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Obeir me dégage-t-il de toute responsabilité ?

Publié le 05/02/2004

Extrait du document

En effet, n'ayant pas pris la décision, l'homme, n'a pas voulu cette action. Il n'est qu'un instrument qui réalise ce qu'on lui a commandé. Ainsi, s'il avait eut son mot à dire, peut-être aurait-il voulu l'affaire autrement, et donc aurait-il agit différemment. Mais toutes fois cette idée pose problème, comment peut-on réaliser une action sans le vouloir ? En effet, si l'on me commande tuer quelqu'un, il faut bien que je veuille réaliser cette action pour qu'elle arrive. Visé, presser la gâchette sont  des actions qui, étant précises, ne peuvent advenir sans être le résultat d'une volonté de les faire advenir. L'homme ne les a pas décidé, mais les a voulu. Mais alors, est-ce que puisque l'homme réalise ses actions volontairement, cela l'en rend responsable ? Qu'est-ce qui fait que l'homme se sent responsable de ses propres actions ? II.

L’on entend parfois, lorsqu’un petit garçon se fait gronder par ses parents, cette excuse : « Mais ce n’est pas moi, c’est Pierre qui m’a dit de le faire. «. Le paradoxe de cette phrase est que le petit garçon dit d’une part, que c’est bien lui qui a fait l’action, mais, d’autre part qu’il n’est pourtant pas l’auteur de la bêtise, car il agit sur ordre d’autrui. Il est l’auteur sans l’être. Le petit garçon sépare son action en deux : l’action en elle-même totalement objective et la conséquence de l’action, jugée bêtise. Le petit garçon se dit donc auteur, mais non décideur, donc non responsable. Il associe ainsi la responsabilité à la décision. Mais alors, qu’est-ce qui dans mon rapport au monde, me rend responsable des événements que je produis, la décision ou l’action ?

« II.

La conscience empêche l'homme de se déresponsabiliser. L'homme se sent responsable de ses actes, car il a une conscience morale.

Tout d'abord l'homme sent que sesactes lui appartiennent, car il a conscience de les réaliser lui-même.

Puis, étant donné qu'il a conscience du bien etdu mal, il est apte à juger de la nature de l'action qu'il va entreprendre, même si celle-ci ne résulte pas d'unedécision qui lui est propre, mais de l'ordre d'autrui.

D'ailleurs, le terme ‘responsable' vient du latin res pondere qui veut dire savoir peser les choses.

L'homme doit donc être capable de répondre de ses actes, qu'il en soit le centredécisionnel ou non.

Ses actes lui appartiennent en propre.

Ainsi lorsque après la seconde guerre mondiale, lesofficiers nazis dirent qu'ils ne sont pas responsables de ce qu'ils ont fait parce qu'ils avaient des ordres, cela estnécessairement faux puisqu'ils ont voulu ce qu'ils ont fait au moment même ou ils l'ont réalisé.

Mais alors que devientl'homme qui, sous couvert d'obéissance ne se considère pas comme responsable de ses actes ? III. Quand l'homme se déshumanise. La conscience me constitue comme le sujet de moi-même en me constituant comme sujet de mes actions.

Elle mepermet d'être un homme autonome et libre de mes actes.

De plus, je peux revendiquer ma personnalité et monindividualité par les actes que je fais : ‘Dis-moi comment tu agis, je te dirais qui tu es'.

Ainsi, l'homme qui agit, maisne s'approprie pas ses actions en disant qu'il n'a fait qu'obéir, se déshumanise lui-même.

Il s'ôte lui-même la libertéet se considère comme une machine.

En effet, une machine n'a pas le choix : on appuis sur un bouton et elle réaliseimmédiatement ce que nous lui avons demandé ; et ceci, car elle n'a pas de conscience.

L'homme qui sedéresponsabilise n'est donc plus un homme, il n'est plus qu'une main, outil d'autrui. Conclusion : - l'on peut penser qu'obéir dégage de toutes les responsabilités si l'on considère que l'action réalisée ainsi n'est pas voulue par l'auteur. - Cependant, à moins d'être un homme sans conscience, toutes nos actions sont volontaires, puisqu'il faut une impulsion pour qu'il y ait réalisation.

De plus la conscience en nous appropriant nos actions, nousconstitue comme des sujets libres. - Ainsi, l'homme qui se défausse de ses actes sous couvert d'obéissance se nie en tant qu'homme libre.

« L'homme est libre; sans quoi conseils, exhortations, préceptes, interdictions, récompenses et châtimentsseraient vains.

» Saint Thomas d'Aquin, Somme théologique, 1266-1274. Si l'homme n'est pas doué du libre arbitre, il ne peut être tenu responsable de ses actes.

Quel sens y aurait-il àpunir ou à récompenser quelqu'un qui ne pouvait agir autrement qu'il ne l'a fait? « Qui lance une pierre ne peut plus la rattraper.

Toutefois, il était en son pouvoir de la jeter ou de la laissertomber, car cela dépendait de lui.

Il en va de même pour les hommes qui pouvaient, dès le début, éviter de devenirinjustes et débauchés; aussi le sont-ils volontairement; mais une fois qu'ils le sont devenus, ils ne peuvent plus nepas l'être.

» Aristote, Éthique à Nicomaque, Ive s.

av.

J.-C. « L'homme est condamné à être libre.

Condamné, parce qu'il ne s'est pas créé lui-même, et par ailleurs cependantlibre, parce qu'une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu'il fait.

» Sartre, L'existentialisme est un humanisme, 1946.L'homme est « condamné à être libre », parce qu'il ne peut échapper au devoir de se réaliser lui-même, de se faireêtre ce qu'il est. « Jamais nous n'avons été plus libres que sous l'occupation allemande.

» Sartre, «La République du silence», 1944.Cette affirmation paradoxale, comme on s'en doute, a fait couler beau coup d'encre.

Comment peut-on se déclarer «libre » quand on est asservi, torturé, déporté, humilié ? Provocation gratuite ? Non, Sartre veut dire que la libertéest toujours une conquête, et d'abord une conquête sur soi-même.

Il est facile de se dire « responsable » quand onest loin des combats ; c'est au contraire dans les « situations limites » (l'occupation allemande, par exemple), quandtoutes les libertés nous ont été ôtées, que notre liberté de choisir (ici, entre collaboration et résistance) prend toutson sens et toute sa dimension.. »

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