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Où commence la violence ?

Publié le 29/01/2004

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B. L'usage politique de la violenceIl s'est trouvé au moins un grand penseur pour faire l'éloge de la violence en politique : c'est Machiavel (1469-1527). S'il n'a jamais écrit la phrase par laquelle on résume sa doctrine : « La fin justifie les moyens », telle est bien, semble-t-il, sa pensée. Dans Le Prince (écrit en 1513, publié en 1532), il affirme qu'en politique compte d'abord l'efficacité. Pour ne citer qu'un exemple, Machiavel raconte que César Borgia eut l'habileté de confier l'administration de la Romagne à « Messire Rémy d'Orque, homme cruel et expéditif » qui, par une tyrannie inflexible, « remit le pays en tranquillité et union », mais se fit partout détester. Aussi Borgia n'hésita-t-il pas à le faire «un beau matin, à Cesena, mettre en deux morceaux au milieu de la place, avec un billot de bois et un couteau sanglant près de lui. La férocité de ce spectacle fit tout le peuple demeurer en même temps satisfait et stupide ».Si le prince, pour faire régner la paix et maintenir l'État, est contraint d'agir à l'occasion contre la morale ou la religion, si, en poli-tique, la bonté est quelquefois catastrophique et la cruauté moins préjudiciable que l'humeur pacifique, c'est essentiellement parce que les hommes sont cupides et méchants. « Quiconque veut fonder un État et lui donner des lois doit supposer d'avance les hommes méchants », écrit Machiavel dans son Discours sur la première décade de Tite-Live (1531). LE PROBLÈME ÉTHIQUEA.

« Il s'est trouvé au moins un grand penseur pour faire l'éloge de la violence enpolitique : c'est Machiavel (1469-1527).

S'il n'a jamais écrit la phrase parlaquelle on résume sa doctrine : « La fin justifie les moyens », telle est bien,semble-t-il, sa pensée.

Dans Le Prince (écrit en 1513, publié en 1532), ilaffirme qu'en politique compte d'abord l'efficacité.

Pour ne citer qu'unexemple, Machiavel raconte que César Borgia eut l'habileté de confierl'administration de la Romagne à « Messire Rémy d'Orque, homme cruel etexpéditif » qui, par une tyrannie inflexible, « remit le pays en tranquillité etunion », mais se fit partout détester.

Aussi Borgia n'hésita-t-il pas à le faire«un beau matin, à Cesena, mettre en deux morceaux au milieu de la place,avec un billot de bois et un couteau sanglant près de lui.

La férocité de cespectacle fit tout le peuple demeurer en même temps satisfait et stupide ».Si le prince, pour faire régner la paix et maintenir l'État, est contraint d'agir àl'occasion contre la morale ou la religion, si, en politique, la bonté estquelquefois catastrophique et la cruauté moins préjudiciable que l'humeurpacifique, c'est essentiellement parce que les hommes sont cupides etméchants.

« Quiconque veut fonder un État et lui donner des lois doitsupposer d'avance les hommes méchants », écrit Machiavel dans son Discourssur la première décade de Tite-Live (1531). En 1513, Machiavel , diplomate originaire de Florence, achève la rédaction du « Prince ». Suite à un bouleversement politique à Florence, il avait été contraint d'abandonner ses fonctionset de se retirer.

Il profita de cet exil pour rédiger une sorte de traité expliquant à un chef politique la façon de sauvegarder son pouvoir et même d'accéder à la gloire. L'idée d'un tel ouvrage, constitué par des conseils adressés à un prince, n'était pas neuve en elle-même.

Il existait déjà de nombreux « miroirs des princes » et Machiavel s'insère donc dans une tradition.

Mais il rompit avec l'usage et provoqua le scandale par la manière dont il aborda le problème.

On vit en lui une nouvelle incarnation de Satan et, aujourd'hui encore, quelques commentateurs continuent de le considérercomme un « apôtre du mal ». Le discours humaniste du temps, que récuse Machiavel , s'inspirait des moralistes latins et notamment de Cicéron .

Pour ce dernier et ceux qui se rattachaient à sa pensée au XV ième, la gloire du chef reposait sur une bonne gestion allant de pair avec une conduite vertueuse, cadconforme aux exigences de la morale. Machiavel s'inscrit en faux contre cette thèse.

Le souci premier du Prince doit être de conserver son pouvoir et même de l'accroître à l'occasion.

Si les hommes étaient bons, il pourrait le faire sans jamais s'écarter des grands principes moraux universellement admis.

Mais leshommes sont pour la plupart méchants quand on ne les force pas à être bons.

En conséquence, le Prince sera vertueux, au sens courant du terme,si le contexte le permet, et il ne le sera pas si la situation le lui impose.

En cas de nécessité, il pourra faire des entorses aux grands principes.

Il luisera loisible d'agir contre la parole donnée, contre la charité, contre l'humanité (le respect de l'homme) et même contre la religion.

La fin justifie lesmoyens. Cette idée est exprimée en plusieurs endroits du « Prince » et de « Discours sur la première décade de Tite-Live », et, en particulier, dans le chapitre XV du « Prince » : « Car qui veut entièrement faire profession d'homme de bien, il ne peut éviter sa perte parmi tant d'autres qui ne sont pas bons.

Aussi est-il nécessaire au Prince qui se veut conserver qu'il apprenne à pouvoir n'être pas bon, et d'en user ou n'user pas selon lanécessité. ». Après avoir, dans les premières pages du « Prince », envisagé les différentes formes de gouvernement, Machiavel décide de centrer son propos sur la situation qui peut paraître la plus précaire, celle d'un prince nouveau et qui a été mis en place par une armée étrangère.

Quelsprincipes doit mettre en œuvre ce prince pour se conserver et pour conserver son pouvoir ? Le « Prince » tout entier se propose de répondre à cette question. Machiavel pense que l'on peut tirer des leçons de l'histoire.

En étudiant le comportement des grands hommes, en analysant les causes de leurs échecs ou de leurs succès, il est possible de dégager les principes sur lesquels pourra se fonder une action politique.

Sa conclusion estclaire : on ne fait pas de bonne politique avec de bons sentiments. Il n'est pas important pour le « Prince » d'être bon ou de ne pas l'être.

Celui-ci doit avoir la ruse du renard « pour connaître les filets » et la force du lion « pour faire peur aux loups ».

L'exemple à suivre est celui de l'empereur Sévère qui « fut un très féroce lion et un très astucieux renard ». « Il faut donc savoir qu'il y a deux manières de combattre, l'une par des lois, l'autre par la force ; la première forme est propre aux hommes, la seconde propre aux bêtes ; comme la première bien souvent ne suffit pas, il faut recourir à la seconde.

Ce pourquoi est nécessaire au Prince desavoir bien pratiquer la bête et l'homme. » La même idée que la fin justifie les moyens est exprimée dans les « Discours » : « Un esprit sage ne condamnera jamais quelqu'un pour avoir usé d'un moyen hors des règles ordinaires pour régler une monarchie ou pour fonder une république.

Ce qui est à désirer, c'est que si le faitl'accuse, le résultat l'excuse. » Ce réalisme, bien loin de la morale humaniste ou de la morale chrétienne, apparaît, à première vue, tout à fait dénué de machiavélisme. Dans son acception courante, ce terme évoque, en effet, des manœuvres tortueuses, le recours au secret.

Rien de tout cela ici, mais seulement un. »

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