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Le châtiment peut-il être le moyen d'une éducation véritable ?

Publié le 28/01/2004

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Le châtiment ou la sanction punissent la faute comme la récompense ou les félicitations rétribuent la bonne action. On pourrait rêver d'une éducation qui n'aurait jamais recours à la sanction. Celle-ci intervient, en effet, toujours lorsque les autres moyens d'éducation ont échoué. Prenons l'exemple d'un enfant qui, dans la cour de l'école, ne cesse d'importuner l'un de ses camarades plus faible que lui. Ses parents comme ses maîtres lui ont assurément appris au cours de son éducation qu'aucune vie sociale ne pouvait être possible sans respect mutuel, que jamais la force ne pouvait faire la loi et qu'en conséquence son action était intolérable. Pourtant en dépit des leçons et des remontrances, l'enfant continue de persécuter son camarade. Que peuvent faire ses éducateurs sinon recourir à la sanction ? Celle-ci est en quelque sorte la partie négative de l'éducation, celle à laquelle on préférerait ne pas avoir à recourir, mais qui devient nécessaire dès lors que tous les autres moyens ont échoué. La sanction est une sorte de dernier recours. Dans une communauté d'hommes parfaits, on n'aurait sans doute pas besoin de recourir au châtiment, mais l'homme est ainsi fait qu'il ne sait pas - surtout dans son jeune âge - toujours bien se servir de sa propre liberté.

« [III.

De quoi une éducation véritable doit-elle être composée ?] « La discipline, disait encore Kant, consiste simplement à dépouiller les hommes de leur sauvagerie.

» Elle est donc lapartie négative de l'éducation mais la partie positive – qui est à proprement parler l'éducation véritable – se nommela culture.

Elle consiste à apprendre à l'enfant à penser par soi-même.Il s'agit là de la devise des Lumières : « Aie le courage de te servir de ton propre entendement.

» Elle vise àconduire l'enfant jusqu'au stade où, ayant acquis l'entier usage de sa raison, il sera à même de distinguer par lui-même la voie qu'il doit choisir. KANT : Les Lumières, c'est la sortie de l'homme hors de l'état de tutelle dont il est lui-même responsable.

L'état de tutelle est l'incapacité à se servir de son entendement sans la conduite d'un autre.

On est soi-même responsable de cet état de tutelle quand la cause tient non pas à une insuffisance de l'entendement mais à une insuffisance de la résolution et du courage de s'en servir sans la conduite d'un autre.

Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des Lumières.

Paresse et lâcheté sont les causes qui font qu'un si grand nombre d'hommes, après que la nature les eut affranchis depuis longtemps d'une conduite étrangère, restent cependant volontiers toute leur vie dans un état de tutelle ; et qui font qu'il est si facile à d'autres de se poser comme leurs tuteurs.

Il est si commode d'être sous tutelle.

Si j'ai un livre qui a de l'entendement à ma place, un directeur de conscience qui a de la conscience à ma place, un médecin qui juge à ma place de mon régime alimentaire, etc., je n'ai alors pas moi-même à fournir d'efforts.

Il ne m'est pas nécessaire de penser dès lors que je peux payer ; d'autres assumeront bien à ma place cette fastidieuse besogne.

Et sila plus grande partie, et de loin, des hommes (et parmi eux le beau sexe tout entier) tient ce pas qui affranchit de la tutelle pour très dangereux et de surcroît très pénible, c'est que s'y emploient ces tuteurs qui, dans leur extrême bienveillance, se chargent de les surveiller.

Après avoir abêti leur bétail et avoir empêché avec sollicitude ces créatures paisibles d'oser faire un pas sans la roulette d'enfant où ils les avaient emprisonnés, ils leur montrent ensuite le danger qui les menace s'ils essaient de marcher seuls.

Or ce danger n'est sans doute pas si grand, car après quelques chutes, ils finissent bien par apprendre à marcher ; un tel exemple rend pourtant timide et dissuade d'ordinaire de toute autre tentative ultérieure. Avez-vous compris l'essentiel ? 1 Les hommes veulent-ils toujours la liberté ? 2 Quelle est la cause première de la perte de liberté ? 3 Comment les autorités intellectuelles peuvent-elles imposer leur pouvoir ? Réponses: 1 - Non, le plus souvent ils préfèrent la servitude. 2 - Le manque de volonté pour raisonner par soi-même. 3 - Ce pouvoir leur est volontairement délégué par ceux qui leur obéissent. Dans les écoles publiques du début du siècle, on pouvait lire dans les salles de classe certaines maximes et, parmielles, celle-ci : « Tu sais très bien au fond de toi ce que tu dois faire et ne pas faire.

» Cet appel fait à l'élève n'esten aucune manière une incitation à faire tout ce qui lui plaît, mais une invitation à regarder au fond de lui-mêmepour retrouver la règle qui doit régler son action.L'enfant est ainsi reconnu comme un sujet raisonnable capable avec l'aide de ses maîtres de découvrir par sa raisonce qui est bien sans qu'il lui soit besoin d'obéir aveuglément à des préceptes imposés de l'extérieur.

C'est dans cetteformation du sujet raisonnable que réside la véritable éducation. [Conclusion] Éduquer un enfant n'équivaut pas à le dresser.

Le châtiment n'est qu'un instrument auquel les éducateurs doiventquelquefois avoir recours, mais il ne saurait être le moyen d'une éducation véritable.. »

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