Le biologiste peut-il expliquer les phénomènes de la vie uniquement par les causes ou doit-il recourir à des fins ?
Publié le 11/01/2004
Extrait du document
Introduction
Problématique : l'inhumanité de l'homme ne s'inscrit-elle pas au plus profond de son humanité ?
A) L'essence humaine Tout acte se rapportant à l'essence de l'homme, on ne peut dire qu'il est inhumain, du moins stricto sensu. L'inhumanité réside dans l'homme.
B) Existence et liberté La liberté renvoyant à l'infini des possibles, on ne peut dire d'un acte qu'il est inhumain.
C) L'imaginaire et le tragique théâtral
«
biologiste Lucien Cuénot, comme si l'oeil était fait pour voir, l'aile pour voler, la glande mammifère pour nourrir lespetits des Mammifères, la feuille de Dioné pour capturer des Insectes, les crochets de Bardane pour se fixer aupelage des animaux.» Dès lors, l'explication des vivants et des phénomènes vitaux ne doit-elle pas se faire par lesfins, c'est-à-dire par référence au but visé ?Telle est la conception du vitalisme, qui voit dans la vie une réalité spécifique distincte de la matière.
Mais,répondent les mécanistes, le finalisme n'explique rien.
Un même but peut être atteint par des moyens très différents.Par exemple, la vision peut être réalisée par l'oeil des Vertébrés, elle peut l'être aussi par l'oeil à facettes desInsectes.
La fin ne détermine pas la structure.
Dans le meilleur des cas, la fin peut poser le problème ; en aucun caselle ne peut le résoudre.
Ce qui intéresse le savant, ce n'est pas de savoir que l'aile est faite pour voler, mais dedéterminer comment elle permet de voler.
Selon le mécanisme donc, les phénomènes vitaux ne peuvent s'expliquerque par les causes et les lois, ce qui revient à dire que la biologie doit se donner pour objet de les réduire à desphénomènes physico-chimiques.
§ 2.
La théorie cartésienne des animaux-machines
La cinquième partie du "Discours de la Méthode" expose la physique cartésienne, forme résumée du Traité du monde; c'est une déduction rationnelle des principales lois de la nature à partir d'un chaos initial fictif.
« Démontrant leseffets par les causes » (V), il s'appuie sur le principe mécaniste d'une nature explicable par figure et mouvement, etfait ainsi l'économie du recours à la notion d'âme (il développe l'exemple de ses travaux sur les fonctionscardiaques).
C'est particulièrement dans l'étude du vivant qu'un tel geste se trouve mis en relief.
De là, le modèle dela machine ou de l'automate pour penser le corps animal et ses divers mouvements, l'image technique ayant pourvocation de souligner ici l'approche mécaniste du monde naturel.
Mais, là où l'animal peut s'y réduire complètement(car il est tout matière), on doit reconnaître en l'homme, et en l'homme seulement, une composition de deuxsubstances : machine jusqu'à un certain point (le corps), ce qui le caractérise en propre reste l'exercice de lapensée qui, elle, est immatérielle.
Parler avec à propos est le signe extérieur d'une telle spécificité.
La biologie, chapitre de la physique (Descartes).Descartes, préoccupé de physique et, en particulier, de mécanique (= étudede l'enchaînement des causes, qui se dit en grec : mékanè), a considérécurieusement que les animaux sont des machines (théorie de l'animal-machine).
« C'est la nature qui agit en eux, selon la disposition de leursorganes; ainsi qu'on voit qu'un horloge (— une horloge), qui n'est composéque de roues et de ressorts, peut compter les heures, et mesurer le temps,plus justement que nous avec toute notre prudence » (Discours de laMéthode, 1637).
Le problème de l'union de l'âme et du corps.
a) La hiérarchie des âmes selon Aristote.
Aristote distinguait, dans son Traitéde l'Ame :• L'âme végétative, principe de la nutrition et de la croissance des plantes;• L'âme sensitive, principe de la sensation et de la locomotion chez lesanimaux;• l'âme rationnelle (ou dianoétique), qui — chez l'homme — couronne les deuxprécédentes.
b) Chose qui pense ou matière brute.
Descartes rejette absolument cesdistinctions.
« Il n'y a en nous, écrit-il, qu'une seule âme, et cette âme n'a en soi aucune diversité de parties : la même qui est sensitive est raisonnable, et tous ses appétits sont des volontés »(Traité des Passions, art.
47; 1649).
Ceci implique que les animaux, qui ne pensent pas, ne connaissent ni le plaisirni la douleur.
c) L'insoluble question de l'union de l'âme et du corps.• Le corps de l'homme aussi est donc en tous points comparable à une machine (un médecin du XVIIIe s.
écriramême un ouvrage intitulé : L'Homme-machine, 1748).
Au XVIIIe siècle, le médecin philosophe matérialiste La Mettrie prendra très au sérieux la vision mécaniste des êtresvivants, en refusant la distinction de l'âme et du corps et en défendant la thèse de l'homme-machine : les hommes« ne sont au fond que des animaux et des machines perpendiculairement rampantes 9 »; la sensibilité et la pensée sont des propriétés de la matière organisée.
L'homme-machine dérive de l'animal-machine de Descartes mais LaMettrie entend pousser le mécanisme cartésien jusqu'au maximum de ses conséquences logiques: tout ce que lamétaphysique cartésienne attribuait à l'âme (pensées, ides innées) peut être expliqué matériellement.
Tout enl'homme n'est que mécanisme et il revient à la science d'en rendre compte.
• Comment expliquer alors l'union vécue de la « substance étendue » (= la matière) du corps et de la « substancepensante » (= l'âme) ? Descartes localise bizarrement dans la glande pinéale (petite glande située au-dessus ducerveau moyen, que nous nommons aujourd'hui : épiphyse), le point de jonction entre les volitions de l'âme et lesmouvements du corps de l'homme.
(Evitez : « le gland pinéal », perle célèbre rencontrée dans certaines copies !).
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