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Comment articuler le lien entre science et technique ?

Publié le 09/02/2004

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technique
J-C) de la « Techné » grecque (ou art = procédé en vue d'une production) : [elle vise] « l'engendrement d'une oeuvre, et la connaissance des moyens pour créer des choses qui peuvent être ou n'être pas, et dont le principe d'existence réside dans le créateur et non dans la chose créée » (Ethique à Nicomaque, VI). C'est la différence avec l'objet « naturel », qui possède en lui son « principe d'existence ». b) Dans ces conditions, la technique est d'abord empirique Alors, si la technique est bien affaire de connaissance, il s'agit précisément d'une « connaissance des moyens » pour créer des choses « contingentes ». Dans ces conditions, cette connaissance technique est d'abord une connaissance empirique, héritage de savoir-faire acquis par apprentissage et imitations pratiques ; les sociétés traditionnelles ont mis en oeuvres bien des techniques, souvent complexes, sans en posséder une théorie abstraite et explicite (Claude Lévi-Strauss, Anthropologie Structurale 1, Science et Magie, 1958). c) Ainsi, si la technique a rapport à la science, c'est parce qu'elle en est le produit. Peut-être, en effet, en va-t-il différemment de la technique moderne, dont les procédés dérivent de connaissances scientifiques préalables, dont l'activité technique constitue une application (Francis Bacon, Novum Organum, 1620). Dans ces conditions, les techniques ne deviennent-elles pas  quelque chose de plus que des savoir-faire (disons empiriques), autrement dit véritables savoirs ? II - La rencontre de la science et de la technique est un phénomène historique a) l'artisan précède l'ingénieur C'est un phénomène historique et culturel très circonscrit que cette intégration de la science aux savoirs et aux activités techniques. Ce phénomène se développe avec la révolution scientifique du XVIIème siècle (dite « galiléo cartésienne »). Dès les X-XIe siècles, les Chinois construisait des horloges, et l'Europe médiévale fabriquait des horloges mues par des poids depuis le XIVème siècle : apparemment, ces inventions n'ont rien avoir avec un savoir scientifique bien constitué.
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« b) Quand la théorie scientifique constitue des objets techniques En revanche, ce sont les travaux de Galilée, perfectionnés par Huygens, qui vont donner, par exemple, à la pendulele statut d'objet scientifique, à partir de la théorie de l'isochronisme et de la cycloïde (un arc qui n'est pas tout àfait un arc de cercle).

La pendule « scientifique » résulte aussi d'une autre invention de Huygens (contemporain deDescartes), celle du ressort à spirale fonctionnant à la fois comme moteur et comme régulateur (Michel Serres,Eléments d'histoire des sciences, 1997 ). Tout cela résulte d'une théorie physique : celle du mouvement oscillatoire d'un mobile soumis à une force de rappel.Dans la même voie, c'est un horloger londonien qui va inventer le cadran à deux aiguilles (donc celle marquant lesminutes). c) Désormais, on entre dans la « techno science ». Il y a ici rencontre de la science et de l'activité technique, mais la première n'a pas forcément eu pour finalité lestechniques auxquelles elle va donner lieu. Et pourtant, plus nous nous rapprochons du XXème siècle, plus la concomitance de la science et de la technique vas'accentuer.

On pourrait faire le récit de la machine à vapeur, qui commence avec la « machine à poudre » deHuygens (XVIIe siècle), pour aboutir à James Watt (1769). Mais surtout, on pourrait aussi saisir l'exemple du développement de la radio électricité, dans lequel la connaissancescientifique joue un rôle encore plus important (théories concurrentes de Maxwell et de Coulombs, Faraday etAmpère, entre 1830 et 1860 ; v.

G-G.

Granger, La science et les sciences , PUF 1993 ). III – L'ingénieur : savant ou technicien ? a) Le lien de la science à la technique doit demeurer contingent. Dans ces conditions, ces savoirs techniques sont-ils de nature à nous permettre de conclure à une identité de lascience et de la technique ? Ne concluons pas trop vite à l'identité : D'abord, en raison du caractère désintéressé de la science : à la différence de la connaissance scientifique,qu'Aristote qualifiait de « théorétique », le savoir technique a une fonction essentiellement « pratique » (ou « poïétique »), disons une fonction utilitaire. C'est avec la révolution galiléenne que va se constituer une technique « moderne », c'est-à-dire une suite appliquéede la connaissance scientifique.

Dès les XVIIe-XVIIIe siècles, des « savants » réalisent des traités de navigation(Huygens, Bernouilli, Euler ; ou encore des traités de chimie « pratique », premiers « procédés » (techniques) quivont engendrer l'industrie chimique ( Traité de chimie industrielle de Chaptal, 1806) : en effet, une grande part de la technique moderne naît de l'application de la science à l'industrie (A.

Comte, Cours de philosophie positive, 1830-1842 ). b) Technique et science demeurent essentiellement distinctes. Dans ces conditions, parce que le savoir technique vaut par son efficacité, et donc s'apprécie au résultat(qu'Aristote dirait « extérieur à l'agent »), il peut même reposer, très paradoxalement, sur des croyances ou dessuperstitions (v.

la baguette de coudrier ou les remèdes dit « de bonnes femmes »); en revanche, la connaissancescientifique se légitime, quant à elle, par le raisonnement et la vertu démonstrative et expérimentale ; disons que lascience vise à expliquer un phénomène de la manière la plus complète et la plus objective possible ; alors que lesavoir technique indique surtout comment produire un phénomène pour obtenir tel ou tel résultat. c) Dualité du « scientifique » aujourd'hui Pour mieux préciser la différence, il convient donc de distinguer entre le savant et le technicien. Prenons le point de vue sociologique : dans l'Antiquité (voir encore là-dessus Aristote, le technicien est un«manuel », l'homme de la « Techné » est un homme servile : l'artisan a un statut inférieur –cela parce que lesinventions technique n'ont pas de rapport direct avec la Science.

Cela n'empêche pas que les Grecs et les Romains,par exemple, aient mis en œuvre des techniques très élaborées et très « savantes » (travail des métaux, enginsmilitaires, construction des thermes…). C'est ce qui explique le statut un peu exceptionnel d'un Archimède (-IIIe siècle).

Mais le ton général de l'Antiquitédemeure celui de l'infériorité des techniques. Le statut actuel de l'ingénieur, qu'Auguste Comte plaçait à la tête de la société conforme à l'état positif (ou âge dela science), illustre bien la forte synthèse de l'homme de science et de l'homme de l'art dans une société désormaisplacé sous l'égide de la « techno science » (Jürgen Habermas, La technique et la science comme idéologie , 1968).. »

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