Devoir de Philosophie

Catherine de Russie

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

Rien ne semblait prédestiner la princesse Sophie-Augusta-Frédérique d'Anhalt-Zerbst, née à Stettin le 2 mai 1729, au trône impérial de Russie. Fille du prince Chrétien-Auguste et de Jeanne de Holstein Gottorp (autre petite principauté prussienne), dont elle paraît avoir hérité l'intelligence et la vitalité, la future Catherine II n'avait connu à Stettin, dont son père était gouverneur, qu'une enfance monotone et effacée. Elle paraissait déjà vouée, entre ses précepteurs huguenots et sa gouvernante française, à la même besogneuse obscurité que ses ancêtres, quand son bon génie se déclara : désireuse de marier son neveu, le grand-duc Pierre, orphelin de quatorze ans et dernier descendant de Pierre le Grand, l'impératrice Élisabeth Petrovna fixait en effet son choix sur sa lointaine parente, Sophie-Augusta, qui arrivait, dès janvier 1744, dans sa patrie d'adoption qu'elle ne devait plus jamais quitter. Aussitôt convertie à l'orthodoxie et rebaptisée Catherine Alexeïevna, elle épousait l'année suivante (août 1745) le grand-duc Pierre, que la variole avait entre-temps défiguré. Il était difficile d'imaginer deux êtres plus dissemblables que le prince héritier et sa jeune épouse, dont la vivacité et le charme faisaient ressortir par contraste le manque de maturité affective ­ et physique ­ de son mari. Sept ans plus tard, leur mariage n'était, semble-t-il, toujours pas consommé ; et la naissance, en septembre 1754, du futur Paul Ier ne suffisait pas à lever tous les doutes.

« travaux de cette assemblée ; dans l'immédiat, elle en avait retiré, avec le titre de "Mère de la Patrie", une légitimitéaccrue, et se trouvait désormais en mesure de gouverner par elle-même. Tâche épineuse : un instant retombée dans l'attente de réformes, la fermentation rurale n'avait pas tardé às'aggraver depuis la dispersion de la commission, dont les paysans avaient escompté, contre toute vraisemblance,leur affranchissement.

A la faveur de la guerre russo-turque qui retenait aux frontières les troupes impériales, larévolte (septembre 1773-septembre 1774) d'un cosaque illettré, mais aussi décidé que brave, Pougatchev, menaçaitbientôt le trône de Catherine II plus sûrement que ne l'avaient fait les complots mort-nés des premières années deson règne.

Née dans les confins de l'Oural, la révolte avait rapidement contaminé tout le bassin de la Volga etrameuté une nuée de serfs et de paysans en fuite, dont le ralliement donnait dès lors à l'insurrection le caractèred'une véritable guerre paysanne.

Un moment, la prise de Kazan (juillet 1774) parut même annoncer le siège deMoscou ; mais Pougatchev, mal conseillé, se replie, talonné par les troupes que Catherine avait rappelées en toutehâte du front turc.

Trahi par ses fidèles, "Monsieur le marquis de Pougatchev", comme l'appelait, non sans crânerie,l'impératrice, est capturé (septembre 1774) et supplicié à Moscou en janvier de l'année suivante.

C'est alors ledébut d'une méthodique répression qui dépasse encore en horreur les atrocités de la révolte. Faisant suite à l'insuccès de la "grande commission" législative, l'insurrection de Pougatchev ne devait pas restersans conséquences.

Répudiant désormais les pompes et les œuvres de la philosophie, Catherine II se pose de plusen plus, comme le prouvent ses grandes réformes de 1775 et de 1785, en "tsarine des nobles".

A elles seules, lasoudaineté et l'extension de la révolte démontraient la nécessité d'une refonte et d'une décentralisationadministratives.

Ce devait être l'objet de l'ordonnance sur les gouvernements (avril 1775), qui découpe la Russie encinquante provinces, subdivisées elles-mêmes en districts, dont l'administration est remise aux mains des nobles quiconfisquent dès lors toute la vie politique locale.

Ainsi est fixé pour près d'un siècle le visage administratif de laprovince russe, tandis que l'amélioration des voies de communication et la multiplication corrélative des garnisonspermettent d'étouffer à présent toute révolte dans l'œuf.

Aussi la pougatchevchina devait-elle être la dernière desgrandes insurrections paysannes. Suivait, dix ans plus tard (avril 1785), la charte de la noblesse qui fondait la noblesse en tant que corps, codifiaitses privilèges et, comblant son désir d'autonomie, lui confirmait le monopole de la propriété foncière et la possessionexclusive des serfs.

Parue le même jour, la charte des villes faisait plus modeste figure, mais n'en jetait pas moins,en dotant les villes d'une administration municipale élue (la Douma), les bases d'une vie urbaine plus active.

Seule lapaysannerie, dont la charte devait rester à l'état de projet, échappera à toute réorganisation, et les serfs nebénéficieront quant à eux d'aucune amélioration.

Leurs rangs ne cesseront même de se gonfler de tous les paysansde la Couronne que Catherine concédera libéralement à ses favoris, dont elle institutionnalisera également, enquelque sorte, la condition.

"L'âme de Brutus dans le corps de Cléopâtre", disait de sa bienfaitrice, douce de plus decharme que de beauté, un Diderot doublement flagorneur.

Ni "Tartuffe en jupons" (Pouchkine), ni "Messalinecouronnée", Catherine ne fut d'une certaine façon rien d'autre qu'une femme dont le cœur ne pouvait, à l'en croire,"être content, même une heure, sans amour".

Du moins eut-elle le mérite de ne pas laisser la femme dicter saconduite à la souveraine, exception faite de Potemkine, en qui elle trouvera un collaborateur passionné mais fidèle,dont le génie singulier devait même contribuer à l'éclat et la grandeur de son règne. Nul ne devait en effet se montrer plus soucieux de la grandeur et de la gloire de sa patrie que cette souveraineétrangère et usurpatrice, à qui les augures ne prédisaient en 1762 qu'un règne éphémère.

Tout comme sous Pierre leGrand, dont Catherine, attentive aux seuls intérêts de la Russie, se voudra la continuatrice, la poussée russe devaits'exercer dans une double direction : à l'ouest, en direction de la Pologne et des anciennes provinces lituaniennes ;au sud, vers la Crimée et le littoral de la mer Noire. Mettant à profit dès 1764 la faiblesse et les dissensions de la Pologne, Catherine lui imposait, d'accord avec FrédéricII, Poniatowski pour roi et un semi-protectorat.

Ce renforcement de la Russie ne pouvait laisser les Turcsindifférents, qui déclaraient peu après la guerre à la Russie (décembre 1768).

Après diverses péripéties, les victoiresde Jassy et de Fokchany (Moldavie), puis la destruction de la flotte turque (26 juin 1770) au large de Chios, àTchesmé, alarment la Prusse et l'Autriche qui redoutent un renforcement unilatéral de la Russie dans les Balkans.Aussi Frédéric II pousse-t-il Catherine à chercher des compensations, non en Turquie, mais en Pologne, où ilpourrait également se dédommager de ses bons offices.

Froidement réaliste, Catherine se prête bien volontiers àcette combinaison sans précédent : le démembrement, en pleine paix, d'un État extérieur au conflit.

C'est le premierpartage de la Pologne (juillet 1772) qui porte la Russie sur les bords de la Dvina et du Dniepr. De nouveaux revers amènent alors la Porte à composition : par le traité de Kutchuk-Kaïnardji (juillet 1774), la Russieacquiert les clefs de la mer d'Azov (Kertch et Iénikalé) et s'installe, face à Otchakov, sur l'embouchure du Dniepr.Enfin, les Dardanelles sont ouvertes aux navires russes et la Crimée, proclamée indépendante, laissée à la merci deCatherine qui avait obtenu cette fenêtre sur la mer Noire, vainement convoitée par Pierre le Grand. L'annexion ultérieure de la Crimée (1783) et la fondation de Sébastopol par Potemkine, puis (1787) le fameux"voyage en Crimée" de Catherine et de Joseph II, l'ennemi héréditaire de la Porte, provoquent (septembre 1787) unereprise des hostilités, bientôt suspendues (paix de Jassy, septembre 1791) par l'agitation révolutionnaire en Franceet les premiers déboires des coalisés.

Une fois de plus, la Pologne, alors en pleine renaissance nationale, devait faireles frais de cette modération : désireuses de se dédommager des revers infligés par la "jacobinière de Paris", Prusse,Russie, puis Autriche se rabattent sur celle de Varsovie, moins coriace.

Deux partages successifs (janvier 1793,janvier 1795) règlent le sort de ce pays, dont le sacrifice contribuait, en détournant les coalisés de la France, au. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles