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CHAPITRE 19 du Candide de Voltaire (commentaire)

Publié le 22/02/2012

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D'autre part, Voltaire fait ressortir l'absurdité odieuse de l'esclavage en montrant que tous les soutiens naturels du nègre (ses dieux et prêtres « fétiches », son père et sa mère, ses maîtres, le dieu et les prêtres des chrétiens) l'ont les uns après les autres complètement trahi par ignorance, naïveté, cruauté ou hypocrisie. Il insiste particulièrement sur la contradiction scandaleuse entre les leçons de l'Église catholique et le sort lamentable qu'elle laisse subir aux esclaves noirs.
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« éditions Tallandier, 1938. « Ceux qui ont bien connu Voltaire ne s'accordent pas sur tous les traits de son caractère.

Mais il en est un donttous ont été frappés.

Il était, comme le dit l'acteur Le Kain qui lui devait beaucoup, d'un tempérament « impétueux». Entendons par là qu'il était extrêmement sensible à l'agréable et au pénible et qu'il y réagissait d'une façonimmédiate et passionnée.

Il ne se maîtrisait qu'4 la longue : ses premiers épanchements étaient des enthousiasmesou des colères, des admirations excessives ou des sarcasmes, des éclats d'ironie, des traits d'esprit parfois cruels,voire des injures brutales.

» A.

Cresson, Voltaire, sa vie, son oeuvre, PUF, 1948. « Enfin et surtout, il a été merveilleusement vivant et les hommes, qui craignent l'ennui plus encore que l'inquiétude,sont reconnaissants à ceux qui les font vivre sur un rythme plus rapide et plus fort.

» A.

Maurois, Voltaire, éditionsGallimard, 1935. CHAPITRE 19 du Candide de Voltaire (commentaire) Un interminable voyage conduit Candide et Cacambo à travers des marais, des déserts et des précipices.

Quand, aubout de plus de trois mois, ils arrivent à Surinam, il ne leur reste plus que deux moutons. « En approchant de la ville », ils aperçoivent un nègre unijambiste et manchot.

C'est une victime du négociantVanderdendur et de l'esclavage colonial.

Cette « abomination » révolte Candide et le conduit à définir l'optimismecomme « la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal ». Un marin espagnol lui apprend que Cunégonde est devenue « la maîtresse favorite » du gouverneur de Buenos Aires.D'abord effondré par cette nouvelle, Candide se décide à envoyer Cacambo racheter Cunégonde au gouverneur etlui demande de la conduire ensuite à Venise, où elle devra l'attendre. Le marchand Vanderdendur, trop largement payé pour emmener Candide à Venise sur son bateau, met à la voileavec les deux moutons et leurs trésors, sans attendre Candide.

Le héros, éconduit par la justice, sombre dans une «noire mélancolie ». Il trouve enfin un vaisseau en partance pour Bordeaux et promet « deux mille piastres à un honnête homme quivoudrait faire le voyage avec lui, à condition que cet homme serait le plus dégoûté de son état et le plusmalheureux de la province ».

Après avoir écouté une vingtaine d'atroces récits, Candide choisit un pauvre savantexploité par les libraires hollandais, renié injustement par sa famille et persécuté comme socinien par les « prédicantsde Surinam », avec l'espoir que cet homme « le désennuierait dans le voyage ». COMMENTAIRE Un réquisitoire contre l'esclavage D'une part, le narrateur se met simultanément à la place de Candide et à la place du nègre : la focalisation externe(la vision extérieure de Candide) révèle avec force l'horreur de la situation ; la focalisation interne (la vision de sonpropre sort par l'esclave) permet de souligner le caractère apparemment positif des réalités foncièrement négativeset de rendre vraisemblables tous les procédés de l'ironie. D'autre part, Voltaire fait ressortir l'absurdité odieuse de l'esclavage en montrant que tous les soutiens naturels dunègre (ses dieux et prêtres « fétiches », son père et sa mère, ses maîtres, le dieu et les prêtres des chrétiens) l'ontles uns après les autres complètement trahi par ignorance, naïveté, cruauté ou hypocrisie.

Il insiste particulièrementsur la contradiction scandaleuse entre les leçons de l'Église catholique et le sort lamentable qu'elle laisse subir auxesclaves noirs. Enfin, le caractère pathétique de la scène naît successivement de la découverte inattendue du nègre par Candideet Cacambo, du constat objectif de ses infirmités et de son dénuement, de la description sobre et empreinte derésignation (« c'est l'usage ») qu'il fait aux voyageurs et, on l'a vu plus haut, de la trahison « horrible » de tous ceuxqui auraient dû ou pu le soutenir. La dérision de l'optimisme Le chapitre 19 paraît mettre un terme aux illusions de Candide sur le bonheur et la bonté.

Le héros balaie avechorreur les théories de son précepteur (« Ô Pangloss ! tu n'avais pas deviné cette abomination ») et intègredouloureusement (« Hélas ! ») ses expériences vécues dans une contestation catégorique de l'optimisme (« C'est larage de soutenir que tout est bien quand on est mal.

») Pourtant, Candide ne fait rien pour libérer l'esclave nègre.

Il se contente de verser des larmes, tel le Christ à sonentrée dans Jérusalem indigne.

En fait il n'a pas encore découvert la solution des problèmes que pose le bilan des. »

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