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Commenter : « Agis toujours de telle sorte que la maxime de ta volonté, c'est-à-dire la règle à laquelle tu obéis, puisse revêtir la forme d'un principe de législation universelle » ?

Publié le 22/03/2004

Extrait du document

.. Il n'y a donc qu'un impératif catégorique, et c'est celui-ci : Agis uniquement... a, etc. B. - KANT donne quatre exemples de l'application de cette règle. - 1° Le premier est emprunté aux devoirs envers soi-même. Un homme, désespéré à la suite de maux qu'il a subis, est tenté de se donner la mort. Mais la maxime de son action ne peut devenir une loi universelle de la nature. Car ce serait une contradiction que la disposition à vivre qui est en nous fût employée par notre volonté à détruire cette vie elle-même. - 2° Les devoirs envers autrui peuvent fournir un deuxième exemple. Un homme, qui a besoin d'argent, promet de rendre ce qu'on lui prêtera, tout en sachant qu'il lui sera impossible de s'acquitter de sa dette.

« de faire devienne une loi universelle.

Mais on ne peut pas vouloir qu'un tel principe soit érigé en loi universelle de lanature; car un ordre de la nature suppose nécessairement des relations de réciprocité; or, il peut arriver que, nousaussi, nous ayons besoin de la sympathie et du secours des autres.

— On le voit : il ne suffit pas, selon KANT, quela maxime de notre action puisse objectivement être érigée en loi universelle; il faut que nous puissions vouloirqu'elle le soit : car le propre de la volonté est d'agir d'après la représentation de certaines règles.

Dans les deuxpremiers cas, c'était la règle qui, universalisée, devenait contradictoire; dans les deux derniers, c'est la volonté elle-même qui se contredit. II.

Interprétation. Que pouvons-nous retenir de la conception kantienne?A.

— Il faut reconnaître que KANT a présenté cette règle de l'universalité sous une forme trop étroite et troppurement logicienne.

Il n'est pas évident que, dans tous les cas qu'il cite, il y ait proprement contradiction, soitdans l'universalisation de la règle, soit dans la volonté de l'universaliser.

Presque tous les exemples qu'il citepourraient être, de ce point de vue, discutés.

Ainsi, le premier suppose, comme postulat, que l'instinct de vie estdéjà lui-même essentiellement rationnel : car, s'il ne l'est pas, il n'y a nulle contradiction à admettre qu'il puisseaboutir à la négation de la vie aussi bien qu'à sa continuation.

— D'autre part, il y a quelque équivoque lorsque KANTnous dit qu'il faut « pouvoir vouloir » que la maxime de l'acte soit universalisée pour que celui-ci soit moral.

Dans sesdeux premiers exemples, il s'agit de la cohérence interne de la maxime érigée en loi avec elle-même.

Mais dans lesdeux autres, c'est de l'accord de la maxime avec l'essence de la volonté qu'il est question, cette essence étant «de réaliser pratiquement un ordre de choses positif et aussi complet que possible » (DELBOS).B.

— Ceci dit, il faut reconnaître que la formule de KANT exprime bien une exigence essentielle de la moralité.

Il y alieu d'ailleurs d'insister sur la volonté d'universalisation qu'elle pose comme condition de l'acte moral.

On peut certesobjecter à KANT - et l'on n'a pas manqué de le faire — qu'en fait les valeurs morales reconnues varientconsidérablement selon les époques et selon les civilisations.

Mais cette constatation de fait n'infirme nullement leprincipe de l'universalité des valeurs.

A partir du moment où nous avons assumé une valeur morale, où nous l'avonsacceptée comme règle de notre conduite, il nous est impossible de ne pas vouloir que cette valeur soit respectéepar nous-même en toutes circonstances et par autrui dans tous ses actes.

J.-P.

SARTRE lui-même, bien qu'il ait niél'existence d'une « morale générale », déclare que « tout projet, quelque individuel qu'il soit, a une valeur universelle» et qu'en un sens « nous pouvons dire qu'il y a une universalité de l'homme », une universalité, non pas donnée,mais « perpétuellement construite »; car « il n'est pas un de nos actes qui, en créant l'homme que nous voulonsêtre, ne crée en même temps une image de l'homme tel que nous estimons qu'il doit être » (L'existentialisme est unhumanisme, p.

25 et 69-70).

C'est pourquoi il est de l'essence même des valeurs de tendre à l'universalité. Conclusion. La formule kantienne conserve toute sa valeur, à condition d'être interprétée dans le sens d'une volonté d'universalisation.. »

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