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Candide ou l'optimisme - Voltaire: Chapitre 19

Publié le 11/09/2006

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Introduction : François Marie Arouet dit Voltaire (1694/1778), écrivain, penseur et philosophe français du XVIIIe siècle ; il est l’auteur d’un ensemble d’ouvrages dont Œdipe (tragédie), Lettres philosophiques, (roman épistolaire) Traité sur al tolérance (Essai), Zadic, Zaïre, Micromùégas, Candide ou l’optimisme, L’Ingénu (contes) qui ont fait de lui l’une des figures de proue du siècle des Lumières. Dans Candide ou l’optimisme (1759), Voltaire fait voyager son héros de l’Europe vers le nouveau monde. Là, Candide espère ne plus voir le Mal qu’il vu en Europe (guerres, intolérance religieuse, despotisme et tyrannie). Or, s’il découvre l’utopie de l’Eldorado (chapitres 17 et 18), il découvre aussi un mal méconnu en Europe parce que lointain, l’esclavage. L’extrait que nous nous proposons de commenter traite de la thématique de l’esclavage, un fléau très répandu dans le nouveau monde. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître, M. Vanderdendur , le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. Axe de lecture : Comment dans ce réquisitoire du nègre, Voltaire dénonce le fléau de l’esclavage. Nous nous proposons d’étudier cet extrait à la lumière du plan suivant : I- La mise en scène voltairienne II- Le raisonnement réquisitoire I- La mise en scène voltairienne. - une attitude résignée : le nègre montre une résignation et une passivité qui disent sa soumission : « j’attends mon maître « Mieux, il dit son impuissance face à ce qu’il nomme ‘l’usage’ et qui est en fait la conséquence de la codification de l’esclavage par Le code noir de triste mémoire. Son attitude passive montre sa soumission : « c’est l’usage « Il fait référence à une codification établie : « je me suis trouvé dans les deux cas « (simple constat, sans connotations, ni commentaire). - un récit accablant : le récit révèle la participation d’hommes d’église au trafic d’esclaves sur les cotes africaines. . L’énonciation : elle est sous forme de dialogue (question/ réponse) et de discours rapporté : . Le ton accusateur : le nègre esclave est présenté comme une victime et l’européen est un prédateur. L’accusateur n’innocente personne puisque même les africains sont présentés comme des complices de ce trafic. En effet, il fait de sa propre mère la personne qui l’a vendu pour ‘assurer sa fortune’. - l’exotisme : un certain nombre de termes à caractère exotique sont utilisés pour crédibiliser récit et séduire un public européen qui, à l’époque, découvre le monde et ses différences : . Le terme fétiche : il fait allusion au fait que les africains n’ont pas les mêmes croyances que les européens et qu’ils sont, malgré les missionnaires envoyés pour les convertir, attachés à certains restes des religions animistes. . Écus patagons : monnaie en usage en Patagonie . Guinée : pays d’Afrique occidentale sur la cote atlantique, ce qui rendait facile le transport des esclaves. - l’onomastique : jeu de mot de Voltaire sur le nom d’un libraire hollandais nommé Van Durren auquel il voue une haine mortelle et que l’on retrouve dans le conte sous l’aspect d’un voleur et d’un esclavagiste. II- Le raisonnement réquisitoire. Voltaire metteur en scène va compléter son travail par ce réquisitoire fortement structuré qu’il met dans la bouche de son nègre qui n’est en fait qu’un personnage de papier - L’argumentation : Voltaire fait de son nègre le principal agent d’une argumentation fortement structurée : . Organisation : description de sa situation- les conséquences du Code noir - un récit explicatif- un argumentaire pour dénoncer la duplicité des discours (à la fois des parents et des prêtres). Le récit du nègre décrit la collusion entre deux systèmes de pensée et deux discours : . celui de ses parents : ils pensent qu’en vendant leur enfant, ils sera plus heureux là où il vivra à moins que ce ne soit seulement une attitude purement mercantile, ce qui serait le comble de l’horreur. Voltaire ne tranche pas, laisser le doute et la suspicion planer. . celui des prêtres et des missionnaires : les s hommes de religion qui disent une chose à l’église et que la réalité pratique dément (allusion à la filiation d’Adam, ce qui fait de tous les hommes des parents.) : « Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. « - l’argent, le profit : le discours du nègre permet de montrer que les valeurs suprêmes sont celles de l’argent et du profit que ce soit en Afrique ou en Europe. - Les blancs, complices : par leur silence et pour leur confort, les européens sont complices des esclavagistes : « C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. « - la duplicité des hommes de religion : elle est accusée d’être complice des esclavagistes en recommandant une soumission passive aux esclaves et en leur racontant de fausses vérités (la fraternité humaine). C’est la duplicité même des hommes de religion qui mise à l’index. Conclusion : Ce texte est un produit patent de l’esprit des Lumières : Voltaire prend la défense des esclaves et dénonce l’esclavage et les esclavagistes. Il opte pour une sorte de réquisitoire où le discours est celui de la victime. Voltaire cherche l’excès pour mieux provoquer la révolte face à un mal créé par l’homme blanc, l’européen. Il met en crise tout discours optimiste en mettant l’accent sur une souffrance humaine. Le ton est accusateur puisqu’il cloue au piloris toute la chaîne esclavagiste : pourvoyeurs (les parents), profiteurs (Les marchands tels Vanderdendur) les prêtres (qui racontent des mensonges aux noirs en les convertissant).

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« Voltaire metteur en scène va compléter son travail par ce réquisitoire fortement structuré qu'il met dans la bouche de son nègrequi n'est en fait qu'un personnage de papier- L'argumentation : Voltaire fait de son nègre le principal agent d'une argumentation fortement structurée :.

Organisation : description de sa situation- les conséquences du Code noir - un récit explicatif- un argumentaire pour dénoncer laduplicité des discours (à la fois des parents et des prêtres).Le récit du nègre décrit la collusion entre deux systèmes de pensée et deux discours :.

celui de ses parents : ils pensent qu'en vendant leur enfant, ils sera plus heureux là où il vivra à moins que ce ne soit seulementune attitude purement mercantile, ce qui serait le comble de l'horreur.

Voltaire ne tranche pas, laisser le doute et la suspicionplaner..

celui des prêtres et des missionnaires : les s hommes de religion qui disent une chose à l'église et que la réalité pratique dément(allusion à la filiation d'Adam, ce qui fait de tous les hommes des parents.) : « Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disenttous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs.

Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheursdisent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains.

Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'unemanière plus horrible.

»- l'argent, le profit : le discours du nègre permet de montrer que les valeurs suprêmes sont celles de l'argent et du profit que cesoit en Afrique ou en Europe.- Les blancs, complices : par leur silence et pour leur confort, les européens sont complices des esclavagistes : « C'est à ce prixque vous mangez du sucre en Europe.

»- la duplicité des hommes de religion : elle est accusée d'être complice des esclavagistes en recommandant une soumissionpassive aux esclaves et en leur racontant de fausses vérités (la fraternité humaine).

C'est la duplicité même des hommes dereligion qui mise à l'index. Conclusion : Ce texte est un produit patent de l'esprit des Lumières : Voltaire prend la défense des esclaves et dénonce l'esclavage et lesesclavagistes.

Il opte pour une sorte de réquisitoire où le discours est celui de la victime.Voltaire cherche l'excès pour mieux provoquer la révolte face à un mal créé par l'homme blanc, l'européen.

Il met en crise toutdiscours optimiste en mettant l'accent sur une souffrance humaine.

Le ton est accusateur puisqu'il cloue au piloris toute la chaîneesclavagiste : pourvoyeurs (les parents), profiteurs (Les marchands tels Vanderdendur) les prêtres (qui racontent des mensongesaux noirs en les convertissant).. »

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