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BOSSUET (1617-1704) MADAME SE MEURT ! MADAME EST MORTE ! (Oraison funèbre d'Henriette d'Angleterre)

Publié le 20/09/2011

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Considérez, Messieurs, ces grandes puissances que nous regardons de si bas ; pendant que nous tremblons sous leur main, Dieu les frappe pour nous avertir. Leur élèvation en est la cause ; et il les épargne si peu qu'il ne craint pas de les sacrifier à l'instruction du reste des hommes. Chrétiens, ne murmurez pas si Madame a été choisie pour nous donner une telle instruction : il n'y a rien ici de rude pour elle, puisque, comme vous le verrez dans la suite, Dieu la sauve par le même coup qui nous instruit. Nous devrions être assez convaincus de notre néant : mais s'il faut des coups de surprise à nos coeurs enchantés de l'amour du monde, celui-ci est assez grand et assez terrible. 0 nuit désastreuse ! ô nuit effroyable où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle : Madame se meurt! Madame est morte ! Qui de nous ne se sentit frappé à ce coup, comme si quelque tragique accident avait désolé sa famille ? Au premier bruit d'un mal si étrange, on accourut à Saint-Cloud de toutes parts ; on trouve tout consterné, excepté le coeur de cette princesse: partout en entend des cris; partout on voit la douleur et le désespoir, et l'image de la mort. Le roi, la reine, Monsieur, toute la cour. tout le peuple, tout est abattu, tout est désespéré ; et il me semble que je vois l'accomplissement de cette parole du prophète : " Le roi pleurera, le prince sera désolé, et les mains tomberont au peuple de douleur et d'étonnement. " Mais et les princes et les peuples gémissaient en vain : en vain Monsieur, en vain le roi même tenait Madame serrée par de si étroits embrassements. Alors ils pouvaient dire l'un et l'autre avec saint Ambroise...

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« 1.

- L'ORAISON FUNtBRE: jusqu'alors genre mondalD, sorte d'éloge funèbre - panégyrique m - prononcé lors des obsèques d'un grand personnage, l'oraison funèbre est devenue avec Bossuet, un discours très proche du Sermon, c'est-à-dire une leçon morale, fondée sur les vérités de l'Evangile, et illustrée par l'exemple du personnage défunt.

II.

- L'ORAISON FUNtBRE D'HENRIE'ITE D'ANGLETERRE : A.

Les circonstances: prononcée le 21 août 1670 à Saint-Denis.

Henriette d'Angleterre, Madame, épouse du duc d'Orléans, frère de Louis XIV, sœur de Charles Il, roi d'Angleterre.

-morte à Saint­ Qoud, à l'âge de vingt-six ans, de façon assez mystérieuse (empoisonnement?) -très admirée et aimée à la Cour.

Cf.

témoignages de : Molière, Racine, Mme de Sévigné.

B.

La sipiflcation : une terrible leçon de la Providence, un développement rigoureux et émouvant.

1.

lignes 1-9 : l'apostrophe (2) solennelle, l'avertissement de Dieu ; 2.

lignes 9-18 : l'évocation de la mort de Madame : une scène de douleur et de déSespoir ; 3.

lignes 19-30: la méditation et son prolongement lyrique.

III.

- LE S'IYLE ORATOIRE : vigueur et diversité.

La technique de l'éloquence mise au service de l'émotion et de l'édification (3), -l'émotion du prédicateur : « ô nuit désastreuse...

Madame est morte ! Quoi donc ! elle devait périr sitôt ! - l'édification de l'assistance: l'appel pressant : Considérez, Messieurs, Chrétiens, ne murmurez pas ...

; le rappel des vérités essentielles : ( 1 l Panégyrique : discours vantant, parfois avec excès, les mérites d'un homme ou d'une œuvre.. »

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