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Bonheur et vertu ?

Publié le 12/02/2004

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.. il n'a jamais lieu qu'en vue de l'acte que l'on veut accomplir plus tard »). L'acte dont il s'agit ici correspond à la notion d'acte dont nous avons parlé plus haut. Le repos de détente est un des moyens par lesquels nous parvenons à réaliser ce que nous avons à être. 3. L'activité qui procure le plus grand bonheur est une chose sérieuse (« La vie heureuse...plus de bonheur. ») A. La vie heureuse étant la vie vertueuse, et la vertu consistant dans une chose sérieuse, l'amusement ne saurait procurer le bonheur le plus grand. De la même façon qu'au début du texte, l'auteur commence par établir au moyen d'un raisonnement très elliptique, ce qu'il cherche à montrer, et ne donne que par la suite la justification de ses présupposés. Il faut expliquer ici pourquoi la vie heureuse correspond à la vie vertueuse, et pourquoi la vie vertueuse est une chose sérieuse.

« Mais cela n'invalide en rien le raisonnement d' Epicure , lequel dément l'interprétation déjà présente à son époque de sa doctrine : « Quand nous disons que le plaisir est notre but ultime, nous n'entendons pas par là le plaisir des débauchés ni ceux qui se rattachent à la jouissance matérielle, ainsi que le disent ceux qui ignorent notre doctrine, ou qui sont en désaccord avec elle ou quil'interprètent dans un mauvais sens.

Le plaisir que nous avons en vue est caractérisé par l'absence de souffrances corporelles et detroubles de l'âme.

Ce ne sont pas les beuveries et les orgies continuelles des jeunes garçons et des femmes, les poissons et les autresmets qu'offre une table luxueuse, qui engendrent la vie heureuse, mais la raison vigilante qui recherche minutieusement les motifs dece qu'il faut rechercher ou éviter, et qui rejette les vaines opinions grâce auxquelles le plus grand trouble s'empare de l'âme.

» Ceux qui vivent en cédant à l'attrait du plaisir immédiat, qui cultivent les désirs vains, qui accordent une importance extrême auxobjets de leurs désirs, ceux-là n'ont rien compris au plaisir, et se condamnent à la souffrance. La vraie philosophie du plaisir est celle, apparemment austère, d' Epicure .

Celle qui prône le plaisir, mais guidé par la raison vigilante. Si le véritable épicurisme semble austère, proche de l'ascétisme, on conclura par une sentence d' Epicure : « Dans les autres occupations, une fois qu'elles ont été menées à bien avec peine, vient le fruit ; mais, en philosophie, le plaisir va du même pas que laconnaissance : car ce n'est pas après avoir appris que l'on jouit du fruit, mais apprendre et jouir vont ensemble. » Il est vrai que la recherche du plaisir est insatiable et source d'avidité.

Mais, l'idéal de vie proposé par Epicure est plus proche de l'ascétisme que de l'hédonisme.

Le plaisir ne réside pas dans la simple satisfaction des besoins élémentaires.

La vision du sage qui seréjouit d'accompagner parfois son pain d'un peu de fromage de chèvre ne peut plus guère nous séduire aujourd'hui. 2.

Le bonheur comme effet de la vertu Nous ne sommes pas heureux de ce que la nature et la bonne fortune nous permettent de jouir mais d'une conduite qui nous met àl'abri de leurs revers.

On peut être heureux en étant esclave, comme Épictète (Manuel), ou malade parce que notre bonheur dépendd'autre chose que de ce qui nous arrive.

Il est la satisfaction que nous tirons de nous-mêmes.

C'est pourquoi il faut lier sa conquête àla vie vertueuse.

On n'accède au bonheur qu'en échappant au mirage des biens qui sont censés y contribuer.

Aristote (Éthique àNicomaque) peut ainsi montrer que le bonheur est un effet de la vertu, parce que pratiquer la vertu c'est accomplir nos véritablesaspirations.

En étant vertueux, nous ne manquons plus de rien.

Pour Aristote , le bonheur est la fin suprême, au-delà de laquelle on ne saurait penser d'autres fins.

Il a donc une valeur de bien en soi.

Mais il ne réside ni dans la rechercheeffrénée de plaisirs, ni dans la bonne fortune (la chance), mais dans l'activité raisonnable etmaîtrisée qui prend comme fin l'accomplissement plénier de soi-même en accord avec lavertu.

La plupart des hommes ne pouvant mener une vie conforme à la vertu intellectuellede la sagesse et atteindre ainsi dans la vie contemplative le Souverain Bien, doivent agirselon la vertu de prudence (« phronésis »), en évitant les deux extrêmes de la démesure et de l'inertie.

Il s'agit donc de discerner dans chaque situation où est le juste milieu (médiété)de manière à combiner harmonieusement le souhaitable et le possible.

Le juste milieu doitse rechercher aussi bien pour les états affectifs ou passions (ainsi le courage est le justemilieu de la témérité et de la peur) que pour les actions (ainsi la libéralité est le juste milieude la prodigalité et de la parcimonie). Une telle sagesse pratique unit étroitement l'aspiration au bonheur et la vertu.

Prendrecomme fin suprême une amélioration de soi, viser des actions les meilleures possibles,n'exige pas le renoncement à tous les plaisirs. A première vue, l'existence d'un objet suprêmement désirable qui serait la cause finale des activités humaines ne fait pas dedoute.

Tous les hommes désirent être heureux , constate Aristote dans l' « Ethique à Micomaque ».

Le bonheur constitue le souverain bien, car il est recherché comme une fin absolue et non relative.

Chaque activité particulière tend vers quelque bien :la médecine vers la santé, l'art militaire vers la victoire, l'art financier vers la richesse.

Ces biens, cependant, ne sont paspoursuivis pour eux-mêmes, mais seulement comme des moyens en vue d'une fin plus haute qui est le bonheur.

Toutes les finsparticulières se subordonnent à cette fin suprême unique qui n'est plus un moyen en vue d'une fin ultérieure, mais qui estrecherché en elle-même et pour elle-même.

Nous désirons être heureux pour être heureux. Toutefois, constate Aristote , s'il y a convergence sur le nom de ce bien suprêmement désirable, il y a divergence concernant sa nature.

Quel est cet objet mystérieux qui appelle tous nos voeux ? Le stagirite recense les objets possibles et définit sur cettebase trois grands types de vie : la vie de jouissance, plus particulièrement propre à la foule, la vie politique, à laquelle aspirentsurtout les gens cultivés soucieux de l'honneur, et la vie contemplative prisée par les sages Il examine d'abord la vie de jouissance et s'interroge sur la question de savoir si le désir tend au plaisir comme à sa fin ultime.Aristote ne rejette pas l'hédonisme, car il concède que toute activité sensible ou intelligible s'accompagne de plaisir lorsqu'elle s'exerce dans des conditions favorables, mais il ne saurait consentir à l'assimiler au bien suprême pour plusieurs raisons.

Lafoule qui aspire à une vie de jouissance ne vise pas les plaisirs raffinés de l'intellect, mais les débauches grossières et lesripailles d'un Sardanapale .

Or, chaque être vivant a une « hexis », une vertu propre, et l'excellence pour chacun consiste à remplir au mieux la fonction qui convient à sa nature.

Une vie de plaisir revient à développer et à porter à son degré maximal lapartie sensitive ne nous distingue en rien des bêtes qui éprouvent comme nous des sensations de plaisir et de peine.

Grossière etpartielle, la satisfaction hédoniste ne saurait convenir à un animal raisonnable. Le plaisir, par ailleurs, n'est jamais la fin dernière de nos activités, mais une fin surajoutée qui les couronne lorsqu'elles sontmenées à bien.

Ainsi l'acte de voir, lorsqu'il unit une vue parfaite et un objet parfait, produit une jouissance esthétique.

Maisl'acte pourrait se réaliser sans plaisir, car la but de la vision est la perception de l'objet.

Le plaisir n'est donc pas la cause finalede l'acte, mais il résulte d'une bonne adaptation de la faculté à son objet.

Il apparaît donc comme un luxe, une fin qui s'ajoute àl'acte, qui le perfectionne et le rend plus désirable.

« Le plaisir achève l'acte non pas comme le ferait une disposition immanente au sujet, mais comme une sorte de fin survenue par surcroît, de même qu'aux hommes dans la force de l'âge vient s'ajouter lafleur de la jeunesse. » Le plaisir est une sorte de surplus gracieux qui parachève le but. Outre les raisons développées par le stagirite, il faut remarquer que le plaisir ne peut constituer le suprême désirable en vertu de. »

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