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COMMENT CONCEVEZ-VOUS L'AMITIÉ

Publié le 06/04/2005

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Deux amis doivent-ils se ressembler pour que l'amitié soit possible et durable ? Dans l'amitié, est-ce ma satisfaction ou celle de l'autre que je recherche ? Dans le deuxième cas, comment comprendre que je puisse faire passer l'intérêt de l'autre avant le mien ?  Proposition de plan :  L'amitié suppose réciprocité « Donc les amis doivent avoir de la bienveillance l'un pour l'autre et se souhaiter du bien sans s'ignorer (...) » Aristote, Éthique à Nicomaque, VIII. l       Contexte : Aristote essaie de distinguer l'amitié d'autres termes qui en sont proches, en particulier de la bienveillance. La bienveillance suppose de souhaiter du bien à quelqu'un. Mais l'amitié a deux caractéristiques propres : 1.     il s'agit d'une bienveillance réciproque ; 2.     les deux amis ne doivent pas ignorer cette bienveillance réciproque, c'est-à-dire que chacun doit savoir que l'autre a de la bienveillance envers lui.
Analyse du sujet :
l       La formulation du sujet peut être trompeuse : il ne s'agit en effet pas de donner purement et simplement sa conception personnelle de l'amitié, encore moins d'énumérer tout ce que peut être l'amitié pour vous.
l       Il s'agit en réalité de se forger une conception personnelle à partir d'une étude générale (et appuyée sur des auteurs) de l'amitié, c'est-à-dire non pas simplement d'affirmer sa propre conception de l'amitié, mais de montrer en quoi c'est une conception qui se défend.
l       Il s'agit donc en fait plus d'un problème de définition d'un terme, « l'amitié «, que de point de vue personnel.
l       La première remarque à se faire est alors qu'il existe différentes formes, ou au moins différents degrés d'amitié, de ce qu'on pourrait appeler la simple « connaissance « au meilleur ami avec lequel on partage tout. Quels sont les points communs entre ces différentes formes d'amitié, et, éventuellement, quelle est, parmi ces formes, la véritable amitié ?
l       Il peut être également très utile, pour éviter de dévier du sujet, de distinguer l'amitié d'autres termes qui lui sont proches : amour (tout en prenant garde au fait qu'à l'époque classique, on dit souvent « amitié « pour « amour «), fraternité, lien filial, etc.
l       On peut partir de la remarque simple selon laquelle l'amitié suppose (au moins) deux personnes, et une réciprocité.
l       Dès lors, ce qu'il convient d'analyser, c'est la nature du lien qui unit ces deux personnes.
Problématisation :
Pour qu'il y ait réciprocité entre des amis, faut-il que ceux-ci se ressemblent suffisamment pour pouvoir s'apporter une égale satisfaction ? Cette question en cache en réalité deux
le dicton « qui se ressemble s'assemble « est-il fondé ? Deux amis doivent-ils se ressembler pour que l'amitié soit possible et durable ?
Dans l'amitié, est-ce ma satisfaction ou celle de l'autre que je recherche ? Dans le deuxième cas, comment comprendre que je puisse faire passer l'intérêt de l'autre avant le mien ?
 

« « Nous nous familiarisons aisément avec les personnes qui nous sont alliés, par le sang, avec noscompatriotes, avec les gens de notre profession, avec ceux qui nous ressemblent, soit par leurfortune, soit par les événements de leur vie : nous recherchons leur compagnie, parce que nousentrons sans contrainte dans leurs idées et leurs sentiments, rien de singulier ou de nouveau nenous arrête (...) » Hume l Comment comprendre à la fois que l'amitié ait besoin d'être très répandue dans la cité, et qu'elle ne soit possible qu'entre personnes semblables ? Cela signifie-t-il que tous les citoyenssont semblables ? On aurait du mal à le croire. Les différentes formes de l'amitié 2. l La solution à ce problème réside dans la distinction entre différentes formes d'amitié, trois pour Aristote. « (...) les formes de l'amitié sont au nombre de trois (...) l Il s'agit d'une part des amitiés dites « accidentelles », qui sont au nombre de deux : 1.

l'amitié par intérêt : « Ainsi donc, ceux que motive l'intérêt dans leur amour mutuel ne s'aiment pas en raison de leurs propres personnes, mais ne s'apprécientque dans les limites où, chacun à son profit, ils peuvent recevoir l'un de l'autrequelque bien » ; 2.

l'amitié par plaisir : « Et il en va encore de même de ceux que motive le plaisir. Ce n'est pas en effet parce qu'ils sont des personnes de qualité qu'ils affectionnentles personnes de joyeuse compagnie, mais du fait qu'elles leurs sont agréables àeux-mêmes ». Ces amitiés sont instables et ne durent que tant que chacun y trouve son intérêt.

On peutcependant penser qu'il s'agit de l'amitié qui peut être répandue dans la cité entière. l D'autre part, il existe une troisième forme d'amitié, dite « achevée », qui est « celle des personnes de bien qui se ressemblent sur le plan de la vertu ».

« Ce sont elles en effet qui sesouhaitent pareillement du bien les unes aux autres en tant que personnes de bien et qui sonttelles en elles-mêmes ». Cette amitié-là est durable, elle est celle que l'on pourrait qualifier de « véritable » amitié. l Mais comment penser ce don gratuit de soi au point que l'autre devienne quasiment un autre moi-même ? La véritable amitié est rare 3. l Aristote précise que cette amitié n'est possible qu'entre gens de bien, et que, puisque les gens de bien sont difficiles à trouver, il est d'autant plus rare que deux se rencontrent.

Cette amitié estdonc particulièrement rare. l C'est cette rareté que souligne également Montaigne : « Il faut tant de rencontres à la bâtir, que c'est beaucoup si la fortune y arrive une fois en troissiècles », puis, « Parce que c'était lui ; parce que c'était moi ». Montaigne, Essais , livre I, chapitre 28. l Cette rareté vient-elle du fait qu'une ressemblance parfaite est extrêmement rare ? l On peut interpréter autrement l'amitié de Montaigne avec La Boétie : la fusion entre les deux amis (qui n'est d'ailleurs pas nécessairement ressemblance, mais lien privilégié entre eux) n'est pasla cause mais l'effet de l'amitié : « Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ce ne sont qu'accointanceset familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmess'entretiennent.

En l'amitié de quoi je parle [la véritable amitié], elles se mêlent et se confondentl'une en l'autre, d'un mélange si universel, qu'elles effacent et ne retrouvent plus la couture qui lesa jointes ».. »

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