Devoir de Philosophie

Faut-il combattre nos désirs ?

Publié le 20/01/2004

Extrait du document

Elle est pourtant moins belle qu'une autre chose, par rapport à laquelle elle est laide : cette chose n'est donc pas toute beauté, elle a aussi en elle la laideur. Ce qui en une chose fait qu'elle est belle, c'est ce qui fait que toute chose belle est belle, la beauté en soi, qui est toute beauté, et n'est que beauté. C'est ce que Platon appelle forme de la beauté, au sens du caractère distinctif de l'espèce de tous les objets beaux. ConclusionD'une façon générale, la philosophie classique se méfie des désirs. Qui souhaiterait les satisfaire tous s'exposerait au malheur. On a l'impression qu'elle approuve et commente le mot qu'on prête à Héraclite : « il ne vaudrait pas mieux pour les hommes que tous leurs désirs fussent satisfaits » (trad. Battistini, Idées, p. 47). C'est pourquoi la thèse de Platon est tout à fait remarquable. qui, d'une part, donne la parole à Calliclès, au lieu de passer sous silence la violence du désir, et, d'autre part, débordé le plan moral, pour voir dans le désir un mouvement vers l'absolu dont seul le philosophe comprend la portée.

Recherche d'un objet (que l'on suppose) de satisfaction, le désir est une notion qui peut paraître contradictoire. En effet, il se trouve à égale distance du plaisir immédiat que l'on ressent quand on y répond, et de la souffrance que l'on éprouve si on ne peut le satisfaire. Dans cette perspective, il semble naturel de penser que celui qui recherche le bien-être tende vers la pleine satisfaction de tous ses désirs. Cependant, une telle quète ne mène-t-elle pas un homme vers sa propre destruction - ou du moins vers une certaine forme d'aliénation ? En effet, la satisfaction des désirs peut-elle mener vers autre chose que le désir ? Alors faut-il "combattre" nos désirs, est-ce là le prix de la liberté, ou du bonheur ? La question ne semble pas pouvoir être tranchée de la sorte : en effet, si l'homme refuse de satisfaire le moindre de ses désirs, ne va t-il pas se laisser aller à l'inaction, à la paresse ? Le désir semble être le moteur des plus grandes réalisations de l'homme. L'homme n'aurait jamais posé le pied sur la lune en 1969 si il n'avait laissé libre court à ses désirs. Nous interrogerons dans une première partie la nature double du désir, puis nous examinerons de plus près la question (qui prend la forme d'un impératif moral) : s'il ne faut pas "combattre" ses désirs, il ne s'agit certainement pas de s'y abandonner...

« Socrate, dans le dialogue platonicien, interroge le sophiste à sa façon, avecl'ironie qui invite à approfondir l'examen du problème.S'il faut manger quand on a faim, se désaltérer quand on a soif, et s'« il fautavoir tous les autres désirs, pouvoir les satisfaire, et y trouver du plaisir pourvivre heureux», comme l'affirme Calliclès, on en vient à se poser que «c'estvivre heureux, quand on a la gale et envie de se gratter,de se gratter à son aise et de passer sa vie à se gratter» (ibid., p.

238).Autrement dit, selon Socrate, on ne doit pas mettre tous les désirs sur lemême plan.

L'agréable n'est pas forcément bon ; il y a des plaisirs bons et desplaisirs mauvais.

N'est souhaitable que la satisfaction de certains désirs.

Eneffet, un remède médical me causera du déplaisir mais pourra me guérir.Plus précisément, souhaiter satisfaire certains désirs, nos passions parexemple, c'est ignorer qu'une telle satisfaction est impossible.

Il y a des désirssans limites, insatiables, qu'on ne peut pas plus contenter qu'on ne peut «remplir des tonneaux percés avec un crible troué de même» (ibid., p.237).Celui qui ne renonce pas au désir de satisfaire tous ses désirs, loin d'êtreheureux, est un insensé perpétuellement tourmenté, qui mène «une existenceinassouvie et sans frein ».

A une telle existence, Socrate préfère «une vieréglée, contente et satisfaite de ce que chaque jour lui apporte ». La nécessité de limiter ses désirs Socrate esquisse là un idéal moral classique, que l'on retrouve dans toute l'histoire de la pensée occidentale.

Lebonheur est bien le fruit d'une satisfaction des désirs ; mais pour y parvenir, le Sage sait qu'il est plus sûr de limiterses désirs, puisque plusieurs sont nuisibles ou source d'inquiétude.

Ce thème est présent en particulier : - Chez les épicuriens: le bonheur, plaisir stable, exclut la satisfaction, trop incertaine, des désirs ni naturels ninécessaires (ambition, vanité) et des désirs naturels mais non nécessaires (bien manger, désirs sexuels, etc.

).

LeSage vise l'apaisement des désirs naturels et nécessaires, son hédonisme est ascétique.En effet, avoir des désirs de luxe nous expose à souvent souffrir.

Il faut donc les éliminer.

En revanche, celui qui nedésire que des nourritures « naturelles », un peu de pain par exemple, trouvera facilement à se satisfaire, et peutmême en retirer un très vif plaisir s'il a vraiment faim et soif.

En outre, le sage qui ne désire rien de plus pourra toutde même, s'il est invité à un banquet, jouir de la nourriture succulente.

De tels plaisirs ne sont nullement interdits, àcondition de ne pas les désirer toujours, de ne pas en être dépendant.

Il faut donc passer ses désirs au crible de saraison et éliminer impitoyablement tous ceux qui ne sont pas naturels et nécessaires, tous ceux qui sont vains,artificiels, superflus ou excessifs .

alors nous serons sages et nous atteindrons l'ataraxie, l'état d'absence de troublede l'âme, cad le bonheur.

En effet, ce sont les angoisses, les passions, les désirs inassouvis qui troublent notre âme,nous font souffrir et nous empêchent d'être heureux.

Se délivrer de tout cela, c'est déjà être heureux, de même qu'ilfaut penser que le plaisir se trouve déjà dans l'absence de souffrance.

Nous voyons qu'Epicure redéfinit le plaisir (etcorrélativement le bonheur) à l'encontre de la pensée commune, qui n'aperçoit de plaisir que dans un excitationpositive des sens ou de l'esprit.

Nous voyons aussi quelle est la vraie nature de l'hédonisme d'Epicure et quelmonumental contresens a fait la tradition en en faisant « une morale de pourceaux libidineux se vautrant dans laluxure », alors qu'il s'agit avant tout d'une ascèse, d'une maîtrise des désirs, assez semblable à ce que peuventpratiquer certains religieux, ermites ou ascètes, même si c'est dans de tout autres buts. - Chez les stoïciens: «Ne demande pas que les choses arrivent comme tu les désires, mais désire qu'elle arriventcomme elles arrivent, et tu couleras des jours heureux» (Épictète, Pensées, XIV).. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles