de la technique, et plusparticulièrement de la différence entre l'outil et la machine.

Il défend à la fois l'outil et soulève les problèmes qu'onengendré la machine et en met au jour l'origine.

Aussi, l'origine de ces problèmes tient à ce que la technique n'a pasuniquement une origine matérielle, quelle est son origine ? Pour Bergson, la technique étant un prolongement del'humain, dès lors que cette humanité, cette âme ne s'y retrouve plus, il existe un vide dans les machines. « L'homme ne se soulèvera au-dessus de la terre que si un outillage puissant lui fournit le point d'appui.

Il devrapeser sur la matière s'il veut se détacher d'elle.

En d'autres termes, la mystique appelle la mécanique.

On ne l'a pasassez remarqué, parce que la mécanique, par un accident d'aiguillage, a été lancée sur une voie au bout de laquelleétaient le bien-être exagéré et le luxe pour un certain nombre, plutôt que la libération de tous.

Nous sommesfrappés du résultat accidentel, nous ne voyons pas le machinisme dans ce qu'il devrait être, dans ce qui en faitl'essence.

Allons plus loin.

Si nos organes sont des instruments naturels, nos instruments sont par là même desorganes artificiels.L'outil de l'ouvrier continue son bras ; l'outillage de l'humanité est donc un prolongement de son corps.

»L'intelligence n'est pas tombée du ciel comme la forme achevée de l'intelligibilité.

Elle a une origine : de même quetous les caractères et aptitudes des vivants, elle est le produit de l'évolution vitale.

Sous sa forme élaborée, elle estla manière de penser propre à une espèce animale, l'espèce humaine.

Sa première signification est vitale : c'est unefonction d'adaptation permettant la survie.

Par sa destination originelle, elle est donc foncièrement pratique et nonthéorique : c'est une faculté fabricatrice d'objets et d'outils.

De cette fonction découlent son objet principal et saforme.

L'objet auquel s'applique toute fabrication est la matière, spécialement la matière inerte et, plus encore, lamatière solide qui offre un meilleur point d'appui à l'action.

L'objet premier et principal de l'intelligence, c'est donc lesolide inorganisé.

Quant à sa forme, elle est relative à sa fonction et à son objet.

L'intelligence est avant tout lafaculté d'établir des rapports et de les varier indéfiniment.

Son opération principale consiste à produire du nouveau. »

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