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Commentaire de texte nuit de Valognes, Les Caprices de Marianne

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

Nous allons étudier pour chaque texte les exclamations et les interrogations.

Le premier document est un extrait de La Nuit de Valognes, pièce de théâtre écrite par Eric-Emmanuel Schmitt  en 1991. Le passage étudié est un dialogue entre Angélique De Chiffreville, dite La Petite et Don Juan.

Nous pouvons remarquer que la première exclamation de Don Juan est «  Fidèle ! » et celle d’Angélique « Votre liberté ! ». Cet échange commence donc par une brutale opposition entre la liberté dans le cadre du libertinage défendue par Don Juan et la fidélité défendue par La Petite. Selon la définition première, la liberté est l’état d’une personne particulière qui n’est soumise à aucune contrainte. C’est ce que revendique Don Juan en affirmant que nous ne sommes pas libres lorsque nous sommes fidèles. Son exclamation est donc une marque d’indignation. Pour lui, l’infidélité est juste une forme de liberté. Ensuite, La Petite, choquée de son argument s’exclame « votre liberté » et enchaîne, provocatrice, « Votre droit de trahir, oui ! ». Cela oblige Don Juan à argumenter et il commence par imiter les femmes en général en criant « Trahison ! Trahison ! » sur un ton légèrement énervé pour ensuite dire que ce sont les femmes qui sont « fausses ». Comme nous le montre la didascalie, La Petite est exaspérée. Elle trouve l’argument de Don Juan stupide et donc ne veut pas riposter. Elle préfère s’exclamer «  Vous souillez tout, Don Juan, les femmes, les mots ! » car après la remarque de Don Juan, elle est à court d’arguments. Don Juan, lui pose ensuite une question « Pourquoi m’aimez-vous donc ? ». Ici, Don Juan est ironique. En effet, les qualités d’Angélique qu’il énonce ensuite « bonne » et « gentille » sont entre guillemets pour accentuer son ton sarcastique.

Nous allons analyser, à présent, les exclamations et les interrogations dans le texte argumentatif d’Angélique qui défend l’égoïsme.

Elle sait que Don Juan est un libertin car il est égoïste, il n’aime que se faire plaisir. C’est pourquoi en lui montrant qu’on est égoïste lorsqu’on est fidèle, elle va lui prouver que la fidélité est également un plaisir. Donc, dans ce contexte, l’éloge de l’égoïsme est également de façon sous-jacente l’éloge de la fidélité.

Elle commence son discours par deux interrogations qui sont des suppositions, d’où la présence de la répétition anaphorique «  Et si, … ». Elle utilise la tournure personnelle « moi » mais pour plus sensibiliser Don Juan à son discours, elle ajoute « aussi » : « Et si, moi aussi j’étais comme vous ? Et si, moi aussi, j’aimais la conquête ? ». Elle enchaîne ces deux interrogations car elle est décidée, la didascalie nous renseigne sur le fait qu’elle parle avec hargne.

Elle utilise ensuite la question rhétorique deux fois « Croyez-vous qu’il n’y a que les hommes pour collectionner les lauriers ?  Imaginez, Don Juan, y a-t-il plus bel exploit que d’être celle qui vous retient ? »  et la réponse évidente est à chaque fois non. Après ces interrogations, il y a une seule phrase affirmative et elle enchaîne avec trois phrases exclamatives. Elle s’imagine déjà avoir réussi à garder Don Juan et de ces exclamations ressort sa fierté, la didascalie nous indique qu’elle est ravie. A la fin se trouve une phrase affirmative pour conclure ce texte argumentatif.

 

Donc, dans cet extrait les exclamations servent à traduire les sentiments des personnages et les interrogations à défendre leurs thèses.

 

 

 

Le deuxième document est un extrait des Caprices de Marianne, pièce de théâtre écrite par Alfred de Musset, parue le 15 mai 1833 et composée de deux actes. Elle tient de la comédie par ses personnages contemporains issus de la vie quotidienne, ses passages où les actions sont vives, où le langage est proche de celui de la conversation. L'intérêt de la pièce réside notamment dans l'acte 2, scène 1. Nous assistons dans le passage étudié à une véritable joute verbale entre Marianne, femme de Claudio et Octave. C’est Marianne qui entreprend l'argumentation à partir du “vin” que boit Octave.

 

La métaphore est d’ordinaire une figure courante de la poésie. Musset en fait ici un élément essentiel de sa dramaturgie. La métaphore lui permet de suggérer et de permettre au spectateur de construire avec lui le sens de sa pièce. L’évolution des sentiments entre les personnages se lit à travers elle : ici, le vin désigne les filles de joie. Musset y exprime à couvert ses thèmes de prédilection : solitude, amour meurtri, inconstance, trahison.

Nous allons tout d’abord analyser les phrases exclamatives et interrogatives de Marianne.

Elle commence son texte argumentatif par une phrase affirmative et enchaîne ensuite avec trois phrases interrogatives. Toutes ces phrases interrogatives renferment en fait plein d’idées. On dirait presque que Marianne affirme ses opinions sous forme interrogative. Elle pourrait très bien dire de manière directe ce qu’elle veut nous faire comprendre. Mais, étant plus maligne, elle le sous-entend. Elle pense que la femme renferme beaucoup de qualités qu’elle est sensée protéger et cacher : « Une femme n’est-elle pas aussi un vase précieux, scellé comme ce flacon de cristal ? ». Parmi elles, il y a «  le vin du peuple » ; ce sont les femmes appartenant au peuple telles que Rosalinde, maîtresse d’Octave. Celles-ci renferment « une ivresse grossière ». Il y a aussi « les larmes du Christ » ; ce sont les femmes appartenant à la bonne société telles que Marianne. Celles-ci renferment « une ivresse [….] divine ». Ensuite, sur un ton d’ironie amère, elle se demande à haute voix « Quel misérable cœur est-ce donc que le vôtre, pour que vos lèvres lui fassent la leçon ? » En effet, elle a perdu ses illusions et constate qu’il ne veut pas s’abaisser à boire du vin du peuple car il est mauvais mais qu’il a par-contre pour maîtresse une femme de basse société, Rosalinde. A la fin, elle lâche, désabusée, une exclamation « Ah ! » puisqu’elle constate qu’Octave n’est pas du tout logique.

 

Sa deuxième intervention est, contrairement à la première, très courte et constituée seulement de « vraies » phrases interrogatives. En effet, Marianne n’est plus dans l’argumentation, elle attend des réponses de la part d’Octave. Pour montrer à Octave que Rosalinde ne vaut pas grand-chose, elle lui pose la question «  Etes-vous sûr qu’elle en vaut davantage ? ». La réponse qu’elle aimerait entendre est, bien sûr, non. Sa deuxième réplique comporte une mauvaise concordance des temps ; le présent « êtes » ne peut pas être suivi du conditionnel présent « iriez ». Le verbe être est peut-être au présent et non au conditionnel car Marianne est jalouse. Elle veut insister sur le fait qu’Octave est, dans la réalité, un des vrais amants de Rosalinde. Dans la suite de sa phrase, elle teste les limites d’Octave, c’est pourquoi elle utilise la négation « n’iriez-vous pas ».

 

Maintenant, nous allons analyser les phrases exclamatives et interrogatives d’Octave. Après avoir entendu le point de vue de Marianne, Octave lui donne le sien en argumentant longuement.

Pour introduire son discours, dès la deuxième phrase, il utilise la question rhétorique « Combien de temps pensez-vous qu’il faille faire la cour à la bouteille que vous voyez pour obtenir ses faveurs ? » En effet, on n’a pas besoin de faire la cour à une bouteille alors qu’à une femme, oui. Toujours sous la métaphore du vin, Octave explique qu’une femme du peuple se laisse faire car elle n’a reçu aucune éducation, elle n’a aucun principe : elle est donc docile «  regardez comment elle se laisse faire ! » et  «  voyez comme elle est  bonne fille ! ». Dans ces phrases exclamatives, il s’adresse à Marianne pour mieux la persuader.

Lorsqu’il prend la parole pour la deuxième fois, il s’exclame «  Ah ! Marianne, c’est un don fatal que la beauté ! » sur un ton légèrement plaintif. Il cherche à sensibiliser Marianne, il se lamente, il n’est qu’une victime de la beauté, c’est pourquoi il emploie l’oxymore « don fatal ». Pour clore cet acte, il espère à haute voix «  puisse Cœlio vous oublier ! » car, apparemment, il sait à quel point l’amour peut faire souffrir.

Finalement, de métaphore en métaphore, c’est Octave qui a le dernier mot, c'est donc lui qui gagne ce combat oratoire.

En conclusion, dans cet extrait, Marianne utilise les phrases interrogatives pour sous-entendre ses opinions et pousser Octave à argumenter. Octave, au contraire, préfère s’exclamer pour persuader Marianne et se faire plaindre.

 

 

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