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Bergson: la vérité et les faits

Publié le 20/04/2004

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bergson
La vérité serait déposée dans les choses et dans les faits : notre science irait l'y chercher, la tirerait de sa cachette, l'amènerait au grand jour. Une affirmation telle que "la chaleur dilate les corps" serait une loi qui gouverne les faits, qui trône, sinon au-dessus d'eux, du moins au milieu d'eux, une loi véritablement contenue dans notre expérience et que nous nous bornerions à en extraire. Cette conception de la vérité est naturelle à notre esprit et naturelle aussi à la philosophie, parce qu'il est naturel de se représenter la réalité comme un tout parfaitement cohérent et systématisé, que soutient une armature logique [...] Mais l'expérience pure et simple ne nous dit rien de semblable. L'expérience nous présente un flux de phénomènes : si telle ou telle affirmation relative à l'un d'eux nous permet de maîtriser ceux qui le suivront ou même simplement de les prévoir, nous disons de cette affirmation qu'elle est vraie. une proposition telle que "la chaleur dilate les corps", proposition suggérée par la vue de la dilatation d'un certain corps, fait que nous prévoyons comment d'autres corps se comporteront en présence de la chaleur ; elle nous aide à passer d'une expérience ancienne à des expériences nouvelles : c'est un fil conducteur, rien de plus. La réalité coule ; nous coulons avec elle : et nous appelons vraie toute affirmation qui, en nous dirigeant à travers la réalité mouvante, nous donne prise sur elle et nous place dans de meilleures conditions pour agir. Bergson
bergson

« La conception commune de la vérité « La vérité serait déposée dans les choses et dans les faits : notre science irait l'y chercher, la tirerait de sacachette, l'amènerait au grand jour.

».

La représentation commune de la recherche scientifique de la vérité tend àvoir la vérité comme inscrite dans les choses.

La vérité est toute faite, toute construite, en cela elle ne saurait êtrequ'universelle, et ne saurait être découverte que par des lois qui régissent le réel..

« Une affirmation telle que "lachaleur dilate les corps" serait une loi qui gouverne les faits, qui trône, sinon au-dessus d'eux, du moins au milieud'eux, une loi véritablement contenue dans notre expérience et que nous nous bornerions à en extraire.

».

Les loisseraient donc dans les choses, les gouverneraient de façon nécessaire et régulière.

Et cette conception de la véritéest notre conception immédiate du réel.

Mais ce qui est premier pour nous ne saurait pour autant être premier ensoi, c'est-à-dire véritable. « Cette conception de la vérité est naturelle à notre esprit et naturelle aussi à la philosophie, parce qu'il est naturelde se représenter la réalité comme un tout parfaitement cohérent et systématisé ».

Nous chercher immédiatementla stabilité « que soutient une armature logique ».

Cette approche du réel nous est naturelles mais cela ne signifiepas pour autant qu'elle est juste. Nous tendons constamment à morceler la continuité fluide et hétérogène du réel en états stables, homogènes etdiscontinus, en choses distinctes, bref à spatialiser la pure durée qui constitue l'essence profonde du réel.

Cemorcelage et ce cette solidification sont nécessaires à la vie pratique.

Si la vie telle que nous devons l'éprouvons ennous est liberté, elle est exigence de création continue, évolution vers l'imprévisibilité nouveauté, progrèshétérogène.

Mais la vie se heurte à la matière, qui est mouvement et descente, automatisme et mécanisme,passivité et nécessité.

Cette opposition formidable rencontrée par la vie oblige celle-ci à se diviser à l'infini, afin des'adapter, pour la vaincre, à la matière.

L'instrument de l'insertion dans la matière, des outils d'une variété infini,néglige l'essence du réel pour ne s'occuper que des rapports; elle crée ses formes vides que sont les conceptsabstraits et qui permettent le maniement facile d'un nombre indéfini de choses groupées en séries homogènes. Le réel est durée, la connaissance procède par intuition Mais la philosophie ne doit pas s'en tenir aux donnés brutes du sens commun, ni même aux conceptions du senscommun.

Elle doit s'insérer plus profondément au cœur du réel.

Le sens commun retient du réel que l'aspect derépétition et son idéal est de nous ramener à la catégorie du même.

Or, nous dit Bergson dans la seconde partie dutexte: « Mais l'expérience pure et simple ne nous dit rien de semblable », puisque « L'expérience nous présente unflux de phénomènes ». Cette conception de la vérité a pourtant son utilité, puisqu'elle nous permet de nous rendre maître de notre rapportau monde, en rendant ce qui est indéterminé prévisible.

Ainsi explique Bergson: « si telle ou telle affirmation relativeà l'un d'eux nous permet de maîtriser ceux qui le suivront ou même simplement de les prévoir, nous disons de cetteaffirmation qu'elle est vraie.

».

la science prévoit le même a partir du différent.

En cela explique Bergson: « uneproposition telle que "la chaleur dilate les corps", proposition suggérée par la vue de la dilatation d'un certain corps,fait que nous prévoyons comment d'autres corps se comporteront en présence de la chaleur » La prévisibilité a donc quelque chose de rassurant, elle nous permet de nous repérer: « elle nous aide à passer d'uneexpérience ancienne à des expériences nouvelles .

Mais si cette conception est erronée; l'erreur réside dans le faitde lui donner un autre rôle que celui de « fil conducteur».

La vérité est que selon Bergson: « La réalité coule ; nouscoulons avec elle : et nous appelons vraie toute affirmation qui, en nous dirigeant à travers la réalité mouvante,nous donne prise sur elle et nous place dans de meilleures conditions pour agir.

».

La grande erreur des philosophesa été de prendre l'intelligence comme un instrument de connaissance, alors qu'elle n'est qu'un instrument d'action.L'action, pour devenir facile et n'avoir pas à réviser sans cesse ses techniques opératoires, exige l'identique et sedétourne de l'hétérogène; elle a besoin de permanence et de stabilité, de types invariables: l'intelligence crée leconcept, qui suppose l'homogène et rassemble le multiple et le divers en son indistincte unité. Force nous est donc, si nous voulons nous représenter l'irréductibilité et l'irréversibilité du réel, de rompre avec leshabitudes du sens commun et de la science; il faut faire violence à l'esprit, lui imposer le désintéressement,remonter, par suite, la pente naturelle de l'intelligence. L'intuition est une saisie immédiate du réel, une sorte d'occultation intellectuelle, par laquelle on parvient à serrerd'aussi près que possible l'original lui-même .

Elle appréhende les choses du dedans non du dehors, et par suite, elledevient identique à cette durée concrète qui définit le réel en ses profondeurs.

L'intuition n'est pas naturelle, pournous y préparer.

Elle consiste après analyse minutieuse du réel, à investir la pensée naturelle ou habituelle de lapensée, orientée d'instinct vers le morcelage et l'immobilité. De là on peut partager là on dire avec Bergson: comment l'intelligence « étreindrait-elle la vie foncière, elle quimarche en sens inverse.

», L'évolution créatrice , page 213-214 Conclusion -La science prétend découvrir le réel et la chose en tentant de déceler du stable à partir de ce qui est mouvant.Elle pense trouver ainsi ce que les choses ont en commun, et donc de profondément nécessaire.. »

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