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Chevaux de bois de Paul Verlaine

Publié le 12/10/2009

Extrait du document

chevaux
Paul VERLAINE   (1844-1896)
Chevaux de bois
Tournez, tournez, bons chevaux de bois,
Tournez cent tours, tournez mille tours,
Tournez souvent et tournez toujours,
Tournez, tournez au son des hautbois.
Le gros soldat, la plus grosse bonne
Sont sur vos dos comme dans leur chambre,
Car en ce jour au bois de la Cambre
Les maîtres sont tous deux en personne.
Tournez, tournez, chevaux de leur coeur,
Tandis qu'autour de tous vos tournois
Clignote l'oeil du filou sournois,
Tournez au son du piston vainqueur.
C'est ravissant comme ça vous soûle
D'aller ainsi dans ce cirque bête :
Bien dans le ventre et mal dans la tête,
Du mal en masse et du bien en foule.
Tournez, tournez sans qu'il soit besoin
D'user jamais de nuls éperons
Pour commander à vos galops ronds,
Tournez, tournez, sans espoir de foin
Et dépêchez, chevaux de leur âme :
Déjà voici que la nuit qui tombe
Va réunir pigeon et colombe
Loin de la foire et loin de madame.
Tournez, tournez ! le ciel en velours
D'astres en or se vête lentement.
Voici partir l'amante et l'amant.
Tournez au son joyeux des tambours !

Cette pièce fait également partie des Paysages belges, mais il ne s'agit plus du sombre tableau de la vie industrielle. La scène se passe à Bruxelles, au champ de foire de Saint-Gilles comme nous l'apprend le poète lui-même. La fête bat son plein, et parmi les diverses attractions un manège de chevaux de bois frappe l'attention du poète. C'est ce manège qu'il décrit dans les 5 premières strophes, les deux dernières élargissant et idéalisant le croquis familier : le gros soldat, la plus grosse bonne deviennent le couple idéal des amants ; la joie bruyante de la foire, les décors de bois peint disparaissent pour faire place à la nature bienveillante aux amoureux :

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