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Commentaire le Tartuffe de Molière Acte II scène II (vers 519) - Littérature

Publié le 17/01/2011

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 * INTRO : Molière, dramaturge classique, est aujourd’hui comme hier, un véritable symbole du théâtre comique car il a su élever cet art au côté de la tragédie quand celle-ci était seule détentrice du titre d’art noble. Molière fut protégé par les plus grands et notamment par le roi lui-même. Grace à cette protection, Molière, véritable critique sociale de son temps, s’est permis de s’attaquer à différentes personnes, titres, groupes et a souvent fait  de ses personnages, les porteurs de ses idées sur la société. Mais ses débordements sont quelques fois indéfendables comme avec Le Tartuffe où l’auteur s’attaque directement à l’hypocrisie de l’église, la pièce sera premièrement interdite puis Molière la réécrira et proposera cinq ans plus tard  en 1669 son nouveau Tartuffe pièce versifié en cinq actes. Beaucoup des scènes de cette pièce sont très connues comme par exemple l’extrait que nous allons étudier. Il s’agit de la scène II de l’acte II où Dorine servante, essaye de raisonner son maître Orgon résolu à marié sa fille Mariane à Tartuffe, dévot hypocrite que la jeune fille n’aime pas. Pour l’étude de ce dialogue comique et argumentatif, nous examinerons tout d’abord le dialogue mouvementé entre maître et valet et la dimension comique du texte, puis nous approfondirons l’argumentation en elle-même et les idées qu’elle dégage et nous nous attarderons pour terminer sur l’engagement que l’auteur donne au texte sur la question du mariage d’argent. 

 

   * Dans un premier temps nous allons nous intéressé à la progression du dialogue et à son rythme, puis nous étudierons la relation maître valet  et nous verrons pour finir la dimension comique attribué au texte.  

 

   * Pour commencer étudions le rythme et la composition de l’extrait. On assiste au cours de l’extrait à une progression, il est composé de deux grands temps une première partie vive et rapide où Dorine feint de ne pas croire Orgon, puis mène vers une deuxième partie composé de 3 tirades où Dorine essaye de persuadé Orgon. Le premier temps commence par deux longues phrases, Dorine commence doucement puis accélère et avec un dialogue plus vif en stichomythies et ponctué comme par exemple « D : Chansons ! O : Ce que je dis, ma fille, n’est point jeu. « (vers 468) elle veut faire réagir Orgon qui s’énerve. Puis Dorine calme le jeu par une longue phase et une petite tirade qui vont mener à l’argumentation, qui sont calmes en apparence avec l’emploi de « parlons sans nous fâcher « (vers 478) mais où elle le provoque comme avec  « vous soyez assez fou « (vers475)  « un gendre gueux « (vers 483) « vous moquez-vous des gens« (vers 479) ce qui va causer l’emportement d’Orgon qui fera l’éloge de Tartuffe sous la colère en commençant par « taisez-vous « (vers 484). Ce jeu où Dorine commence doucement puis devient de plus en plus directe, et attaque Orgon puis reviens à un dialogue plus doux et ménage son maître, se retrouve trois fois dans l’extrait : du début jusqu'à la fin des stichomythie avec « et bien on vous croit donc « (vers 473) où Dorine énerve Orgon en feintant de ne pas le croire,  de « se peut-il, monsieur, « (vers 474) jusqu'à « mais ce discours vous blesse « où Dorine attaque Tartuffe, et une troisième fois de « ferez-vous possesseur « (vers 503) jusqu'à « vous n’en feriez que mieux de suivre mes leçons « (vers 519) où Dorine blâme les mariage d’argent. Ces brusques changements d’intensité sont menés par Dorine pour déstabiliser son maître. La scène est entièrement dirigé par la servante qui à l’aide des changement de rythme et d’intensité du dialogue pour arriver à son but : faire changer d’avis son maître.

 

   * Nous venons de voir que dans l’extrait c’était Dorine qui menait, attardons nous sur cette relation maître valet et examinont le comportement de chacun face à l’autre. Bien que Orgon s’affirme au début en demandant des comptes à sa servante calmement « Que faites-vous là ? « (vers 456) ou en affirmant son dessein, sûr de lui « Je sais bien le moyen de vous le faire croire « (vers 465), il est vite déstabilisé par Dorine qui dément ouvertement ses propre propos. Orgon se place tout d’abord sur la défensive s’accrochant à sa fille en l’interpellant « ce que je dis, ma fille, n’est point jeu « (vers 468), puis menace Dorine « A la fin mon courroux « (471) qui se calme et Orgon la réprimande plus calmement « vous avez pris céans certaines privautés qui ne me plaisent point « (vers 476-478). Celle-ci surenchérie et Orgon s’emporte avec « taisez-vous « (vers 484). Si Orgon s’énerve il n’en reste pas moins attentif à Dorine. Cela s’explique par le jeu de la servante typique du valet moliériens.

 

   *  En effet Dorine est le valet futé directement inspiré des personnages de  la comedia del’arte qui va aider les jeunes amoureux et qui souvent se joue du vieux maître. Ici elle entretient l’irritation d’Orgon en le ménageant. Dorine va se permettre de couper la parole de son maître « O : A la fin mon courroux… D : Hé bien ! On vous croit « (vers 171-172), de le contredire directement « O : Je vous dis… D : Non « (vers 170), de défié son autorité de père « ne croyez point à monsieur votre père « (vers 469), de le qualifier de « fou « (vers 475) et même de le conseiller ou presque le réprimander « Vous n’en feriez que mieux de suivre mes leçons « (vers 519) « vous moquez vous des gens « (vers 479) « tant pis pour vous « (vers 172) presque comme une mère qui préviens son enfant qu’il va faire une bêtise et qu’il ne faudra pas venir pleurer. En faisant cela Dorine veut inciter son maître à s’enerver, et veut le mettre mal à l’aise car ses attaques, comme nous l’avons vu lors de l’étude du rythme, viennent progressivement, en crescendo. Dorine, prudente, commence doucement en insistant avec « Vraiment, je ne sais pas si c’est un bruit qui part de quelque conjecture, ou d’un coup de hasard « (vers 464-465) « A tel point « (vers 463), elle coutourne les attaques d’Orgon « oui, oui, « (vers 466) « allez « (vers 469) « Parlons sans nous fâcher « (vers 478). Elle essaye de le mettre en confiance pour le mettre mal à l’aise : elle l’appelle monsieur que l’on trouve cinq fois dans le texte « vous-même, monsieur « (vers 464), elle le flatte « homme sage et cette large barbe « (vers 473-474) pour le mettre mal à l’aise, se place en position d’infériorité « je vous supplie « (vers 478) pour lui faire croire qu’il mène, l’interpelle et le ménage « Mais ce discours vous blesse « (vers 501) pour lui montrer qu’elle voit sa gêne, elle essaye de le faire culpabiliser en le tenant pour responsable pour les futurs et probables infidélités de sa fille « et qui donne à sa fille un homme qu’elle hait est responsable au ciel des fautes qu’elle fait « (vers 515-516). Elle essaye aussi de ridiculiser son projet le qualifiant de « bagatelle « (vers 461), de « plaisante histoire « (vers 466), et de « Chansons « (vers 468).  Ce rapport maître valet où les rôles sont presque inversés est typique de Molière, le valet malin doter d’un don oratoire comme Dorine destabilise son maître en connaissant parfaitement les limites et dans quelles mesures les dépasser. 

   * Ce genre de scènes se retrouve très souvent chez Molière et a comme ici une dimension comique.

 

   * Certes le texte est d’une part comique, vif, rythmé, avec une servante qui se joue de son maître, mais la cause que défend Dorine est très sérieuse. Rappelons nous que Orgon veut marier sa fille à un homme douteux qu’elle n’aime pas mais à qui son père voue un culte.  C’est autour de tous ce jeu que Dorine va ajouter un jeu d’argumentation, pour faire passer ses idées et essayer de persuader son maître, déstabilisé, de changer d’avis. 

 

   * En s’intéressant à l’argumentation, que l’on peut qualifier de véritable persuasion pour Dorine, on peut dresser deux portrait de Tartuffe  

 

   * « Taisez-vous « (vers 484) c’est par ses mots qu’ Orgon s’emporte et dresse un portrait très laudatif de Tartuffe. Il va dans l’excès, appuie beaucoup ses propos avec une redondance pour mettre en lumière la misère de l’homme « Sa misère est sans doute une honnête misère « (vers 486). Il emploie des termes hyperboliques « grandeur « (vers 487) « trop peu « (vers 489) « puissante « (vers 490), Par un parallélisme il montre la dévotion de Tartuffe « son trop peu de soin des choses temporelles/ sa puissante attache aux choses éternelles « (vers 489-490) en mettant en parallèle « trop peu de soin « et « puissante attache «, et « choses temporelles « et « choses éternelles « qui désigne la sainte trinité, dieu, il montre que Tartuffe s’intéresse uniquement à la religion et néglige les choses matérielles. Il est tellement fou de Tartuffe que dans son emportement certaines phrases n’ont pas beaucoup de sens comme par exemple ce pléonasme hyperbolique « Au dessus des grandeurs elle doit l’élever « (vers 487). Il termine sa tirade en le qualifiant de « gentilhomme « (vers 494) en réponse à l’emploie de Dorine du mot « gueux « (vers 484) ce qui peut résumer la vision que Orgon à de Tartuffe.

 

   * En effet celle-ci va faire ressortir le caractère orgueilleux et contradictoire du personnage. Elle fait un jeu d’antithèses en faisant rimer « vanité « et « piété «,  et « dévotion « et « ambition « ainsi qu’avec l’emploie de « humble « et « éclat «. Elle utilise la forme emphatique pour désigner Tartuffe avec « c’est lui qui « (vers 495) puis pour les défauts qu’elle souligne et jamais pour les qualités qu’elle met en parallèle « cette vanité « (vers 459) « cette ambition « (vers 500) « cet orgeuil « (vers 501) mais « la piété « « la dévotion « comme si elle n’attribuait pas ces qualités à Tartuffe et faisait même le portrait du bon dévot en le décrivant comme le contraire du personnage. Ainsi elle désigne les dévots par « qui d’une sainte vie « (vers 497) et poursuis par une phrase plein d’éloquence, pompeuse, comparable à une leçon ou même à un proverbe « qui d’une sainte vie embrasse l’innocence Ne doit pas tant prôner son nom naissance« (vers 497) et fait donc ressortir le caractère peut dévot de Tartuffe. De même avec les deux vers suivants et la première rime de la tirade, la dévotion religieuse requiert de l’humilité et de l’impécuniosité et non le besoin d’afficher ses titres. Dorine ira lors de la progression de son portrait de Tartuffe jusqu’à l’attaquer du péché d’orgueil avec sa question rhétorique « A quoi bon cet orgueil ? « (vers 501) et essaye ainsi de persuader son maître que son idole est un imposteur. 

 

 mais aussi déceler un certain engagement de l’auteur qui exprime son point de vu sur le mariage d’argent.   

   * Orgon voit Tartuffe comme un homme honorable qu’il est indigne d’appeler et de considérer comme un « gueux «. Tout ce qui lui manque pour être un gentilhomme, c’est un titre et des biens, ce qu’il a précédemment perdu. Orgon considère que les lui réattribué est un devoir commun avec l’emploi de « on « dans la phrase « S’il n’a rien, Sachez que c’est par là qu’il faut qu’on le révère « (vers 484-485)  et s’attribue la mission de réparer cette injustice par l’emploi de « mon secours « dans la phrase « mon secours pourra lui donner les moyens de sortir d’embarras « (vers 491-492). C’est donc uniquement pour pouvoir léguer ses biens et son titre à Tartuffe que Orgon a décidé de ce mariage, il ne prend pas en compte l’avis de sa fille qu’il ne nomme d’ailleurs jamais lors de sa tirade, c’est uniquement un mariage d’argent, très courant à l’époque. 

 

   * La deuxième partie de la tirade de Dorine vient en réponse à l’annonce des intentions de ce mariage mais ce n’est plus tout à fait le personnage qui parle mais bien l’auteur lui-même qui s’adresse directement au spectateur. Tout au long de ce passage allant du vers 503 au vers 517 il a comme un double jeu. D’une part le jeu dans le prolongement de l’intrigue : Dorine veut faire culpabiliser Orgon en replaçant Mariane au centre du débat et d’autre pars c’est Molière qui exprime son opinion sur les mariages d’argent. Le jeu de Dorine va conscister à faire culpabiliser son maître en le tenant responsable du malheur et des fautes que sa fille pourrait commettre dans une telle union. Elle commence par souligner l’incompatibilité du couple à cause des différences de type de personne « une fille comme elle un homme comme lui « (vers 504). Puis elle insinue la chose avec des questions rhétoriques où elle conseil « ne devez-vous pas songer […] et prévoir« (vers 505-506), avec l’emploi  d’ « ennui «, ou dans la rime de « bienséances « avec « conséquences «. Commence alors, la véritable argumentation où se n’est plus vraiment Dorine qui parle mais directement Molière qu’il relie à l’intrigue en redonnant la parole à Dorine par « Songez à quels périls votre dessein vous livre « (vers 517).

 

   * Viens la parenthèse de l’auteur. Elle se veut générale avec un raisonnement déductif composé d’une idée directrice, énoncée comme une morale universelle « Sachez que d’une fille on risque la vertu, Lorsque dans son hymen son goût est combattu « (vers 507-508) avec un impératif de conseil « Sachez «, des présents de vérité générale « on risque « et l’emploi d’article indéfini « une fille «. Cette idée est illustrée de quatre exemples, chacun composé de deux vers. Dans chacun des exemples le mari et le père sont tenus pour responsable des fautes de leur femmes ou filles et l’on voit une progression dans les accusations. Tout d’abord avec l’emploi du verbe « dépendre « l’auteur relie la volonté d’une femme (avec l’emploi de « dessein «) avec les « qualités du mari «, soit la tenue d’une femme ne découle pas uniquement de sa propre volonté mais aussi dans le choix de son mari et c’est dans la fin du vers 510 que l’on trouve la première accusation « qu’on lui donne « en référence au père dont provient le choix du mari et donc est responsable de la conduite de sa fille. Puis Molière dénonce la responsabilité du mari et non de leur femme quand « on montre au doigt le front « (vers 511) ceux-ci c’est-à-dire quand ils sont cocu et que cela se sait, ce sont les maris, sujet de l’action de la phrase et non leur femme placée en complément d’objet, qui sont les fautifs. Le dramaturge souligne ensuite la difficulté de la fidélité et fait dépendre cette vertu du mari par un parrallélisme plein de sous entendu qui peut rappellé le vers 504 « A de certain maris faits d’un certains modèle « (vers 514). Pour finir, le père est, pour Molière,  entièrement responsable des probables infidélités de sa fille et cela au plus au rang car il le rend coupable devant dieu « qui donne sa fille […] est responsable au ciel des fautes qu’elle fait « (vers 515-516). Molière montre ainsi son opposition violente au mariage d’argent.

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