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Commentaire d'un passage de LA Condition Humaine

Publié le 01/10/2010

Extrait du document

Malgré la rumeur, malgré tous ces hommes qui avaient combattu comme lui, Katow était seul, seul entre le corps de son ami mort et ses deux compagnons épouvantés, seul entre ce mur et ce sifflet perdu dans la nuit. Mais un homme pouvait être plus fort que cette solitude et même, peut-être, que ce sifflet atroce : la peur luttait en lui contre la plus terrible tentation de sa vie. Il ouvrit à son tour la boucle de sa ceinture. Enfin : - Hé là, dit-il à voix très basse. Souen, pose ta main sur ma poitrine, et prends dès que je la toucherai : je vais vous donner mon cyanure. Il n'y en absolument que pour deux. Il avait renoncé à tout, sauf à dire qu'il n'y en avait que pour deux. Couché sur le côté, il brisa le cyanure en deux. Les gardes masquaient la lumière qui les entourait d'une auréole trouble ; mais n'allaient-ils pas bouger ? Impossible de voir quoi que ce fût ; ce don de plus que sa vie, Katow le faisait à cette main chaude qui reposait sur lui, pas même à des corps, pas même à des voix. Elle se crispa comme un animal, se sépara de lui aussitôt. 

Katow est prisonnier, avec d'autres communistes, des troupes de Tchang Kai-Chek dans le préau d'une école. Kyo, son ancien compagnon, vient de se suicider. Dans ce passage, Katow fait don de son cyanure à deux jeunes Chinois. Il s'agit d'une scène intense, ordonnée comme un spectacle et destinée à frapper l'esprit du lecteur.

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