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Qu'est-ce qu'un citoyen libre ?

Publié le 11/01/2004

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(plan détaillé) A) L'homme comme "animal politique" (Aristote). 1) Double nature de l'homme: à la fois voué à la satisfaction de ses besoins (survie) et tourné vers les autres hommes pour rechercher ensemble la "vie bonne": dimension politique de l'existence. 2) L'homme tire son humanité de son rapport "politique" aux autres hommes: être citoyen, c'est avant tout participer à la vie publique et pouvoir participer à l'exercice du pouvoir. (Aristote) 3) C'est la Cité ou l'État qui donne la mesure de l'humain. Vivre hors de tout rapport politique aux autres hommes, ce serait confiner à l'autarcie divine ou retomber au niveau de la bestialité. C'est au second chapitre du premier livre de la « Politique » que l'on retrouve en substance la formule d'Aristote. On traduit souvent mal en disant : l'homme est un « animal social », se méprenant sur le sens du mot « politique », qui désigne l'appartenance de l'individu à la « polis », la cité, qui est une forme spécifique de la vie politique, particulière au monde grec.En disant de l'homme qu'il est l'animal politique au suprême degré, et en justifiant sa position, Aristote, à la fois se fait l'écho de la tradition grecque, reprend la conception classique de la « cité » et se démarque des thèses de son maître Platon.Aristote veut montrer que la cité, la « polis », est le lieu spécifiquement humain, celui où seul peut s'accomplir la véritable nature de l'homme : la « polis » permet non seulement de vivre mais de « bien vivre ». Il affirme de même que la cité est une réalité naturelle antérieure à l'individu : thèse extrêmement surprenante pour un moderne, et que Hobbes & Rousseau voudront réfuter, puisqu'elle signifie que l'individu n'a pas d'existence autonome et indépendante, mais appartient naturellement à une communauté politique qui lui est « supérieure ».

« à une communauté quelconque, ou encore régie par des intérêts « économiques », que l'accès à une sphère autre,seulement politique, et qui permet à l'homme de s'épanouir en tant qu'homme, de viser le bonheur, d'entretenir avecles autres hommes des liens libres, libérés de tout enjeu vital.Plus étranges peuvent paraître les deux autres thèses, liées, d'Aristote, affirmant que la cité est une réaliténaturelle, et surtout, qu'elle est antérieure par nature à l'individu.

Cela signifie que l'homme n'est pas autosuffisant :il n'est qu'une partie d'un tout : la cité, comme la mai est partie du corps.

Pas plus que la main n'existe réellementsans le corps, l'individu humain n'existe sans la cité.

C'est d'elle qu'il reçoit son humanité, son développement, sonstatut moral.« Mais l'homme qui est dans l'incapacité d'être membre d'une communauté, ou qui n'en éprouve nullement le besoin,parce qu'il se suffit à lui-même, ne fait en rien partie de la cité et par conséquent est ou une brute, ou un dieu »Ne pas appartenir à la « polis », lei d'humanité, c'est être soit infra-humain, soit supra-humain.L'exposé d'Aristote reprend la conception classique de la cité au sens grec.

La cité n'est pas un Etat (forme barbarepour les Grecs), elle n'est pas liée à un territoire (comme aujourd'hui où la citoyenneté se définit d'abord parréférence au sol, à la « patrie »).

La cité est une communauté d'hommes, vivant sous les mêmes mois et adorant lesmêmes dieux.

L'idéal grec est celui d'un groupe d'hommes pouvant tous se connaître personnellement.

L'idéalpolitique est donc celui d'une communauté d'hommes libres (non asservis par le travail et les nécessités vitales,disposant de loisirs) et unis par la « philia ».Quand les contemporains parlent « d'animal social », ou quand Marx déclare que l'homme est « animal politique », ce‘est pas au même sens que les Grecs.

La polis n'est pas une communauté économique, au contraire : elle naît quandon peut s'affranchir de la contrainte économique et disposer de loisirs.

Ainsi les esclaves ne sont-ils pas citoyens,ainsi le statut des artisans est-il difficile (Aristote dit qu'ils sont en « esclavage limité »).

Le travail est ressenticomme une nécessité (vitale, économique) et la « polis » est un lieu de liberté.Enfin Aristote polémique avec Platon.

Pour ce dernier, les liens d'autorité sont les mêmes pour le chef de famille, lechef politique, le maître d'esclaves.

Ces types de gouvernement ne différent que par le nombre d'individus surlesquels ils s'exercent.

Or, Aristote restitue des différences, selon que l'autorité s'exerce sur un être déficient,comme est censé l'être l'esclave, des êtres libres mais inférieurs comme le seraient la femme et l'enfant, ou encoreentre égaux, ce qui est le cas proprement politique.Le pouvoir politique s'exerce donc au sein d'hommes libres et égaux.

Par suite, il n'a aucune mesure avec le pouvoirpaternel.

Dans une communauté politique, nul ne peut se prévaloir d'une supériorité de nature pour gouverner : ainsichaque individu sera-t-il alternativement gouvernant et gouverné.

L'idéal de la « polis » exige que chacun puisse, entant qu'homme libre, égal aux autres, prétendre au pouvoir pour un laps de temps déterminé.Les modernes renieront, en un sens, l'enseignement d'Aristote, en faisant de l'individu souverain un être autonome,indépendant, capable de décider pour lui-même de ses actions.

Toute la tradition politique dont notre monde estissu rejettera l'idée que : « La cité est antérieure à chacun de nous pris individuellement.

» B) Les conséquences: l'homme qui n'est pas citoyen (esclave, apatride) ne peut pas accomplir son essenced'homme. 1) Coupé de la vie de la Cité, l'homme ne peut se consacrer qu'à la satisfaction de ses besoins vitaux. 2) Le langage, la réflexion supposent une communauté d'hommes délivrés de l'urgence du besoin. Le langage, la sexualité, la dimension culturelle, tout ce qui fait de nous des humains se joue non pas dans lerapport direct à la nature mais dans notre rapport aux autres hommes, rapports qui font la vie de la Cité. C) La fiction de l'homme "à l'état de nature" décrit non pas un homme à l'état pur mais un homme abstrait, amputéde sa dimension politique. « CE PASSAGE DE L'ÉTAT DE NATURE A L'ÉTAT CIVIL PRODUIT DANS L'HOMME UN CHANGEMENT TRESREMARQUABLE, EN SUBSTITUANT DANS SA CONDUITE LA JUSTICE A L'INSTINCT, ET DONNANT A SES ACTIONS LAMORALITÉ QUI LEUR MANQUAIT AUPARAVANT.

C'EST ALORS SEULEMENT QUE, LA VOIX DU DEVOIR SUCCEDANT AL'IMPULSION PHYSIQUE ET LE DROIT A L'APPETIT, L'HOMME, QUI JUSQUE-LA N'AVAIT REGARDE QUE LUI-MEME, SEVOIT FORCE D'AGIR SUR D'AUTRES PRINCIPES, ET DE CONSULTER SA RAISON AVANT D'ECOUTER SES PENCHANTS.QUOIQU'IL SE PRIVE DANS CET ETAT DE PLUSIEURS AVANTAGES QU'IL TIENT DE LA NATURE, IL EN REGAGNE DE SIGRANDS, SES FACULTES S'EXERCENT ET SE DEVELOPPENT, SES IDEES S'ETENDENT, SES SENTIMENTSS'ENNOBLISSENT, SON AME TOUT ENTIERE S'ELEVE A TEL POINT, QUE SI LES ABUS DE CETTE NOUVELLECONDITION NE LE DEGRADAIENT SOUVENT AU-DESSOUS DE CELLE DONT IL EST SORTI, IL DEVRAIT BENIR SANSCESSE L'INSTANT HEUREUX QUI L'EN ARRACHA POUR JAMAIS, ET QUI, D'UN ANIMAL STUPIDE ET BORNE, FIT UNÊTRE INTELLIGENT ET UN HOMME.

» ROUSSEAU.

1) L'homme, c'est d'emblée les hommes, le monde de l'homme: l'homme n'existe jamais abstraitement mais dans uncontexte historique, économique et politique (Marx). 2) L'entrée de l'espace politique arrache l'homme à son état d' "animal stupide et borné" et fait de lui "un êtreintelligent et un homme" Rousseau.

II En quoi consiste la citoyenneté ?. »

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