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Les Chimères de Nerval

Publié le 30/03/2013

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La mélancolie, à laquelle l'époque avait donné le nom anglais de spleen, hante Nerval comme beaucoup de ses contemporains. Mais si elle est un « mal du siècle «, la mélancolie est aussi pour le poète une réminiscence obsédante de la gravure d'Albert Dürer intitulée justement Mélancolie. La suite de sonnets du Christ aux Oliviers a été inspirée à Nerval par le Discours du Christ mort, du poète allemand Jean-Paul Richter, qui y exprima son angoisse devant la pensée d'un univers sans Dieu. Vigny, en 1844, s'en était déjà inspiré dans son Mont des Oliviers.

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« « Suis-je Amour ou P hébus ? ...

Lusignan o u Biron? I Mon front est rouge encore du baiser de la reine ••• » EXTRAITS ~~~~~~~~ EL DESDICHADO Je suis le ténébreux -le veuf-, l'inconsolé, Le prince d'Aquitaine à la tour abolie: Ma seule étoile est morte, - et mon luth constellé Porte le soleil noir de la mélancolie.

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) Suis-je Amour ou Phébus ? ...

Lusignan ou Biron ? Mon front est rouge encore du baiser de la reine; J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène ...

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron, Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.

MYRTHO Je pense à toi, Myrtho, divine enchanteresse, Au Pausilippe altier de mille feux brillant, A ton front inondé des clartés d'Orient, Aux raisins noirs mêlés avec l'or de ta tresse.

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) ARTÉMIS La treizième revient ...

C'est encore la première; Et c'est toujours la seule -, ou c'est le seul moment ; Car es-tu reine, ô toi ! la première ou dernière ? Es-tu roi, toi le seul ou le dernier amant ? ...

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) Roses blanches, tombez ! vous insultez nos dieux, Tombez, fantômes blancs, de votre ciel qui brûle : - La sainte de l'abîme est plus sainte à mes yeux.

LE CHRIST AUX OLIVIERS Quand le Seigneur; levant au ciel ses maigres bras, Sous les arbres sacrés, comme font les poètes, Se fut longtemps perdu dans ses douleurs muettes, Et se jugea trahi par des amis ingrats ; Il se tourna vers ceux qui l'attendaient en bas Rêvant d'être des rois, des sages, des prophètes ...

Mais engourdis, perdus dans le sommeil des bêtes, Et se prit à crier:« Non, Dieu n'existe pas! »( ...

) VERS DORÉS ( ...

) Souvent dans l'être obscur habite un dieu caché; Et comme un œil naissant couvert par ses paupières, Un pur esprits 'accroît sous l'écorce des pierres! « Tu dem and es po urquoi j'ai tant d e rage au cœur I Et sur un co l flex ib le un e tête indomptée ...

» NOTES DE L'ÉDITEUR « Le charme très certain de ces quelques sonnets [Les Chimères] dont je ne vois pas les analogues dans notre littérature, tient peut-être à l'impression qu'ils existent d'une personnalité à la fois faible et violente, savante et naïve, rebelle et masquée, dont le désespoir non défini, mais qu'on sent profond et vrai, mêle de ses jaculations tout .

ce que les souvenirs imaginaires d'existen­ ces abolies lui offrent de symboles pour son expression( ...

), mais une détresse affreuse est le fond commun de tous ces poèmes dont la fantasmagorie et la mystique naturaliste révèlent bien plus qu'elles ne la voilent la misérable condition d'une sensibilité livrée aux rigueurs du dénuement et aux terribles instances de la mélancolie anxieuse.

» étonnant de la nuance s'unissant aux procédés musicaux, par le don de suggestion de son verbe, Gérard a Paul Valéry, Souvenirs de Nerval, in Variété (études littéraires), Gallimard.

« Le langage des Chimères était si neuf qu'il l'est resté.

Plus d'un poète moderne en demeure encore obsédé.

Avant Rimbaud, Nerval fut un voyant.( ...

) Par un sens 1 Sipa-Icono 2, 3, 4 dessins d'Henri Georges Adam, Bib1iophiles de Provence, Nice, s.d.

préparé le symbolisme.

» Jeannine Moulin, Exégèse des Chimères, Droz.

A la fin de la préface des Filles du feu, dédiée à Alexandre Dumas, Nerval fait référence, non sans ironie, à l'opacité de ses sonnets des Chimères et ajoute:« La dernière folie qui me restera probablement sera de me croire poète: c'est à la critique de m'en guérir.» Gérard de Nerval, Les Filles du feu.

NERVAL04. »

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