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Commentez sous la forme d'un devoir composé cette réflexion faite, il y a une soixantaine d'années, par Léon Bloy : « Je crois fermement que le sport est le plus sûr moyen de produire une génération de crétins malfaisants. » ?

Publié le 13/04/2009

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Les intellectuels font souvent preuve d'un certain mépris pour les sportifs. La condamnation prend même parfois une tournure quasiment politique; le sport n'est plus perçu comme une activité pratiquée par des adultes qui veulent retrouver l'esprit d'enfance, mais comme une activité qui maintient ses adeptes à un stade infantile et constitue de ce fait une grave menace pour la société. C'est ce qu'exprimait par exemple Léon Bloy lorsqu'il écrivait au début de ce siècle : « Je crois fermement que le sport est le plus sur moyen de produire une génération de crétins malfaisants. «  En utilisant plus tard le sport aux fins que l'on sait, Hitler allait apporter à ce jugement la confirmation de l'histoire. On peut se demander, pourtant, si Léon Bloy n'a pas, poussé par son goût pour la polémique, simplifié à l'excès une question complexe.

« Olympiques aboutissait au pire esprit de clocher. Enfin, la presse sportive insiste trop souvent sur les aspects pittoresques et anecdotiques de la carrière d'unchampion, laissant dans l'ombre le travail forcené et l'intelligence qu'exige une réussite dans le monde du sport.

Ilest vrai que le public a besoin de héros.

Les responsables d'un journal sportif avaient décidé de donner un caractèremoins « journalistique » à la présentation du sport; les ventes baissèrent au même rythme que celles d'un autrejournal dont avaient été supprimés les horoscopes.

La rédaction s'empressa de revenir à des conceptions plus «saines ».Les éducateurs ont sur les journalistes l'avantage d'être moins asservis par les exigences économiques.

Ils ont de cefait la possibilité de jouer un rôle important dans la formation morale des sportifs.

C'est à eux de tout mettre enœuvre pour que l'esprit d'équipe passe avant le culte de la personnalité, pour que le fair-play soit la règle et nonl'exception, pour que les aspects trop souvent oubliés du sport, comme l'aspect esthétique, ne disparaissent pasdevant l'obsession du résultat, pour que le sport ne se transforme pas en une gigantesque entreprise de «crétinisation ».

D'une manière générale, leur rôle est de faire en sorte que l'épreuve physique — outre son rôle dedistraction — reste, comme dans les épreuves d'initiation de l'Afrique traditionnelle, un moyen de formationintellectuelle et morale, et non pas un moyen d'exacerber la volonté de puissance et le mépris de l'autre.Une telle attitude exige que l'on ait du sport une conception large; l'initiation au sport ne doit pas porter seulementsur l'acquisition de techniques qui permettent d'améliorer les performances, mais aussi, selon le vœu de MarcelMauss, sur l'acquisition de techniques de repos et même de techniques de sommeil.

Le souci d'un équilibre du corpsdoit passer avant celui de la performance.Par ailleurs, l'activité physique ne doit pas être considérée isolément; l'éducateur doit avoir conscience del'imbrication des différents facteurs : physiques, psychiques, moraux, et même politiques.

Il doit faire prendreconscience de cette imbrication à ceux dont il a la charge.

Dans la mesure où elle est au carrefour de différentesactivités, la formation sportive peut jouer un rôle fondamental dans le développement d'un individu, et être, commenous l'avons dit, un authentique moyen de culture.La responsabilité des hommes politiques peut être étudiée avec celle des éducateurs, car leur rôle est le même à unniveau différent.

Elle se situera surtout dans la définition des objectifs et dans la mise en œuvre de moyens quifavoriseront plus une pratique massive du sport qu'une compétition réservée à une élite, la santé des citoyenspassant avant la récolte des médailles. Nous voyons donc que si la prédiction pessimiste de Léon Bloy a été en partie confirmée par les faits — ce queDumazedier résumait en disant : « En cinquante ans toutes les idées de Coubertin ont été trahies » — cela ne doitpas entraîner une condamnation sans appel du sport, mais au contraire inciter à prendre les mesures qui éviteront ladépravation d'un idéal au départ très noble.

Il faut en tout cas éviter de transformer les sportifs en boucs émissairesde tous les péchés du corps social.

Le malaise qui règne dans le monde sportif ne fait que refléter le malaise de lasociété tout entière, une société écartelée entre l'éloge de la concurrence et l'aspiration à la fraternité.. »

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