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Bergson: Liberté et moi profond

Publié le 20/04/2004

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Nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité entière, quand ils l'expriment, quand ils ont avec elle cette indéfinissable ressemblance qu'on trouve parfois entre l'oeuvre et l'artiste. En vain on alléguera que nous cédons alors à l'influence toute-puissante de notre caractère. Notre caractère, c'est encore nous ; et parce qu'on s'est plu à scinder la personne en deux parties pour considérer tour à tour, par un effort d'abstraction, le moi qui sent ou pense et le moi qui agit, il y aurait quelque puérilité à conclure que l'un des deux moi pèse sur l'autre. Le même reproche s'adressera à ceux qui demandent si nous sommes libres de modifier notre caractère. Certes, notre caractère se modifie insensiblement tous les jours, et notre liberté en souffrirait, si ces acquisitions nouvelles venaient se greffer sur notre moi et non pas se fondre sur lui. Mais dès que cette fusion aura lieu, on devra dire que le changement survenu dans notre caractère est bien nôtre et que nous nous le sommes approprié. En un mot, si l'on convient d'appeler libre tout acte qui émane du moi, et du moi seulement, l'acte qui porte la marque de notre personne est véritablement libre, car notre moi seul en revendique la paternité. Bergson

La liberté est certainement l'un des concepts sur lesquels les philosophes ont élaboré le plus grand nombre de thèses, car le terme évoque des domaines différents (liberté individuelle, politique, morale, métaphysique), dans lesquels des interprétations multiples ont pu être proposées. Dans ce texte, Bergson propose une approche qui pourrait être, en un sens, la plus simple : il y a liberté lorsqu'il y a, dans le comportement, expression de la personnalité entière d'un sujet.

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« d'innovation constante du point de vue de Bergson. [III — Liberté psychologique et liberté morale] Faisant allusion à ce qu'il nomme « personnalité » ou « moi », Bergson semble souligner la dimension d'abordpsychique de la liberté.

Mais on peut ajouter que la personnalité ou le moi incluent aussi des valeurs morales.Dès lors, il devient concevable que l'acte libre soit bien 1«< émanation » d'une personnalité dotée de valeurs.L'action dans laquelle il s'incarnen'est pas seulement pragmatique, elle peut aussi être pratique (au sens kantien), c'est-à-dire morale.Le problème qui peut alors se poser concerne bien entendu le mode d'inscription de ces valeurs morales dans le moi: de quelle source proviennent-elles ? D'après ce que dit le texte sur l'intériorisation progressive des modifications dumoi, on peut être tenté d'admettre que la source des valeurs n'est pas l'autonomie, puisque les valeurs elles-mêmesrésulteraient d'un processus d'intériorisation — ce qui suppose qu'elles sont d'abord proposées par l'extérieur. [Conclusion]Texte qui ne manque pas d'intérêt pour la défense d'une liberté du sujet compatible avec ses transformations.Toutefois, si l'on s'intéresse à la portée morale de la liberté, on constate que Bergson, ici, laisse penser que la partd'hétéronomie peut être dominante.

Dans ce cas, il existerait une difficulté pour articuler ensemble libertépsychologique et liberté morale. BERGSON (Henri-Louis) .

Né et mort à Paris (1859-1941). Il fit ses études au lycée Condorcet et à l'École normale supérieure.

Il fut reçu à l'agrégation de philosophie en 1881.Il fut professeur de philosophie aux lycées d'Angers et de Clermont-Ferrand.

Docteur ès lettres en 1881, il enseignasuccessivement, à Paris, au collège Rollin, puis au lycée Henri IV, et, à partir de 1898, à l'École normale.

Titulaire,en 1900, de la chaire de philosophie grecque au Collège de France, puis de celle de philosophie moderne, il entra àl'Académie des Sciences morales et politiques en 1901, à l'Académie française en 1914, et reçut le Prix Nobel delittérature en 1927.

— La méthode philosophique de Bergson est l'intuition :« Nous appelons intuition la sympathiepar laquelle on se transporte à l'intérieur d'un objet pour coïncider avec ce qu'il a d'unique et par conséquentd'inexprimable.

» Les données immédiates de la conscience doivent être saisies dans leur vraie nature et non àtravers des notions que nous emprunterions à la connaissance de l'espace.

L'intuition pose les problèmes en termesde durée.

« Les questions relatives au sujet et à l'objet, à leur distinction et à leur union, doivent se poser enfonction du temps plutôt que de l'espace.» — Bergson distingue le temps véritable et psychologique du tempsmathématique, qui est sa traduction en espace.

L'être est altération et l'altération est substance.

La durée, c'est «la forme que prend la succession de nos états de conscience quand le moi se laisse vivre.» Entre les choses, il n'estque des différences de degré.

C'est seulement entre deux tendances qui traversent une chose, qu'il y a différencede nature.

La matière est ce qui ne change plus de nature ; mais elle est aussi durée.

Elle est le plus bas degré dela durée, elle est un « passé infiniment dilaté ».

Car la durée est une mémoire, elle prolonge le passé dans leprésent.

Le passé survit en soi ; il coexiste avec soi comme présent.

Le présent est le degré le plus contracté dupassé.

Le passé et le présent sont contemporains l'un de l'autre.

L'élan vital est la durée en tant que différence desoi avec soi, en tant qu'elle s'actualise, en tant qu'elle passe à l'acte.

La durée vraie est une création continue.

Lavie, de même que la conscience, est durée, mobilité, création continue, liberté.

— Bergson distingue deux sortes demémoire : « Le passé se survit sous deux formes distinctes : 1) Dans des mécanismes moteurs ; 2) Dans dessouvenirs indépendants...

En poussant jusqu'au bout cette distinction fondamentale, on pourrait se représenterdeux mémoires théoriquement indépendantes.» Il parle de mémoire-souvenir et de mémoire-contraction.

« Touteconscience est mémoire — conservation et accumulation du passé dans le présent.

» C'est en ce sens que leprésent est le degré le plus contracté du passé.

On peut rattacher à cette théorie la phrase célèbre du philosophe:« Comprendre, c'est savoir refaire.» — Bergson applique le principe de l'élan vital à la morale et à la religion.

« Lesgrands entraîneurs de l'humanité semblent bien s'être replacés dans la direction de l'élan vital.

» Il distingue lamorale close que la société impose aux individus, et la morale ouverte, qui est celle du héros.

Il distingue la formestatique de la religion, représentée par les dogmes et les rites, et sa forme dynamique représentée par ceux qui ontretrouvé l'élan créateur distinctif de la vie, c'est-à-dire par les saints et les mystiques, Saint François d'Assise ouPascal. Oeuvres principales : Essai sur les données immédiates de la conscience (1889), Quid Aristoteles de loco senserit. »

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