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Du besoin au désir ?

Publié le 07/02/2004

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Il ne peut arriver à un objet qu'un nombre fini de choses : ce livre ne peut faire chauffer de l'eau, comme le fait une bouilloire. Si j'étais un objet, je ne pourrais donc faire qu'un certain nombre de choses, alors que, en tant que sujet, je suis pour Sartre absolument libre. La fin de la première partie explique pourquoi le sujet ne peut à lui seul avoir le statut d'objet : pour Sartre, il n'y a d'objet que pour un sujet, autrement dit, quelque chose n'a le statut d'objet que s'il y a quelqu'un pour lui donner un tel statut. Pour être à lui seul un objet, le sujet devrait à la fois être objet et sujet, il devrait se tourner vers lui-même, c'est-à-dire être dans un rapport réflexif à lui-même, et donc se dédoubler : comme dans un miroir, il devrait se regarder lui-même. Mais un tel effort est vain par essence, car le sujet est pour le penseur existentialiste une pure négativité : il est la négation de tout ce qui pourrait être affirmé de lui. Le deuxième mouvement du texte analyse ce qu'est essentiellement autrui pour moi. Pour montrer le lien essentiel entre l'existence d'autrui et la possibilité de ma propre objectivité, Sartre évoque une objection naïve : la liberté absolue du « pour soi » pourrait être une illusion, et le sujet pourrait en réalité avoir les traits caractéristiques des objets, c'est-à-dire des caractères définissant complètement et ce qu'il est et ce qu'il lui est possible de faire. Par exemple, tout en me croyant libre d'être généreux, je pourrais être objectivement, et donc nécessairement, généreux, ou objectivement pingre, et je ne pourrais m'empêcher d'être généreux ou pingre. Mais, soutient Sartre, cela revient encore à poser un sujet, puisque tout objet implique par définition un sujet : en supposant que je pourrais être un objet, j'admets l'existence d'un sujet autre que moi-même. L'avant-dernière phrase du mouvement peut donc caractériser la nature d'autrui pour moi : alors qu'autrui est pour lui-même un « pour soi » absolument libre, comme je le suis moi-même pour moi, à mes yeux, en revanche, autrui est celui par lequel «je gagne mon objectivité ».

« La liberté en question dans le rapport des consciences Il faut observer que la liberté du maître est négative, puisqu'elle consiste simplement dans un mouvement denégation de la réalité présente.

Elle tire son héroïsme et son courage de l'absence de crainte de la mort.

Elle seprouve par la force de négation.

Pourtant, la liberté au sens positif serait celle d'une égalité à soi dansl'altérité, une identité de son soi reconnu dans un autre soi, une liberté présente dans la réalité même.

Leserviteur n'a pas de soi : son soi est un autre soi, c'est celui du maître, dans lequel il s'aliène, tout en gardantl'intuition que son soi essentiel est ailleurs, qu'il lui échappe.

Le maître a l'intuition que le Je du serviteur estsupprimé, et que sa propre volonté s'incarne et se conserve dans "son" serviteur.

Craignant son maître, celui-cin'a pas de volonté propre : elle est au service de son maître, par le travail et les services qu'il lui rend.

Mais letravail est précisément ce par quoi le serviteur va s'affranchir de son maître.

Aliéné dans sa volonté et sondésir, il réalise son propre soi par ses oeuvres : il élabore, façonne, transforme la réalité extérieure qui devientson produit, sa chose, son individualité même.

Le serviteur gagne finalement son indépendance grâce et pardevers le maître qui lui a aliéné l'inessentiel (le désir autonome et la volonté) pour lui laisser l'essentiel : lapossibilité de se réaliser par le travail, et de gagner ainsi à l'égard du monde une indépendance et uneautonomie que le maître ne connaît pas, puisqu'il dépend pour sa part - sa subsistance, l'organisation de la viematérielle, la prévision des ressources - du travail, ainsi que de la connaissance et du savoir-faire acquis duserviteur. Le besoin a un objet déterminé au sein de la nature : l'herbivore mange de l'herbe et, par cette action, il assimile enlui l'objet, nie son altérité.

Le désir n'a pas d'objet, il se porte sur un autre désir et vise la reconnaissance de soi-même en tant que désir.

Si j'aime quelqu'un, je ne peux le rabaisser à l'état d'objet, car je ne serai pas aimélibrement en retour.

Il faut donc que je désire être désiré.

Prenons l'exemple d'une relation asymétrique : le maîtreveut être reconnu comme maître régnant sur ses esclaves, mais il ne peut l'être par la reconnaissance de sesesclaves car il ne reconnaîtrait pas leur reconnaissance d'esclave.

Il a donc plutôt besoin d'eux.

Ainsi, lareconnaissance des consciences dans le désir ne peut qu'être mutuelle, contrairement au besoin dont l'un des pôlesest un objet.

Le désir est aussi indéfiniment différé, le désir du désir de l'autre n'est plus une jouissance immédiate,mais un rapport en miroir des consciences. La lutte des consciences • Chaque personne n'est pas une conscience enfermée en elle-même.

Elle est un être placé sous le regard d'autrui,potentiellement capté ou touché par ce regard. "Autrui, en figeant mes possibilités, me révèle l'impossibilité où je suisd'être objet, sinon pour une autre liberté.

Je ne puis être objet pourmoi-même car je suis ce que je suis; livré à ses seules ressources,l'effort réflexif vers le dédoublement aboutit à l'échec, je suis toujoursressaisi par moi.

Et lorsque je pose naïvement qu'il est possible que jesois, sans m'en rendre compte, un être objectif, je supposeimplicitement par là même l'existence d'autrui.

Car comment serais-jeobjet si ce n'est pour un sujet? Ainsi autrui est d'abord l'être pour qui jesuis objet, c'est-à-dire l'être par qui je gagne mon objectivité.

Si jedois seulement pouvoir concevoir une de mes propriétés sur le modeobjectif, autrui est déjà donné.

Et il est donné non comme être de monunivers, mais comme sujet pur.

Ainsi ce sujet pur que je ne puis, pardéfinition, connaître, c'est-à-dire poser comme objet, il est toujours làhors de portée et sans distance lorsque j'essaie de me saisir commeobjet.

Et dans l'épreuve du regard, en m'éprouvant comme objectiviténon révélée, j'éprouve directement et avec mon être l'insaisissablesubjectivité d'autrui." SARTRE.

Autrui occupe dans notre vie une place essentielle : la plupart de nossentiments, par exemple l'amour, de nos désirs, de nos passions et peut-êtremême la pensée supposent l'existence d'autrui.

Or, qu'est-ce qu'autrui pour nous ? Sartre consacre une partie de L'Être et le Néant à analyser la relation existant entre ces deux subjectivitésque nous sommes autrui et moi.

Au cours de cette analyse, il est conduit à étudier le regard, plus précisément lefait d'être regardé par autrui ou, alternativement, de le regarder, puisque ce phénomène révèle l'essence de larelation entre deux subjectivités.

En particulier, c'est par et dans le regard d'autrui, vécu comme une transcendanceabsolument libre, que moi, qui suis une pure subjectivité, ce que Sartre appelle un « pour soi », j'acquiers uneobjectivité.

C'est à ce thème qu'est consacré ce texte.

Sartre développe ce thème en trois moments : dans unpremier temps, jusqu'à « je suis toujours ressaisi par moi », le philosophe rappelle que l'homme est une puresubjectivité, irréductible à toute objectivité, c'est-à-dire au statut ou au mode d'être caractéristique des objets.Ensuite, jusqu'aux mots « autrui est déjà donné », il montre comment autrui me confère cette objectivité.

Enfin,. »

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