Les Caprices de Marianne
Publié le 30/03/2013
Extrait du document
Publiée en 1833, cette pièce en deux actes ne fut représentée qu'en 1851. Le choix d'un Naples de fantaisie, le mélange du comique et du tragique révèlent une certaine influence de Shakespeare...
«
« Quelle est cett e
m asca ra d e ? ,.
EXTRAITS--------
Cœlio év oq ue poétiquement
son
amour impossible
CŒLIO, rentrant.
- Malheur à celui qui, au
milieu de la jeunesse, s'abandonne à un
amour sans
espoir ! Malheur à celui qui se
livre à une douce rêve
rie avant de savoir où
sa chimère le mène,
et s'il peut être payé
de retour ! Mollement
couché dans une
barque, il s'éloigne
peu à peu de la rive ; il
aperçoit au loin des
plaines enchantées, de
vertes
prairies et le
mirage léger de son
Eldorado.
Les vents
/'entraînent en silence,
et quand la réalité le
réveille,
il est aussi
loin du but où il aspire
que du rivage qu'il a
quitté.
Acte I, scène 1
Octave définit l'amour en ces termes
OCTAVE.
-Un mal le plus cruel de tous,
car c'est un mal sans espérance ; le plus
terrible, car c'est un mal qui se chérit
lui-même, et repousse la coupe salutaire
jusque dans la main de /'amitié ; un
mal qui
fait pâlir les lèvres sous des poisons plus
doux que /'ambroisie, et qui fond en une
pluie de larmes le cœur le plus dur, comme
la perle de Cléopâtre.
Acte I, scène 2
Cœlio est pris
au piège destiné
à Octave .
Se croyant trahi , il se laisse
tuer
CLAUDIO.
- Laissez-le entrer, et jetez-vous
sur lui dès
qu'il sera parvenu à ce bosquet.
( ...
)
TIBIA.
-Le voilà qui arrive.
Tenez, monsieur, voyez
comme son ombre est grande !
c'est
un homme d'une belle stature.
CLAUDIO.
- Retirons-nous à /'écart, et frap
pons quand
il en sera temps.
(Entre Cœlio.)
cœuo, frappant à la jalousie.
- Marianne,
Marianne, êtes-vous là ?
MARIANNE, paraissant à la fenêtre.
- Fuyez,
Octave ; vous n'avez donc pas reçu ma
lettre ?
CŒLIO.
-Seigneur mon Dieu ! Quel nom
ai-je entendu ?
MARIANNE.
- La maison est entourée d'as
sassins ; mon mari vous a vu entrer ce soir ;
il a écouté notre conversation, et votre mort
est certaine, si vous restez une minute
encore.
CŒLIO.
-Est-ce un rêve ? suis-je Cœlio ?
MARIANNE.
-Octave, Octave, au nom du Ciel
ne vous arrêtez pas.
Puisse-t-il être encore
temps de vous
échapper! Demain, trouvez
vous, à midi,
dans un confessionnal de
l'église, j'y serai.
(La
jalousie se referme.)
CŒLIO.
- Ô mort !
puisque tu es là, viens
donc à mon secours.
Octave, traître Octave,
puisse mon sang retom
ber sur toi ! Puisque
tu savais quel sort
m'attendait ici, et que
tu m'y as envoyé à ta
place, tu seras satisfait
dans ton désir.
Ô mort!
je t'ouvre les bras ; ,
voici le terme de mes
maux.
(Il sort.
On en
tend des cris étouffés et
un bruit éloigné dans le
jardin.)
Acte II, scène 5
« Une certa ine
Rosalinde, qui est
rou sse et qui est toujo urs à sa fenêt re.
»
NOTES DE L'ÉDITEUR Musset ou la Difficulté d'aimer, Sedes,
1978.
Rosen, Archives
des lettres modernes
n° 173, 1977.
«Plus encore qu'André del Sarto,
Les Caprices de Marianne
donne
l'impression
d'un talent en pleine maturité.
Jamais peut-être le dramaturge
n'a su allier
a u tant de poésie et de lucidité, une si
grande sensibilité et tant de désinvolture
dans une pièce de théâtre que son côté
tragique ne dénature pas.
Ni comédie ni
drame, elle est indéfinissable, mais
c'est
une œuvre profonde.» Yves Lainey,
« Dans la comédie de Musset, c'est au
personnage d'Octave que se voit dévolue
la fonction de promouvoir le schème
carnavalesque.
Plein d'exubérance au centre
de la mascarade
qu'il dirige allègrement,
l 'Arlequin-funambule impose en effet
un univers de dérision dans lequel le
respectable se mue en risible, et le sérieux
en grotesque.
» Ruth Amossi et Elishua
1 Musset par Landez, musée de Versailles/ Sipa-lcono 2, 3, 4, 5 ill.
de U.
Brunelleschi/ éd.
H.
Piazza, Paris, 1913
« Événements et personnages, par un
dérangement subtil, sa main les détache du
réel et les fait passer sur le plan fabuleux.
C'est-à-dire
qu'il gouverne vers ce lieu
idéal du théâtre poétique -
je n'ose dire : du
théâtre pur -où seuls peut-être en France
Marivaux, et quelquefois Beaumarchais, se
sont aventurés.
» Jacques Copeau, Musset et
sa fortune littéraire,
Éditions Ducros, 1970.
MUSSET05.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- caprices de Marianne
- CAPRICES DE MARIANNE (Les) Alfred de Musset - résumé de l'oeuvre
- Caprices de Marianne (les) d'Alfred de Musset (résume et analyse complète)
- CAPRICES DE MARIANNE (Les). (résumé & analyse)
- Commentaire de texte Les caprices de Marianne