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BERGSON, Energie Spirituelle

Publié le 13/05/2005

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bergson
Chacun de nous est un corps, soumis aux mêmes lois que toutes les autres portions de matière. Si on le pousse, il avance ; si on le tire, il recule ; si on le soulève et qu'on l'abandonne, il retombe. Mais, à coté de ces mouvements qui sont provoqués mécaniquement par une cause extérieur, il en est d'autres qui semblent venir du dedans et qui tranchent sur les précédents par leur caractère imprévu : on les appellent « volontaires ». Quelle en est la cause ? C'est ce que chacun de nous désigne par les mots « je » ou « moi ». Et qu'est ce que le moi ? quelque chose qui paraît, à tort ou à raison, déborder de toutes parts le corps qui est joint, le dépasser dans l'espace aussi bien que dans le temps. Dans l'espace d'abord, car le corps de chacun de nous s'arrête aux contours précis qui le limitent, tandis que par notre faculté de percevoir, et plus particulièrement de voir, nous rayonnons bien au-delà de notre corps : nous allons jusqu'aux étoiles. Dans le temps ensuite, car le corps est matière, la matière est dans le présent, et, s'il est vrai que le passé y laisse des traces, ce ne sont des traces de passé que pour une conscience qui les aperçoit et qui interprète ce quel aperçoit à la lumière de ce quelle ce remémore. : la conscience, elle, retient ce passé, l'enroule sur lui-même au fur et à mesure que le temps se déroule, et prépare avec lui un avenir qu'elle contribuera à créer.[...] BERGSON, Energie Spirituelle.
bergson

« dans un mouvement hors de soi pour se transporter vers l'objet et y pénétrer.

L'intuition est « extatique »(V.

Jankélévitch).

Par suite, elle demande un effort spirituel intense puisqu'il s'agit de sortir de soi-même, d'écartertoutes les habitudes de pensée, les notions familières, les connaissances acquises.

Chaque acte d'intuition est uncommencement absolu, une tension singulière pour rejoindre une réalité à chaque fois unique.

C'est aussi un actesimple (car il n'y a pas plusieurs manières de coïncider) et dont le résultat, parce qu'il est foncièrement original, esten outre ineffable : « Nous appelons ici intuition la sympathie par laquelle on se transporte à l'intérieur d'un objetpour coïncider avec ce qu'il a d'unique et par conséquent 'inexprimable » ( La Pensée et le mouvant ).

Aussi, percevoir, c'est impliquer tout son être, se transporter et pas simplement être une chambre d'enregistrementintellectuelle désincarnée.

Encore une fois, la perception qui inclut tout notre être, prépare à l'action, qui de factoinclut notre personne en son entier.

« Dans le temps ensuite, car le corps est matière, la matière est dans le présent, et, s'il est vrai que le passé ylaisse des traces, ce ne sont des traces de passé que pour une conscience qui les aperçoit et qui interprète ce quelaperçoit à la lumière de ce quelle ce remémore.

: la conscience, elle, retient ce passé, l'enroule sur lui-même au furet à mesure que le temps se déroule, et prépare avec lui un avenir qu'elle contribuera à créer.[…] » Il s'agit dans ceparagraphe la conception que se fait Bergson de la conscience et de la durée.

Bergson a opposé une durée vivante,concrète, pure à une temporalité de type abstrait et mathématique, figée dans l'ordre géométrique.

La durée estd'essence psychique, car elle suppose la conservation et la continuation du passé dans le présent, c'est-à-dire unemémoire.

Elle est donc, en premier lieu, la forme sous laquelle l'intuition perçoit la vie intérieure : l'esprit est durée etmême il n'est que durée.

Pour Bergson, ce qui le caractérise au premier chef, ce n'est pas un pouvoir de connaîtreou de sentir, ni la capacité de promouvoir des valeurs, mais la mobilité, l'aptitude à tirer continuellement de lui-mêmeplus qu'il ne contient.

Ce n'est pas non plus la conscience explicite : le psychisme est pour une grande partinconscient, la spiritualité sans la conscience est possible.

En outre, la vie intérieure est une expérience privilégiéede la durée, car la réalité interne, plus manifestement que toute autre, se présente et se vit comme un courantirréversible, continu et constamment modificateur de lui-même.

La durée pure est l' « étoffe même » de la viepsychologique.

Par suite, c'est dans cette durée individuelle et concrète que réside le secret de la personnalité etde la liberté.

Il n'y a pas d'arrêt dans la conscience, la vie, l'action qui sont un flux indivisible.

Ces notionsessentielles au bergsonisme sont indispensables à comprendre l'auteur et le texte.

Conclusion.

Ce texte aussi ciblé qu'il soit sur le corps et l'espace et le temps nécessite de comprendre la philosophiebergsonienne dans son mouvement, dans son originalité et son opposition aux philosophies classiques qui spatialisele temps et par-là même passe à côté de toute conception du temps vécu et de la durée.

Cette spatialisationempêche toute conception du temps autre que fractionné à l'image du temps pensé par les mathématiques que l'onretrouve dans le temps mesuré par les horloges.

Bergson pense la vie, la durée, l'action comme un flux indissociable,entier qui exprime l'intégralité de celui qui la porte.

Il développe une vision non intellectualiste de la liberté et del'action, favorisant la créativité humaine.

BERGSON (Henri-Louis) .

Né et mort à Paris (1859-1941). Il fit ses études au lycée Condorcet et à l'École normale supérieure.

Il fut reçu à l'agrégation de philosophie en 1881.Il fut professeur de philosophie aux lycées d'Angers et de Clermont-Ferrand.

Docteur ès lettres en 1881, il enseignasuccessivement, à Paris, au collège Rollin, puis au lycée Henri IV, et, à partir de 1898, à l'École normale.

Titulaire,en 1900, de la chaire de philosophie grecque au Collège de France, puis de celle de philosophie moderne, il entra àl'Académie des Sciences morales et politiques en 1901, à l'Académie française en 1914, et reçut le Prix Nobel delittérature en 1927.

— La méthode philosophique de Bergson est l'intuition :« Nous appelons intuition la sympathiepar laquelle on se transporte à l'intérieur d'un objet pour coïncider avec ce qu'il a d'unique et par conséquentd'inexprimable.

» Les données immédiates de la conscience doivent être saisies dans leur vraie nature et non àtravers des notions que nous emprunterions à la connaissance de l'espace.

L'intuition pose les problèmes en termesde durée.

« Les questions relatives au sujet et à l'objet, à leur distinction et à leur union, doivent se poser enfonction du temps plutôt que de l'espace.» — Bergson distingue le temps véritable et psychologique du tempsmathématique, qui est sa traduction en espace.

L'être est altération et l'altération est substance.

La durée, c'est «la forme que prend la succession de nos états de conscience quand le moi se laisse vivre.» Entre les choses, il n'estque des différences de degré.

C'est seulement entre deux tendances qui traversent une chose, qu'il y a différencede nature.

La matière est ce qui ne change plus de nature ; mais elle est aussi durée.

Elle est le plus bas degré dela durée, elle est un « passé infiniment dilaté ».

Car la durée est une mémoire, elle prolonge le passé dans le. »

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