Devoir de Philosophie

Bergson: Langage et vérité

Publié le 10/01/2004

Extrait du document

bergson
Qu'est-ce qu'un jugement vrai ? Nous appelons vraie l'affirmation qui concorde avec la réalité. Mais en quoi peut consister cette concordance ? Nous aimons à y voir quelque chose comme la ressemblance du portrait au modèle : l'affirmation vraie serait celle qui copierait la réalité. Réfléchissons-y cependant : nous verrons que c'est seulement dans des cas rares, exceptionnels, que cette définition du vrai trouve son application. Ce qui est réel, c'est tel ou tel fait déterminé s'accomplissant en tel ou tel point de l'espace et du temps, c'est du singulier, c'est du changeant. Au contraire, la plupart de nos affirmations sont générales et impliquent une certaine stabilité de leur objet. Prenons une vérité aussi voisine que possible de l'expérience, celle-ci par exemple : "La chaleur dilate les corps." De quoi pourrait-elle bien être la copie ? Il est possible, en un certain sens, de copier la dilatation d'un corps déterminé, en la photographiant dans ses diverses phrases. [...] Mais une vérité qui s'applique à tous les corps, sans concerner spécialement aucun de ceux que j'ai vus, ne copie rien, ne reproduit rien.

BERGSON s'intéresse dans ce texte à la définition commune du jugement vrai : il s'agit d'une correspondance exacte entre la réalité et le jugement de l'esprit.    La vérité d'un jugement serait de dire la réalité telle qu'elle est.    BERGSON approfondit cette définition : l'affirmation se doit d'être le décalque de la réalité.    En ce sens, il suffirait d'imiter la réalité dans le langage pour en définir la vérité.    Cette définition est très proche de celle que l'on donne habituellement de l'art : il s'agit d'une technique qui permet d'imiter la nature pour en donner une image la plus proche possible.    Le jugement serait une technique de cette sorte qui doit se fondre avec la réalité.  

bergson

« Il faut tenir compte, au contraire, des particularités et de l'expérience de l'objet dans le temps. Il faudrait alors des jugements qui puissent rendre cette durée propre au réel. Ce qui risquerait de nous obliger à changer constamment notre jugement, or, ceci est en contradiction avec lanature même du jugement. B - "NOS AFFIRMATIONS SONT GENERALES ET IMPLIQUENT UNE CERTAINE STABILITE DE LEUR OBJET". L'affirmation est loin d'être le simple décalque de la réalité. En effet, elle a une nature propre qui lui fait définir un objet propre. Elle n'est pas, même si elle se rapproche au plus près de l'objet, une photographie de cet objet. Il s'agit plutôt d'une généralisation qui s'écarte des particularités, elle cherche des caractères généraux qui n'ontplus de rapport direct avec le réel. C'est la pensée qui développe ses lois propres sans tenir compte de la spécificité de l'expérience sensible. III - FAUT-IL RENONCER A CONNAITRE CE QUI EST CHANGEANT ? BERGSON ne dit pas qu'il faut y renoncer, mais qu'on ne peut pas vouloir rapprocher la forme abstraite du jugementde la spécificité du réel. Peut-être y aurait-il une autre approche possible du réel ? Mais ce qui pose problème ici, c'est de savoir quel est l'objet de la connaissance théorique ou de la science ? La philosophie se divise sur ce problème, en définissant la connaissance comme tout à fait indépendante du réelsensible ou, au contraire, en montrant que la connaissance ne peut ignorer le réel au risque d'être une activitécoupée de la réalité. Il faudrait donc montrer que le changeant n'est pas toujours ce qui échappe à la pensée, mais qu'il faut définir lesconditions de leur rapprochement. Soit modifier la pensée, lui permettre d'épouser le changeant.

Soit montrer que la connaissance n'est pasl'enregistrement d'un donné brut. La réalité n'est pas non plus une donnée brute, c'est le résultat d'une élaboration théorique qui peut être critiquéeet modifiée. IV - REFERENCES POSSIBLES BACHELARD : La formation de l'esprit scientifique , introduction (critique du donné empirique). PLATON : La République , Livre VII (connaissance sensible et connaissance intelligible). V - LES FAUSSES PISTES Ne pas voir que BERGSON critique la thèse de la correspondance entre le réel et la pensée. VI - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR La difficulté tient à la définition du jugement vrai et à la position critique de BERGSON. Il fallait se souvenir des problèmes posés par la théorie de la connaissance.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles