Devoir de Philosophie

Y a t-il en chacun de nous un désir d'obéir ?

Publié le 25/03/2004

Extrait du document

Dans son Discours de la servitude volontaire, La Boétie se posait la question de savoir pourquoi la plupart des hommes obéissent à un seul, non seulement lui obéissent, mais le servent sans y être contraints et forcés, mais veulent le servir. Doit-on en conclure qu'il y a en chacun de nous un désir d'obéir ?

  • Première partie : Position du problème
  • Deuxième partie : L'obéissance comme désir

  

« Deuxième partie : L'obéissance comme désir • L'obéissance ne peut être réduite à la contrainte. a) Dès sa venue au monde, l'homme apprend l'obéissance présentée comme « vertu ».

Rôle de la famille, de l'école,de l'armée, du travail, etc.

L'obéissance ne devient-elle pas pour lui une seconde nature ? De plus tout pouvoir sedote d'un appareil répressif capable de dissuader quiconque de toute velléité de désobéissance. b) Critique : cet appareil répressif ne s'appuie-t-il pas sur ceux-là mêmes qu'il réprime ? Ne relève-t-il pas endernière analyse d'un consensus tacite ? Ainsi La Boétie observait qu'il suffit que les hommes désirent être librespour que cesse la domination, qu'aussitôt que les hommes cessent de vouloir le tyran, il est défait : « Quoi ? si pouravoir liberté il ne faut que la désirer, s'il n'est besoin que d'un simple vouloir, se trouvera-t-il nation au monde quil'estime encore trop chère, la pouvant gagner d'un seul souhait ? » • L'obéissance ne peut être ramenée à un fait de nature. a) Aristote pensait que la relation commandement-obéissance est naturelle.L'être qui, par son intelligence, a la faculté de prévoir est, par nature, un chefet un maître, tandis que celui qui, au moyen de son corps, est seulementcapable d'exécuter les ordres de l'autre, est par nature un subordonné et unesclave.

La différence entre ceux qui peuvent commander et ceux qui nepeuvent qu'obéir est de même nature que celle existant entre l'esprit et lecorps.

L'âme commande au corps, le maître à l'esclave (cf.

Politique I, V, sq.

:« Il est évident qu'il y a par nature des gens qui sont les uns libres, les autresesclaves, et que pour ceux-ci la condition servile est à la fois avantageuse etjuste.

» et : « L'esclave est une partie du maître : c'est comme une partievivante de son corps, mais séparée.

»)Pour Hegel, l'obéissance relève du vouloir-vivre.

L'esclave a rejeté la mort.

Ilpréfère vivre que mourir pour la liberté.

Le maître, lui, a bravé la mort.L'obéissance est donc le fruit d'un combat initial dans lequel l'un préférerait laservitude à la mort, l'autre assumerait le risque de la mort, s'élevant par-làau-dessus de la vie.

Ainsi, dans la perspective hégélienne, c'est non lacontrainte, mais la peur de la mort, qui expliquerait la soumission d'un hommeà un autre (cf.

Phénoménologie de l'esprit, B, IV). b) Critique.— La position d'Aristote ne se réduit-elle pas à une tentative de légitimer une domination déjà établie ? Le critère retenu pour distinguer le maître de l'esclave n'est pas convaincant puisque touthomme participe à la raison.— Contre Hegel on objectera que la peur n'est pas l'unique ressort de l'obéissance, car comment expliquer quebeaucoup d'hommes se soumettent à un seul, et qu'ils lui restent soumis au point de mourir sur son ordre ? • L'obéissance est-elle donc désirée ? Ni la contrainte, ni le recours à un ordre naturel ne pouvant fournir une explication exhaustive du phénomèned'obéissance, ne faut-il pas reconnaître que cette dernière répond parfois à un désir ?a) L'obéissance peut être consciente et librement désirée.

Ex.

: le vœu d'obéissance des religieux.b) L'obéissance n'est-elle pas inconsciemment désirée en tant que par elle l'homme s'en remet à un autre qui leprotège ? Cf.

:— l'analyse freudienne de la détresse infantile qui poursuit l'homme jusqu'à sa mort ;— l'analyse nietzschéenne de la morale servile comme expression d'un refus de vivre, d'une peur de la vie.c) Le désir d'obéissance ne répond-il pas à un sentiment de culpabilité inconscient issu du clivage entre le moi et lesur- moi ? conclusion L'homme oscille sans cesse entre la soumission et la liberté, entre le rejet de l'obéissance et le désir d'obéir.

Mais cedésir n'est-il pas la marque de son aliénation ?. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles