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Comment distinguer l'homme cultivé de l'homme civilisé ?

Publié le 09/08/2005

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Le civilisé n'est que cet homme de l'homme dont parlait Rousseau, qui se distingue de l'homme de la nature (Emile) pur masque produit de son éducation, homme dénaturé dont les moi est un pur artifice. L'homme civilisé, de ce point de vue, sans culture, n'est plus personne. - De ce point de vue, il paraît nécessaire de penser l'homme cultivé et l'homme civilisé dans l'unité de l'homme humain, ce qu'on peut tâcher de faire en troisième partie par opposition à l'idée de barbarie.   3. Les barbaries et l'humain   - On peut donc voir que, penser dans leur abstraction, l'homme cultivé et l'homme civilisé produisent deux types de barbarie, c'est-à-dire de types de négation de l'humanité. L'homme seulement cultivé peut nier l'humanité de son prochain, c'est-à-dire ne pas reconnaître en autrui un semblable. Ce peut être alors la barbarie de celui qui se pose comme sur-homme ou qui se détermine par son opposition (le sacré). Ce qui est nié ici, c'est la nature sociale de l'homme, et donc l'humanité nécessaire d'autrui comme condition de reconnaissance de sa propre humanité. L'homme seulement cultivé pourrait alors apparaître comme une première figure de l'inhumain. - En miroir, l'homme civilisé, et sans culture, rejette comme barbare ce qui se distingue alors de sa civilisation.

Au premier abord, la distinction de l'homme cultivé et de l'homme civilisé paraît être affaire de rapport : la culture renvoie en effet en une première analyse à l'instruction, au savoir, et l'homme cultivé est celui qui connaît. De manière différente, l'homme civilisé renvoie à l'idée d'un homme qui développe un certain type de rapport aux autres, la question de la civilisation renvoyant donc plus à la question du rapport entre les hommes (la société, les bonnes manières) qu'à un rapport à soi-même (la culture comme développement de ses facultés intellectuelles et morales). De ce point de vue, si la culture peut être mise au service de la civilité, son développement et ses connaissances au service de la société, elle n'y conduit pas nécessairement. Et réciproquement, on peut envisager des civilisations ignorantes, sans art, sans technique, sans savoir, ou des rapports sociaux fondés hors de l'idée d'un développement des individus. De ce point de vue, la civilité, et partant une civilisation, peut venir contredire (et ceci à tort ou à raison) la culture.

            D'un autre côté, on ne voit pas comment on pourrait entrer en rapport avec autrui, c'est-à-dire se civiliser, sans aucune instruction, donc sans culture. Sous ce jour, il apparaît que la culture est condition de la civilisation. La notion de civilisation suppose en effet l'idée d'une transmition de coutumes et de règles de vie. Mais de même, si l'homme est un animal social, comment pourrait-il développer sa culture hors de toute société, c'est-à-dire sans devenir un homme civil ?

            Le problème est donc le suivant : d'un côté il paraît facile de distinguer l'homme cultivé de l'homme civilisé, comme on distingue l'homme qui a du savoir et l'homme qui a des manières. Mais de l'autre on ne voit pas comment il serait possible d'avoir du savoir sans avoir des manières, ou des manières sans avoir du savoir.

 

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