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Du "Bon Sens" De D'Holbach

Publié le 15/09/2006

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Au XVIII° siècle, les musulmans se sont emparés de Constantinople, la ville sainte et la transforme en Byzance. Cette puissance des empires Perse et Ottoman fascine la France, donnant naissance au courant orientaliste dans tous les domaines artistiques. Galland introduit la mode en traduisant en 1711 « Les mille et une nuits « bien vite reprise par les philosophes des Lumières pour faire passer leurs idées comme Voltaire dans « Zadig « par exemple. D'Holbach, un des rédacteurs de l'Encyclopédie de d'Alembert et de Diderot semble se situer pleinement dans ce mouvement d'orientalisme philosophique lorsqu'il écrit en 1772 son « Bon sens ou Idées Naturelles opposées aux idées surnaturelles «. Nous allons donc tenter de démontrer que le récit est un « apologue oriental « en montrant que c'est un conte oriental dans la plus pure tradition du XIII° siècle puis en constatant les visées didactiques du récit.      En premier lieu on remarque que le texte se présente sous la forme d'un conte, c'est à dire un récit de tradition orale. En effet celui-ci commence avec une formule introductive: “A quelque distance de Bagdad”, que l'on peut rapprocher du célèbre “Il était une fois”. L'auteur emploie dès la seconde ligne les temps caractéristiques du récit comme l'imparfait avec “passait” (l.2), “s'empressaient” (l.3), “comblait” (l.5). Cet usage des temps nous amène à constater la présence d'un schéma narratif précis. En effet la situation initiale est présentée de la ligne 1 à la ligne 10. L'élément perturbateur est « le vœu d'entreprendre pour la septième fois le pèlerinage de la Mecque « à la ligne 10. L'auteur passe alors aux péripéties et utilise alors le présent de narration : « reçoit « (L15), « il se voit « (L17), « rencontre « (L21). On peut situer l'élément de résolution à la ligne 34, lorsque la vision du monde de l'ermite est contrecarrée par « un spectacle hideux «. Le conte se termine, par un bref retour au temps du passé, à la ligne 41, ce que l'on peut interpréter comme la situation finale et qui contient donc la morale de l'histoire. Ensuite, le récit se construit aussi sur un schéma actantiel précis, le sujet étant évidemment, le dervis, il est aussi le destinataire et le destinateur de l'histoire. Le but de sa quête est de montrer sa « reconnaissance « (L10) à Allah et à sa providence. Le principal opposant est le loup qui remet en cause son interprétation naïve du monde. Les adjuvants sont les fidèles et leurs offrandes mais aussi les bienfaits de Allah sur terre, c'est à dire la « contrée riante «, les « coteaux fleuris « (L29). Enfin, ce récit est un conte qui semble s'inscrire dans la tradition orale du genre avec des procédés tels que l'emploi de la première personne du pluriel à la ligne 10 avec « notre ermite fit… « et à la la ligne 27 avec « notre saint… « ; que la présence du style direct, comme à la ligne 25, « Oh Allah… «, qui rend le récit dynamique ; et enfin, tel que les formes anaphoriques, qui prennent une valeur de ritournelle. Ce procédé rappelle le conte Barbe Bleue, dans lequel l'héroïne demande indéfiniment « Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? «.    Le récit d'Holbach est, dans un second lieu, caractérisé par son exotisme et sa fantaisie. On y côtoie en effet, un panel de références précises à la civilisation orientale islamique. Par exemple, le saint homme est un « dervis « (L1), il traverse un conflit en Turcs et Persans (L12) dans le but de faire « son septième pèlerinage à La Mecque «. Il n'est pas surprenant à cette époque de retrouver des références au monde oriental. D'ailleurs durant la période des Lumières d'autres philosophes comme Montesquieu expriment cette tendance à mettre en scène leur écrits dans un monde exotique, notamment dans les « Lettres persanes «. De plus, les personnages évoluent dans un décor où domine le champ lexical de l'oasis avec « les palmiers « (L18), « dattes (L22), « gazon vert « (L25) et « soleil brûlant « (L17). Cependant, ce décor merveilleux peut faire penser aux paradis de la culture occidentale. En effet, le « ruisseau limpide « de la ligne 19 et le fait « d'étendre la main pour cueillir « les fruits rappellent le jardin d'Eden de la Bible ou encore les Champs Elysées de la mythologie grecque. Ensuite, Le récit possède aussi un caractère merveilleux, notamment en donnant la parole aux animaux. Par exemple, à la ligne 42 « Ô Allah ! que tes bontés … « . Ce procédé se retrouve dans d'autres contes tels que Le Chat Botté ou Le roman de Renart.      Après avoir montré que le récit de d'Holbach est un conte dans la tradition populaire et qu'il est exotique, nous allons illustrer sa valeur didactique.    Celle-ci est double. Il y a deux morales dans ce conte et chacune d'elle est abordée de façon différente. La première, la plus explicite, est une dénonciation de la guerre. L'auteur procède par contraste avec l'environnement paradisiaque du début de l'histoire. On a d'une part, le champ lexical de la tranquillité, de l'apaisement, avec « lieu solitaire «, « paix « (L19), « retraite enchantée « (L21), « doux repos « (L24) et d'autre part le champ lexical de la mort et du massacre avec « fer « (L35), « cadavres « (L36), « bataille sanglante « (L37). On trouve aussi des formes hyperboliques comme l'accumulation des animaux charognards à la ligne 37 et l'hyperbole avec « cent mille cadavres « (L36). Le récit s'inscrit donc dans le registre tragique. Le contraste se trouveπ aussi dans la transformation du conte merveilleux en conte de l'horreur notamment par l'apparition du personnage clé du loup que l'on retrouve dans la culture occidentale comme l'ennemi de l'homme (« Le Grand méchant loup «). Celui-ci est « gorgé de chaire humaine «, ce qui le rend particulièrement dangereux. Ainsi, l'auteur veut sans doute montrer que la guerre fait triompher l'ennemi de l'homme, et le livre en pâture à lui. Cependant, le personnage du loup peut aussi forcer le lecteur du XVIII° à penser à la célèbre citation de Hobbes, « L'homme est un loup pour l'homme «. Ainsi, le loup ne serait que la forme animalisée de l'humain, le résultat de la guerre qui l'a rendu sauvage. : la guerre rabaisse l'homme au rang d'animal. La dénonciation de la guerre passe donc par la démonstration de ses méfaits et du mal qu'elle amène.    Le procédé est différent en ce qui concerne la seconde morale. En effet, celle-ci est beaucoup plus implicite puisqu'elle relève de la subtilité du pastiche. En effet, le personnage naïf du dervis nous fait penser à celui de Candide dans le roman éponyme. Il fait aveuglément confiance à son Dieu et à sa providence, c'est-à-dire que selon lui, rien n'est dû au hasard, mais tout à la bienveillance divine. Comme le protagoniste de Voltaire, le saint homme change d'avis lorsqu'il est confronté à l'horreur de la guerre. En effet, l'émerveillement du dervis est traduit par une accumulation d'exclamations panégyriques à la gloire de Allah : celui-ci est désigné par des périphrases telles que « monarque des cieux «, « père de la nature «, et le héros répète sans cesse « Ô Allah ! «. Cette exaltation peut montrer l'ironie du narrateur par rapport à la naïveté du saint homme. L'ironie est aussi présente dans le fait que ce dernier connaît déjà la guerre comme le montre la ligne 11, puisqu'il « traverse sans obstacle les détachements ennemis « lors de la guerre entre Turcs et Persans mais, comme il n'est pas « molesté « par eux, il n'est pas confronté à l'horreur des combats.Il continue à croire que tout est bien dans le meilleur des mondes, ainsi, plutôt que de constater l'échec de sa philosophie, il ignore les faits qui la contredisent. À la fin du conte, cette vision est remise en question. Le dervis gravit une « montagne rude à franchir « (L32), que l'on peut voir comme une métaphore du préjugé, qu'il surmonte avec peine. La lutte contre l'obscurantisme est un thème récurrent à l'époque des Lumières, cette interprétation est donc plausible. Ensuite, sa philosophie se trouve totalement bouleversée par la remarque du loup qui est donc encore une fois le porteur de la morale. En effet, celui-ci répète la formule « O Allah ! que tes bontés sont grandes pour les enfants… « à la ligne 42. Cela montre que la providence est subjective puisque ce qui fait le malheur des uns fait le bonheur des autres. La situation est renversée et les loups, victimes habituelles des hommes « destructeurs de leur espèce «, font de leurs prédateurs « des repas somptueux « (L46) et attribuent eux aussi cela à la bienveillance divine.      Au terme de cette étude, nous avons donc pu constater que le récit de d'Holbach a toutes les caractéristiques d'un conte oriental traditionnel. Cependant à cela s'ajoute une visée didactique qui transforme ce conte en apologue.

« guerre fait triompher l'ennemi de l'homme, et le livre en pâture à lui.

Cependant, le personnage du loup peut aussi forcer le lecteurdu XVIII° à penser à la célèbre citation de Hobbes, « L'homme est un loup pour l'homme ».

Ainsi, le loup ne serait que la formeanimalisée de l'humain, le résultat de la guerre qui l'a rendu sauvage.

: la guerre rabaisse l'homme au rang d'animal.

Ladénonciation de la guerre passe donc par la démonstration de ses méfaits et du mal qu'elle amène. Le procédé est différent en ce qui concerne la seconde morale.

En effet, celle-ci est beaucoup plus implicite puisqu'elle relève dela subtilité du pastiche.

En effet, le personnage naïf du dervis nous fait penser à celui de Candide dans le roman éponyme.

Il faitaveuglément confiance à son Dieu et à sa providence, c'est-à-dire que selon lui, rien n'est dû au hasard, mais tout à labienveillance divine.

Comme le protagoniste de Voltaire, le saint homme change d'avis lorsqu'il est confronté à l'horreur de laguerre.

En effet, l'émerveillement du dervis est traduit par une accumulation d'exclamations panégyriques à la gloire de Allah :celui-ci est désigné par des périphrases telles que « monarque des cieux », « père de la nature », et le héros répète sans cesse «Ô Allah ! ».

Cette exaltation peut montrer l'ironie du narrateur par rapport à la naïveté du saint homme.

L'ironie est aussi présentedans le fait que ce dernier connaît déjà la guerre comme le montre la ligne 11, puisqu'il « traverse sans obstacle les détachementsennemis » lors de la guerre entre Turcs et Persans mais, comme il n'est pas « molesté » par eux, il n'est pas confronté à l'horreurdes combats.Il continue à croire que tout est bien dans le meilleur des mondes, ainsi, plutôt que de constater l'échec de saphilosophie, il ignore les faits qui la contredisent.

À la fin du conte, cette vision est remise en question.

Le dervis gravit une «montagne rude à franchir » (L32), que l'on peut voir comme une métaphore du préjugé, qu'il surmonte avec peine.

La lutte contrel'obscurantisme est un thème récurrent à l'époque des Lumières, cette interprétation est donc plausible.

Ensuite, sa philosophie setrouve totalement bouleversée par la remarque du loup qui est donc encore une fois le porteur de la morale.

En effet, celui-cirépète la formule « O Allah ! que tes bontés sont grandes pour les enfants… » à la ligne 42.

Cela montre que la providence estsubjective puisque ce qui fait le malheur des uns fait le bonheur des autres.

La situation est renversée et les loups, victimeshabituelles des hommes « destructeurs de leur espèce », font de leurs prédateurs « des repas somptueux » (L46) et attribuent euxaussi cela à la bienveillance divine. Au terme de cette étude, nous avons donc pu constater que le récit de d'Holbach a toutes les caractéristiques d'un conte orientaltraditionnel.

Cependant à cela s'ajoute une visée didactique qui transforme ce conte en apologue.. »

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