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Chacun a-t-il le droit de penser ce qu'il veut ?

Publié le 01/02/2004

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La pensée a-t-elle un droit à la différence ? Est-ce que chaque homme a la possibilité de penser ce qu'il veut, indépendamment de ce que pense son voisin, ou sa communauté ? Dans les faits, ne doit-on pas obéir à des lois, à des contraintes, tout en pensant que l'on voudrait ne pas avoir à le faire ? Ou doit-il y avoir une adhésion de la pensée ? Étant entendu qu'on laisse un peu de côté la question de ce qui est, de fait, impensable (comment penser l'infini par exemple, ou le néant ?), comment une société pourrait-elle nous interdire de penser ce qu'on veut ? Elle peut tout au plus nous interdire de l'exprimer, ou alors il faudra nous lobotomiser. Justement la pensée semble être le lieu de la plus totale liberté : celui où la volonté ne rencontre pas d'obstacle extérieur. La censure ne peut pas nous interdire de penser ce qu'on veut. Par rapport à quoi alors définir cette "liberté" de penser ? Comment faire pour que la liberté de penser ne soit pas simplement penser n'importe quoi ? Que peut-on appeler penser en droit ? Si on ne peut pas limiter la pensée de l'extérieur, peut-on s'imposer des limites morales ou rationnelles ? Ne doit-on pas s'empêcher certaines pensées ? Est-il possible de poser des limites ou des conditions qui donneraient un contenu à la liberté de penser, pour qu'elle ne soit pas simplement la liberté négative de penser n'importe quoi ?

 

  • [I. La liberté de penser consiste à penser ce que l'on veut]

 

 

  • [II. La liberté de penser ne peut pas se réduire à penser ce que l'on veut]

 

 

  • [III. La liberté de penser est pourtant nécessaire]

 

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« décision et de courage " laissent leur entendement sous la direction de maîtres, de tuteurs.

Ici, Kant rejoint Rousseau et sa scandaleuse affirmation au chapitre 2 du " Contrat social ": " Aristote avait raison, mais il prenait l'effet pour la cause.

Tout homme né dans l'esclavage naît pour l'esclavage, rien n'est plus certain.

Les esclavesperdent tout dans leurs fers, jusqu'au désir d'en sortir; ils aiment leur servitude comme les compagnons d'Ulysseaimaient leur abrutissement.

S'il y a donc des esclaves par nature, c'est parce qu'il y a eu des esclaves contrenature.

La force a fait les premiers esclaves, leur lâcheté les a perpétués. " Mais ne nous y trompons point, il ne s'agit , ni pour Rousseau , ni pour Kant , de légitimer le fait de l' " esclavage " ou de la " minorité ", mais, de reveiller les consciences de leur somnambulisme du renoncement, de leur léthargie de l'acceptation de l'inacceptable. On l'aura compris la maxime (2) des Lumières est de susciter cette reprise en mains de soi par soi, et ce, enaccomplissant cet acte de courage de penser par soi-même en toutes les circonstances de l'existence: " Sapere aude ! ", "Ose te servir de ton entendement ! ". [II.

La liberté de penser ne peut pas se réduire à penser ce que l'on veut] Si la volonté est associée au désir, au caprice, alors il est évident qu'une liberté de penser entraîne avec elle lerisque et le danger d'une pensée mal maîtrisée ou mal intentionnée.

Réfléchissons : si la liberté de penser se définitvéritablement par la pensée de ce que l'on veut, alors, en droit, rien ne m'interdirait de penser le mal, de le désirer,de le vouloir, de le préméditer et finalement de l'organiser.

Si toute pensée était libre, alors un tyran n'aurait rien àse reprocher : tel est ici l'enjeu de la publicisation d'une pensée malsaine, au travers notamment de sa publication.Sous prétexte d'une liberté de penser, est-on en droit de penser le mal, le massacre et l'extermination, dans lecadre d'un projet politique par exemple ? L'enjeu est donc celui de l'articulation de la liberté et de la sécurité : plus ily a de liberté et moins il y a de sécurité.

Pourtant il n'est pas vrai non plus que l'on puisse sacrifier la liberté au nomde la sécurité.Plus près de nous, l'exemple des sectes nous donne à réfléchir à l'égard de la liberté de penser.

Penser ce que l'onveut est une chose, l'imposer aux autres en est une autre.

De manière générale, on mesure bien le danger qu'il y a àautoriser toute pensée à délirer et à divulguer son délire.

La pensée, lorsqu'elle est publique, est comme l'acte : elledoit tomber sous le coup de la loi.

La loi n'est pas nécessairement juridique, elle peut être aussi morale.

Ce sont lesreligions qui condamnent les « mauvaises pensées ».

Le croyant risque de tomber sous le coup de la faute s'ilconfond liberté et licence, pensée de l'autre et convoitise de l'autre.

La religion soumet donc la liberté de penser àun droit de regard du confesseur.

Dans la religion catholique par exemple, la mauvaise pensée est appelée «péché »,exactement au même titre que l'action et que l'omission, lorsqu'elles sont dénaturées.L'aspect moral d'une limitation de la pensée débouche sur la culpabilité lorsqu'une mauvaise pensée est entretenueavec délice dans le secret d'une interdiction transgressée.

Sous le regard de Dieu, il serait donc possible de secompromettre en faisant un usage libre de notre pensée.

Pourtant, la spiritualité est parfois considérée elle-mêmecomme l'illustration d'une pensée à ce point libre qu'elle va jusqu'à inventer une instance divine supérieure (cf.Nietzsche). [III.

La liberté de penser est pourtant nécessaire] Condamner une mauvaise pensée, garantir la sécurité de tous, c'est important.

Mais l'homme ne doit pas sous-estimer la faculté de donner libre cours à une pensée, quand bien même celle-ci serait condamnable puisqu'elle peuts'avérer être libératrice et finalement curative.

La psychanalyse nous offre l'exemple d'une guérison par la parole quipasse nécessairement par une pensée à ce point libre qu'elle doit pouvoir échapper à tout contrôle et toutecensure.

Le principe de l'« association libre » consiste à laisser le patient s'exprimer sans aucune espèce de retenue,afin que son discours puisse révéler malgré lui un sens caché qui sera peut-être l'expression même d'un traumatisme.Ici, la liberté de penser sans mesure ni tabou, est condition de possibilité de toute guérison.

La pensée devient alorslibératrice et permet au patient de livrer les mystères et les secrets de son inconscient, sans que lui-même puisseavoir une quelconque maîtrise de son discours.

Refuser à la pensée la possibilité de se libérer, c'est accentuer,augmenter et finalement aggraver le refoulement.

Le refoulement est une défense face à un traumatisme qui, loin desoulager le patient, finit par aggraver l'abcès.

On comprend donc qu'il est urgent dans ces cas-là de laisser lepatient user de la liberté de penser ce qu'il veut, ce qui lui plaît.

Certains diront qu'ici la volonté n'est pas l'oeuvred'une vigilance consciente, mais qu'elle est le fruit d'une sélection inconsciente.

Quoi qu'il en soit, la liberté depenser ce que l'on veut s'apparente dans son principe à un remède.

La liberté de penser est donc salutairepuisqu'elle vient soulager celui qui souffre.

La pensée peut en effet être source de souffrance au point de perturberl'équilibre psychique d'un individu.

Du reste, exercer librement sa faculté de penser, son imagination, c'est garantir labonne constitution d'une identité, d'une personnalité.Enfin, n'oublions pas qu'une pensée de l'absurde est parfois digne de l'éloge.

La pensée peut être de deux sortes :elle peut être logique pour former un raisonnement, mais elle peut être aussi intuitive, poétique et créative.

En cesens, elle échappera à toute rationalité.

Les courants artistiques, tel que le surréalisme par exemple, font l'éloged'une pensée qui échappe à toute rationalité et qui situe sa liberté dans l'absence de tout formalisme, de toutacadémisme.

Mais plus encore, considérons avec attention la folie : elle est spécifiquement humaine et pourtant ellerésulte d'une décadence de la raison.

La folie participe donc à l'humanité tout en l'abîmant.

La pensée de l'absurdepeut devenir une absurdité de la pensée, lorsque la volonté finit par s'oublier dans les bras de la licence et del'inconscience. [Conclusion]. »

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