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Comment penser le lien entre la matière et l'esprit ?

Publié le 12/02/2004

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esprit
Il lui faudrait - ce qui est impossible - un nombre infini d'organes pour faire autant de choses que notre raison nous le permet. La pensée est une propriété du corps organisé.«Je crois la pensée si peu incompatible avec la matière organisée qu'elle semble en être une propriété, telle que l'électricité, la faculté motrice, l'impénétrabilité, l'étendue, etc. » La Mettrie, L'Homme-machine (1748). L'homme-machine dérive de l'animal-machine de Descartes mais La Mettrie entend pousser le mécanisme cartésien jusqu'au maximum de ses conséquences logiques: tout ce que la métaphysique cartésienne attribuait à l'âme (pensées, ides innées) peut être expliqué matériellement. Tout en l'homme n'est que mécanisme et il revient à la science d'en rendre compte.* La solution cartésienne laisse posé le problème de fond: comment l'immatériel peut-il agir sur la matière (et réciproquement)? La Mettrie utilise Descartes pour le critiquer: il prolonge la théorie de Descartes des «animaux-machines» avec sa théorie de «l'homme-machine»: l'homme, dit-il, n'a pas plus une âme que les animaux, il est seulement une machine beaucoup plus complexe.* La Mettrie propose donc une théorie matérialiste du rapport matière/esprit, mais à la différence de Lucrèce, il pense l'esprit non comme un ensemble spécifique de molécules, mais comme un effet de l'organisation de la matière. * Prolongement contemporain de cette conception: l'Homme neuronal du neurologue Jean-Pierre Changeux.
esprit

« de mille entre un corps humain et un corps animal.

Aucun animal n'use jamais de signes, ou d'un quelconque langagepour exprimer une pensée.

On peut concevoir un automate qui réponde par la parole à certains messages simples :crier si on le touche, ou prononcer quelques phrases simples, mais aucun automate ne sera jamais en mesured'agencer une parole qui réponde au sens de ce qu'on lui dit.

Enfin, si un corps animal ou un automate peutaccomplir un nombre limité de tâches, parfois même mieux que nous, il ne peut aller au-delà.

Ce qui montre qu'ilsagissent par la disposition de leurs organes, et non par connaissance.

Ils sont dépourvus de pensée ou d'esprit.

Iln'y a que l'homme à disposer de cet instrument universel qu'est la raison et qui lui sert en toute occurrence afind'agir comme il convient.

Chaque organe de la machinerie animale, tout au contraire, est spécialisé.

Il lui faudrait -ce qui est impossible - un nombre infini d'organes pour faire autant de choses que notre raison nous le permet. Le monisme de SpinozaSpinoza fut un lecteur à la fois attentif et critique de Descartes.

Un despoints de tension de la philosophie cartésienne, auquel il s'opposa plusparticulièrement, est l'union substantielle du corps et de l'âme.

Pour lui, leproblème n'est pas posé convenablement : il ne faut pas considérerl'extension et l'esprit comme deux principes séparés parce qu'il devient dèslors impossible de comprendre leur cohésion ou leur relation, et c'est bien làune des apories fondamentales du cartésianisme.

Dans l'Ethique, Spinozaexplique que la pensée et l'étendue sont deux attributs de Dieu que nousconnaissons (un attribut est ce qui constitue un des aspects essentiels de lasubstance).

La matière, comme l'esprit, participent tous deux de la réalitédivine, laquelle n'est pas transcendante (au-delà du monde), mais immanente(Dieu ou la nature, c'est la même substance).

Le Dieu dont nous parleSpinoza n'est pas un Dieu personnel comme dans les religions monothéistes,un pur esprit, mais une puissance partout présente : Dieu est la Nature, et laNature est Dieu.

Les deux attributs de Dieu, pensée et étendue, seretrouvent partout, et l'homme les exprime selon un « mode » qui leur estpropre.

Le mode de la pensée est l'esprit, celui de l'étendue est le corps.D'ores et déjà, le dualisme classique trouve une première réponse : il n'y pasdeux substances mais une seule, à savoir Dieu, et celle-ci se décline selondes modes que l'on peut certes distinguer par la réflexion, mais qu'il est faux de séparer dans l'être (c'est-à-diredans la réalité).

A partir de là, une seconde solution vient résoudre la difficulté de la relation corps / esprit : c'estce que les commentateurs ont appelé le « parallélisme ».

Le mode de l'étendue (le corps) et l'idée de ce mode(l'esprit) sont une seule et même chose exprimée différemment.

Un principe spinoziste veut que l'ordre et laconnexion des idées soient les mêmes que l'ordre et la connexion des choses.

Cela implique que tout ce qui seproduit dans le corps se produit aussi dans l'âme qui est son idée, et que tout ce qui se produit dans l'âme seproduit aussi dans le corps qui est son point de vue : quand l'âme agit, le corps agit, quand l'âme pâtit, le corpspâtit, et inversement.

Dès lors, l'âme est le complément psychique du corps, le corps le complément matériel del'âme, en tant qu'ils sont tous deux des modes d'une seule et même substance présente en tout : Dieu ou la nature. La pensée est une propriété du corps organisé. «Je crois la pensée si peu incompatible avec la matière organisée qu'elle semble en être une propriété, telle quel'électricité, la faculté motrice, l'impénétrabilité, l'étendue, etc.

» La Mettrie, L'Homme-machine (1748). L'homme-machine dérive de l'animal-machine de Descartes mais La Mettrie entend pousser le mécanisme cartésienjusqu'au maximum de ses conséquences logiques: tout ce que la métaphysique cartésienne attribuait à l'âme(pensées, ides innées) peut être expliqué matériellement.

Tout en l'homme n'est que mécanisme et il revient à lascience d'en rendre compte. • La solution cartésienne laisse posé le problème de fond: comment l'immatériel peut-il agir sur la matière (etréciproquement)? La Mettrie utilise Descartes pour le critiquer: il prolonge la théorie de Descartes des «animaux-machines» avec sa théorie de «l'homme-machine»: l'homme, dit-il, n'a pas plus une âme que les animaux, il estseulement une machine beaucoup plus complexe. La cinquième partie du "Discours de la Méthode" expose la physique cartésienne, forme résumée du Traité du monde; c'est une déduction rationnelle des principales lois de la nature à partir d'un chaos initial fictif.

« Démontrant leseffets par les causes » (V), il s'appuie sur le principe mécaniste d'une nature explicable par figure et mouvement, etfait ainsi l'économie du recours à la notion d'âme (il développe l'exemple de ses travaux sur les fonctionscardiaques).

C'est particulièrement dans l'étude du vivant qu'un tel geste se trouve mis en relief.

De là, le modèle dela machine ou de l'automate pour penser le corps animal et ses divers mouvements, l'image technique ayant pourvocation de souligner ici l'approche mécaniste du monde naturel.

Mais, là où l'animal peut s'y réduire complètement(car il est tout matière), on doit reconnaître en l'homme, et en l'homme seulement, une composition de deuxsubstances : machine jusqu'à un certain point (le corps), ce qui le caractérise en propre reste l'exercice de lapensée qui, elle, est immatérielle.

Parler avec à propos est le signe extérieur d'une telle spécificité. • La Mettrie propose donc une théorie matérialiste du rapport matière/esprit, mais à la différence de Lucrèce, ilpense l'esprit non comme un ensemble spécifique de molécules, mais comme un effet de l'organisation de la matière.. »

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